Bongripper (+ Conan, Thra, Drencrom) – 12 & 13/10/2025 – Budapest (Hongrie) & Vienne (Autriche)

Encore une tournée de Bongripper en Europe avec aucune date française… Qu’à cela ne tienne, si la montagne ne va pas à toi, va à la montagne !

 

Budapest (Hongrie), 12 octobre 2025, Analog Music Hall

 

Peu de temps pour profiter du soleil radieux de cette belle journée d’automne avec une balade sur les rives du Danube… car la soirée s’annonce rude : on se retrouve dans un contexte heureux d’alignement des planètes, une sorte de collision de plateaux, avec les tournées européennes respectives de Conan et de Bongripper qui viennent concomitamment faire trembler la capitale hongroise. Le lieu du concert a été déplacé vers l’Analog Music Hall, une salle de la banlieue de la ville, plus grande que celle initialement prévue, permettant d’accueillir un public ayant largement répondu présent (la date est sold out !). Bon choix de salle : elle est belle et bénéficie d’un son excellent.

 

THRA

La salle est d’ailleurs déjà bien pleine lorsque Thra, le groupe qui ouvre pour Conan sur cette tournée, monte sur scène. Point de surprise pour nous : nous avons pu prendre la mesure de leur propos musical l’avant-veille, à Munich. Si l’on peut admettre une filiation doom, ainsi que quelques plans sludge, le quatuor en propose une version où se mêlent surtout death et black metal. Cette complexe mixture semble fonctionner auprès du public, qui prend cet assaut sonore en pleine face. Avant d’entamer le dernier titre, les deux guitaristes courent s’éclipser plusieurs minutes backstage, à priori pour aller chercher une autre guitare… Étrange, et parfait pour tuer la dynamique du concert… Dommage. Mais au-delà de ce détail, Thra n’a justement pas fait de détail, et aura laissé des… traces (désolé).

CONAN

On a pu apprécier depuis quelques mois le niveau général des prestations de Conan, plus efficaces qu’ils ne l’avaient été depuis longtemps. Le set de ce soir ne changera pas ce constat, reposant sur deux piliers principaux : un jeu solide, et une set list de feu. Avec bientôt 20 ans de carrière (!) et pas mal d’albums sous le bras, les bons titres ne manquent pas pour le trio anglais. Pour autant c’est avec le récent « Foeman’s Flesh » qu’il introduit son set. Comme d’habitude, Johnny King est caché derrière ses futs, sans éclairage en fond de scène, dans la fumée. Mais quelle machine de guerre ! Il en casse sa double pédale sur ce premier titre ; après un rapide changement (le temps pour Davis et Riley de se la jouer impro dronesque à la Bongripper), c’est reparti comme en 40 ! Et d’enchaîner avec le solide « Desolation Hexx ».

Côte interprétation, Davis fait pleuvoir les riffs sans fléchir, et son chant ne faillit pas, toujours sur la brèche. David Riley le nouveau bassiste apporte un jeu efficace et une implication qui se ressent (il faut le voir voûté, la basse dans les chaussettes, la tête dans les retours son, ou en train de câliner le pied de micro avec la tête…). Dévastateur. La set list est plus que solide ce soir, avec un accueil particulier réservé à une version torturée de « Satsumo ». Après une bonne heure de set, alors que les oreilles résonnent encore de ce dévastateur « Volt Thrower » en conclusion, on peut vraiment parler de co-tête d’affiche de cette soirée.

 

BONGRIPPER

La prestation de Bongripper était apparemment très attendue si l’on en juge par l’afflux du public dès que la salle s’assombrit pour annoncer l’arrivée des américains. L’entame du set au son du vieux « Worship » (2010) donne immédiatement le ton. Ce soir, le son sera massif (le système sonore de la salle est impeccable, et sa forme de grand cube haut de plafond ajoute en ampleur). La scène est vaste, et les trois musiciens de front de scène ne sont pas vraiment les uns sur les autres, tout en maintenant leur inamovible positionnement : les deux guitaristes Dennis et Nick respectivement à gauche et à droite, en face l’un de l’autre, Ron à la basse au milieu. Pour autant, la communication (ni verbale ni visuelle…) est optimum et l’osmose est évidente : chaque titre, chaque lancement d’intro, chaque break, est impeccable. Un frissonnement de cymbales, un clin d’œil, un pied sur la pédale et boum ! Un déluge de guitares s’abat sur le public.

Le plateau de la soirée propose vraiment plusieurs nuances de doom, et celui de Bongripper, s’il est unique, est toujours aussi efficace : 100% instrumental (même pas un micro pour parler), il repose sur des riffs colossaux, évolutifs, emmenés par des dynamiques mélodiques lentes, lancinantes parfois, cherchant la puissance et la lourdeur avant tout.

Côté set list le concert emmène le public pendant une grosse heure à travers plusieurs périodes de la carrière de la formation, puisqu’après « Worship » le groupe déterre « Reefer Sutherland » (2007 !) sur cette tournée. Deux titres, presque 20 minutes chacun, suite à quoi le quatuor propose l’une des plus belles pièces de son dernier superbe disque, avec « Nothing » pour un final apocalyptique de plus de vingt minutes complémentaires.

Point culminant de la soirée, assurément, le set de Bongripper aura fait des dégâts dans les rangs du public hongrois, un public connaisseur, respectueux et impliqué (ce qui n’est pas forcément le cas dans tous les pays). Tout le monde ressort donc avec le sourire et un léger acouphène pour bercer les prochaines heures de sommeil…

 


Vienne (Autriche), 13 octobre 2025, Arena

 

Le complexe de l’Arena porte mal son nom : cette structure de la banlieue Viennoise est composée de plusieurs vieux bâtiments industriels en briques d’époque, réhabilités, et proposant entre autres une sympathique salle de concert, de taille moyenne (quelques centaines de personnes). Un lieu très cool, qui détonne au milieu de ce quartier plutôt moderne.

 

DRENCROM

T-shirts Dopethrone et Eyehategod, guitariste en mode biker barbu… on se prépare à du sale pour la première partie. Sans surprise, Drencrom évolue dans le sludge doom bien gras et lent. Musicalement ça sent très fort la bande à Mike Williams, jusque dans les transitions entre morceaux, option feedback guitare. Et c’est pas mal fait, le set est musicalement séduisant, on ne s’y ennuie pas. Toutefois, le très jeune groupe « ultra-local » (ils viennent du quartier) manque peut-être un peu d’expérience scénique, car sur scène les trois cordistes ne bougent quasiment pas, et la chanteuse n’apporte pas plus de dynamisme : elle se meut lentement, entre regards blasés et nonchalance, avec de rares interactions avec le public (regards ou paroles). En revanche, quelle voix ! Un groupe intéressant, avec quelques titres accrocheurs, mais qui gagnera à accumuler les concerts.

BONGRIPPER

Il est très appréciable de voir la formation U.S. évoluer dans plusieurs contextes différents en quelques jours : la scène principale d’un festival, puis une grande salle de concert très « pro » (cf. plus haut, concert de la veille), et enfin aujourd’hui un club avec une scène bien plus étroite. La conséquence en terme de ressenti est immédiate : les musiciens sont plus proches les uns des autres, de même que le public est quasiment au contact du groupe.

Scéniquement, c’est a priori la seule différence avec le concert de la veille… mais pourtant il y a des petits détails qui apportent nuances et reliefs différents pour cette date. Le système sonore est par exemple forcément moins puissant que celui, professionnel, de la veille, et pourtant celui de ce soir est tout aussi brutal, probablement du fait d’un plafond plus bas, des murs en brique bien particuliers… Sur scène aussi, les musiciens sont les mêmes, mais certains titres sonnent subtilement différemment, à l’image de “Reefer Sutherland” qui ce soir défonce tout.

Ça défile ainsi et le public, enthousiaste et dynamique, headbangue à tout va et crie sa joie à chaque break ou intermède sonore… Tant et si bien que, sur-excités, une fois la fin du set achevée abruptement sur la conclusion sèche de “Nothing”, ils hurlent « one more song » en boucle – peine perdue pour qui connaît Bongripper, pas vraiment un « groupe à rappels ». Pour autant, le sourire des musiciens après le set (en revenant sur scène ranger leur matériel ou discuter avec le public sur le stand merch) en dit long sur leur ressenti, partagé, d’un concert particulièrement bouillant.

En quittant le complexe dans l’agréable nuit autrichienne, on se prend à espérer des venues plus régulières du quatuor sur le vieux continent (et si possible plus proche géographiquement !).

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