Valient Thorr, Jettblack, 23 mars 2012, Hondarribia, Espagne

A une époque où bon nombre des groupes les plus excitants de la rockosphère évitent ou traversent à peine la France pour y déposer leurs amplis, il est particulièrement judicieux d’ouvrir un peu les écoutilles et de constater qu’à 3 kilomètres à peine de la frontière française, côté espagnol, il est possible d’aller se faire exploser les cages à miel au doux son de Valient Thorr, après une soirée tapas sur le port de Fontarrabie, peinard… Un bon plan, dont nous avait déjà régalé Nebula il y a plusieurs mois. En l’occurrence, Valient Thorr ne dénigre pas la France sur sa tournée européenne, mais toutes les options sont bonnes à prendre…

Le Psilocybenea est une petite salle de concert bien foutue mais assez petite, très vite remplie. Ce n’est toutefois pas encore le cas quand les anglais de Jettblack prennent la scène. La musique décomplexée du quatuor convainc peu à peu le public qui se masse près de la scène. Le groupe se défonce sur scène devant ces quelques dizaines de curieux comme s’ils se produisaient à Wembley : ils se donnent à fond, la bave aux lèvres et le sourire jusqu’aux oreilles. Complètement hors du temps, le groupe donne dans une sorte de mix de hard rock fun, très influencé, un peu comme The Darkness il y a quelques années, mais avec quelques rasades de gros stadium-rock à la Kiss. On voit pas mal de Airbourne aussi là dedans. Bref, rien de trop dégueulasse, et on passe une excellente grosse demi-heure en leur sympathique compagnie.

Quelques minutes plus tard, alors que les 5 velus musiciens de Valient Thorr s’emparent de leurs instruments et décochent leur premier riff, très vite on comprend que le niveau a changé : tout en reconnaissant la qualité de leur 1ère partie, la puissance de Valient Thorr s’étale sous le regard effaré de tout un chacun, et après quelques accords, la messe est dite. Le bassiste Nitewolf est déchaîné, il joue tout le set la mâchoire serrée prêt à bouffer tout ce qui passe ; le gratteux Eidan Thorr, qui avait l’air tout paisible dans son coin pendant le soundcheck, se déchaîne dès que les amplis commencent à rugir. Et que dire de Valient Himself, vocaliste improbable, charismatique et rigolard, outrancièrement sympathique mais prêt à gueuler comme un cochon étripé dès qu’un micro passe sous son nez ! En 3 ou 4 chansons il tombe successivement le blouson et la chemise et finit torse-poil pour le plus grand bonheur (!!) des damoiselles de l’assistance… Bref, le niveau monte très vite très haut et ne redescendra pas pendant tout le concert : sans jamais sacrifier à la bonne ambiance et au fun, la puissance et la tension de ce concert sont palpables…


Le combo enquille les morceaux issus de ses dernières galettes comme des perles sur une corde de guitare : avec des titres bourrins mais insidieusement groovy, la musique du combo ne ressemble décidément à rien d’autre. Je n’ai pas noté tous les titres, mais je pense qu’au tableau de score, c’est leur avant-dernière galette, Immortalizer, qui se taille la part du lion : du sautillant “Mask Of Sanity” au tubesque “Tomorrow police”, en passant par le rageur “Red Flag”, c’est un sans faute. Dès lors qu’il s’agit de décocher des bombes de son petit dernier, Stranger, le combo ne fait pas non plus dans la dentelle : même si tout le monde attend les hits monumentaux que sont “Double Crossed” ou “Sleeper awakes”, d’autres morceaux comme le presque doom (version rapide…) “Sudden death is nothing” donnent bien le change. Le tout est mastoc, joué avec fougue et panache. Les seuls temps morts sont mis en profit par Valient Himself pour échanger avec le public, expliquant en quelques mots le thème de ses chansons, blaguant…

Il y a vraiment une relation spéciale entre Valient Thorr et son public, et c’est quelque chose que l’on ne peut appréhender qu’en le vivant en live. Une expérience viscérale, décalée, outrancièrement fun, sans prétention, ce qui n’empêche pas les bonhommes d’être doués et manifestement furieusement passionnés. S’ils passent à moins de 500 km de chez vous, il serait dommage de les rater…

Laurent

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