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BELL WITCH + MONARCH! – 27/03/2018 à Bordeaux (au Void, avec Torus B) & 28/03/2018 à Paris (au Backstage By The Mill, avec Ataraxie)

Pour défendre son superbe dernier album, Bell Witch s’est engagé dans une tournée européenne intensive de presque quarante dates, dont on a souhaité couvrir les deux escales françaises, des dates faibles en BPM mais fortes en émotion. Au programme, on retrouvait leurs potes de Monarch ! (les français partageant leur affiche sur presque la moitié de cette tournée), et une première partie différente pour chaque ville. Bell Witch a sorti l’année dernière un album qui a marqué plusieurs esprits, et que l’on aime ou non, force est de constater que Mirror Reaper (chronique ici) est une pièce unique : un album d’un seul titre de 70 minutes composé en hommage au batteur du groupe décédé brutalement à l’âge de 36 ans, Adrian Guerra. Une œuvre monolithique et chargée d’émotions dont Bell Witch a joué une grande partie chaque soir.

L’événement a drainé pas mal de monde sur les deux dates : à Bordeaux le petit Void est très correctement peuplé (malgré un décalage à un horaire éhontément tardif pour permettre à quelque amateur de punk de cumuler deux concerts dans la soirée… !!), et à Paris aussi, dès le début du concert, la salle située au fond d’un pub est déjà bien remplie.

Côté première partie, c’est deux salles, deux ambiances : à Bordeaux, c’est le duo local Torus B qui déroule un set de drone d’un peu plus de trente minutes, dissimulé derrière un drap blanc sur lequel sont projetées des séquences vidéo noir et blanc répétitives hypnotisantes. Comme souvent avec le drone, on commence par une approche épidermique de rejet avant de donner sa chance au produit, et finalement de se laisser gentiment embarquer pendant cette parenthèse bruitiste plutôt bien foutue.

Torus B

A Paris, place aux rouennais d’Ataraxie qui affichent une longévité d’une quinzaine d’années déjà et sont donc loin d’être des petits nouveaux dans le milieu. Ce groupe mélange voix growlées et caverneuses entre des rythmiques d’extrême doom ou de death plus traditionnel. Le son est plutôt bon, le groupe est carré. On se questionne juste sur l’utilité des trois guitares puisqu’on ne les distingue tout simplement pas.

Monarch ! prend la relève et s’installe pour quelques réglages avant de démarrer son « Of Night, With Knives », titre introductif de leur dernier album Never Forever (chronique ici). Comme d’habitude, voir Monarch ! en live est toujours une expérience plaisante. L’échange scénique entre le bassiste et la chanteuse symbolise parfaitement la musique du groupe, un éternel combat entre la lumière et l’obscurité. Malheureusement, sur la date parisienne le groupe fait face durant une bonne partie du set à quelques difficultés techniques qui les empêchent de s’investir pleinement. Ces quelques problèmes sont tout de même bien gérés par le groupe et le public conquis semble n’y voir que du feu. La part belle est faite à Never Forever avec “Song To The Void” et “Cadaverine” qui s’ajoutent à la setlist. Ajoutez à cela une reprise des Misfits (version Monarch ! évidemment ) en fin de concert et vous avez votre apport de lipides pour la soirée.

 

Monarch!

 

Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!
Monarch!

Les deux membres de Bell Witch entament Mirror Reaper devant un auditoire captivé. On ne râlera jamais assez contre le Backstage By The Mill, sûrement l’une des pires salles de Paris, qui nous fait cadeau d’un brouhaha de discussion et de cliquetis de verres durant les passages où les instruments ne recouvrent pas le bruit de fond constant. Ceci étant dit, la classe de Dylan Desmond armé d’une immense basse 6 cordes, le visage impassible et parfaitement serein, suffit à nous faire oublier ces quelques intrusions sonores. Si l’on fait abstraction de l’orgue parfois géré par le batteur Jesse Shreibman, Dylan Desmond s’occupe à lui seul de toutes les harmonies du morceau, avec un style de jeu peu commun : il joue quasiment tout le temps en tapping sur cette basse au long et large manche, et gère ainsi les graves et les aigus à la fois. Si l’on ajoute ses parties vocales sonnant comme des incantations religieuses, on obtient un personnage littéralement fascinant, à la classe impressionnante. Jesse Shreibman n’a pas à rougir face à son binôme. Le batteur, qui se couche sur sa batterie lors des passages où il ne joue pas, comme si il était en veille, semble donner sa vie à chaque coup de baguette assené sur ses fûts. Le spectacle de ces deux bonhommes est poignant, en plus d’être hypnotisant.

Bell Witch

L’écoute d’une traite de Mirror Reaper (amputé sur scène de certaines parties) reste tout de même assez exigeante, et on décroche parfois du monolithe que les deux américains nous balancent en pleine tronche. A la décharge du groupe, le son (à Paris en particulier mais aussi un peu à Bordeaux) n’est pas aussi net qu’on pourrait l’espérer et l’on ne distingue pas nécessairement toutes les nuances que l’on peut entendre sur le disque. A Bordeaux en plus, la scénographie n’aide pas à l’implication ou au maintien de la tension : comme toujours au Void, le light show inexistant (un spot pleine gueule rouge de chaque côté de la scène, immobile – cf photos…) n’apporte aucune aspérité visuelle pour étayer un peu le propos musical. Décidément, on aurait aimé les voir ailleurs.

En sortant de cette soirée, on ne peut être qu’heureux d’avoir assisté à ce live de Bell Witch. Il est rare de trouver une telle originalité et une telle sincérité sur scène. Si vous avez l’occasion de les voir, courez-y. Pourvu que ça soit dans une bonne salle…

 

 

Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch
Bell Witch

 

Caïn & Laurent

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  • Juste une précision : Bell Witch n’a pas joué les « 70 minutes de Mirror Reaper » mais uniquement les deux premiers « mouvements » (le reste est chanté par Erik Moggridge sur l’album donc sans doute impossible à reproduire sur scène en son absence).