L’événement s’annonçait comme la plus belle affiche stoner de ces dernières années en France (même si paradoxalement les deux gros groupes de ce soir ne jouent plus vraiment à proprement parler du stoner). Malheureusement, je n’ai pas pu assister à la prestation de Snake River Conspiracy, mais le buzz entourant ce groupe incite à penser qu’on devrait bientôt entendre parler d’eux.
Queens Of The Stone Age investit la scène sur ‘Feel Good Hit Of The Summer’, puis donne le ton avec ‘Regular John’ agrémenté d’un superbe break, le tout enchaîné avec le punky ‘Quick And To The Pointless’ avec Nick Oliveri au chant. Le jeu de scène est réduit à son minimum, l’hydre à deux têtes du ‘stoner moderne’ (Josh Homme et Nick Oliveri, mentors des QOTSA) n’adoptant pas vraiment les clichés propres au genre : Homme ne fait qu’un avec sa guitare (qu’il ne regarde quasiment jamais), balançant les riffs sublimes comme personne, ne bougeant quasiment jamais, sauf pour se lancer dans d’improbables et timides pas de danse, et Oliveri joue au milieu de la scène, sa basse au niveau des genoux ; ils sont soutenus par un brillant multi-instrumentiste (clavier, slide-guitar, guitare rythmique) et un excellent batteur. Les lights sont pour le moins dépouillées, avec deux spots rouges statiques de dos aux musiciens ; tout est axé sur la musique. Les Queens balancent ainsi pendant plus de trois quarts d’heure leurs meilleurs morceaux (sans se priver de nous livrer un inédit ‘et demi’), desquels ressortent clairement ‘How To Handle A Rope’, et surtout un ‘You Can’t Quit Me Baby’ transcendé par un final de pure jouissance stoner, prétexte à diverses impros brillantes, avec Homme usant notamment de sa bouteille de bière comme d’un ‘bottle neck’ improvisé. Rock n’Roll !
Difficile pour Monster Magnet de suivre cette performance de haute volée, mais ils s’acquittent de la tâche avec le brio qui les caractérise. Piochant allègrement dans leurs trois dernières productions, les aimants monstrueux choisissent quand même de consacrer une bonne moitié du concert à leur avant-dernier opus, l’excellent ‘Powertrip’ ; suicide commercial s’il en est (ils ne joueront que trois extraits de ‘God Says No’, leur dernier album en date, dont l’excellent ‘Heads Explode’), le pari s’avère réussi : l’album ayant bien marché, le public connaît bien les morceaux, et réagit comme un seul homme aux sons de ‘Atomic Clock’, ‘Powertrip’, ‘Crop Circle’, ou un très bon ‘Space Lord’ en final. Au niveau scénique, c’est bien évidemment Dave Wyndorf qui porte la performance du groupe sur ses épaules, usant des clichés éculés de la rock star, moule-burnes en cuir de rigueur, poses calculées pour satisfaire les photographes, cheveux aux vents devant la scène avec le ventilateur face au visage… Et ça marche ! Empoignant sa gratte à deux ou trois occasions, les passages à trois guitares s’avèrent bien pêchus (et ça lui permet de mettre le feu à sa gratte avant d’enchaîner sur ‘Negasonic Teenage Warhead’). Les morceaux sont carrés, le son excellent, le public aussi… Que demande le peuple ? Une soirée de rêve…
Laurent
Ca devait être magique de voir ces groupes en 2000, surtout pour QOTSA, qui allait sortir moins de deux ans plus tard une des plus grosses bombes du monde rock, mais le public ne pouvait pas encore s’en douter !