L’Oeil de Néron prend du galon. L’asso lyonnaise propose de plus en plus de plateaux différents et de qualité, dans de plus en plus d’endroits, et attire logiquement de plus en plus de monde qui gonfle petit à petit les rangs des déjà habitués. Retour au Warmaudio donc, avec une affiche à un prix décent, où 150 personnes vont terminer leur week-end dans une ambiance bon enfant, sous le signe de joyeusetés de type cervicales et houblonnées.
Sorensen
Nous arrivons (honteusement) sur les lieux un poil en retard, juste à temps pour assister tout de même à trois morceaux du duo lyonnais qui peaufine tranquillement son stoner instrumental, sludgy et travaillé. La progression en un an n’est pas fulgurante et quelques approximations dans l’exécution sont rattrapées par une implication qui fait toujours plaisir à entendre et à voir. La guitare de Martin peine étonnamment à sortir d’un mix où la batterie d’Arthur, qui cogne fort, remplit quasiment tout l’espace. Pas évident du coup de saisir toutes les subtilités des compos. Mais le potentiel est là et on a hâte de les voir passer l’étape supérieure.
Sons of Morpheus
De la Suisse, naturellement. Les trois gars de Sons of Morpheus, embarqués sur la tournée européenne des ricains, vont s’avérer être une plutôt bonne surprise. Plus Blues/Stoner que l’inverse, le trio n’aura eu besoin que d’un morceau pour se mettre dans le bain, et une bonne partie du public dans la poche. On passe rapidement outre le choc visuel à l’arrivée de Manuel sur scène, dreadlocks, pantalon slim et chapeau de sortie, mélange guitaristique physique et musical peu probable entre Jimi Hendrix, Slash et… Jamiroquai. Nul doute que l’esprit de ce premier aura plané durant ce très bon set, à coups de Stratocaster et de solos baignés d’un feeling bien identifiable et appréciable. Détail étonnant, son ampli est retourné sur scène…
Luka est un bassiste au jeu technique et au pedalboard improbable, qui lui permet de varier les sonorités tantôt claires, tantôt gorgées de fuzz.
Quant à Rudy, il tabasse ses fûts bien comme il faut, amenant des breaks bien sentis sur des morceaux parfois un brin décousus, aux changements de tempos et d’ambiances fréquents et surprenants.
On a droit à un très bon jam sur « Red House » du sus-nommé Jimi, un presque traditionnel solo avec les dents, un fort agréable deuxième tour de chauffe.
KARMA TO BURN
Simplicité, efficacité, riffs. On pourrait ainsi résumer la recette concoctée depuis deux décennies par le trio américain, ou tout du moins William Mecum, fondateur et tête pensante. Sa science du riff est imparable. Ici, pas de fioritures, pas de pedalboard envahissant, on est en mode « plug ‘n play ». Autre particularité, Karma to Burn(es) est devenu spécialiste des changements de membres depuis l’éclatement de son line-up originel et la reformation en 2009. Ainsi on a du nouveau à chaque fois qu’on les voit. Evan Devine est toujours fidèle au poste de batteur, une bonne chose tant il insuffle une dose d’énergie impressionnante et irrésistible au trio avec son jeu percutant au bord de la syncope. Rob Halkett ne sera pas resté bien longtemps au sein de la formation et son remplaçant Eric Clutter fait son taf honorablement, ni plus ni moins. On regrettera tout de même la présence scénique du bassiste de The Exploited aux dreadlocks interminables.
Comme pris au piège des morceaux qui ont fait sa renommée, K2B ne peut s’empêcher comme à chaque fois une set-list « best of », qui fait son petit ou gros effet sur le public. Rares sont ceux qui déchaînent les fans de Stoner, habituellement plus contemplatifs, qui se laissent pour le coup joyeusement aller à des pogos et autres slams. Attention, sol glissant.
Les deux nouveaux titres n’apportent rien de neuf mais le font bien en live, même s’il faut bien avouer que ce sont toujours ceux de « Wild, Wonderful… Purgatory » et « Appalachian Incantation » qui marquent le plus les nuques. Mention bien aussi au très bon « Arch Stanton », logiquement bien représenté.
William, grisonnant, commence à accuser le poids des années et n’a certes jamais été fantasque sur scène, animé par cette force tranquille qui le caractérise. Ça renvoie une légère sensation d’un show mené au métier, en roue libre, mais qui finira avec une dose d’adrénaline supplémentaire bienvenue à la suite d’un problème de gratte sur 32. Un jam sur le « Hand of Doom » de vous-savez-qui le temps de trouver une autre six cordes, forcément une Les Paul, et le set se termine endiablé sur 57 et l’obligatoire 20.
Une bonne réussite donc que cette soirée dominicale, et nul doute que les événements de ce type ont de beaux jours devant eux. Up the Néron !
SETLIST K2B
8
36
19
34
55
9
61
15
28
62
32
57
Merci à Oofzos pour ces photos !
la video du concert des K2B
https://youtu.be/Gyl_dCldRTQ