Si l’on s’est longtemps demandé comment serait le nouveau lieu du Desertfest, qu’on a eu quelques appréhensions surtout concernant les extérieurs et la circulation, c’est dans une ambiance cool qu’on débarque sur le site du festival aux abords de l’ancien aéroport de Tempelhof. Et si nos craintes quant aux déplacements entre les deux salles se révèlent fondées, on voit quand même bien que le festival du désert a passé un niveau ! En effet la Columbiahalle est un excellent choix d’un point de vue acoustique, bien que les allemands aiment encore pousser le son pas loin de 11. Belle surprise dans cette grande salle avec un balcon à gradins où l’on peut facilement s’asseoir en profitant des concerts.
Côté jardin, une cour où ça sent bon le currywurst et on trouve de quoi se sustenter facilement puisque les bars sont plutôt nombreux, ce qui permet de ne jamais vraiment faire la queue pour une binouze. C’est par cet espace que l’on accède au Columbia Theatre, salle de dimension plus modeste mais tout aussi bien conçue que la première : après avoir passé deux bars jumeaux de chaque côté de la salle, le parterre en escalier permet une vue sur la scène d’à peu près tous les endroits. Seul regret, la petitesse de la salle, dans laquelle il faudra probablement de la vaseline pour faire entrer tout ce beau monde.
Cela fait quelques jours que le running order est tombé, cela murmure son inquiétude vis à vis des recouvrements de concerts un peu partout dans le festival. En effet, précédemment l’organisation avait réussi à faire jouer les groupes avec un entracte qui cette année à disparu et met en place un chevauchement des sets. Il va falloir faire des concessions et l’affiche est si alléchante que cela n’enchante guère.
David Celia & Zuffalo
Cependant pas de drame pour l’heure avec l’ouverture du bal par David Celia & Zuffalo que nous irons voir en coup de vent pour constater son folk psychédélique.
Psychlona
On se rend ensuite, avides et heureux, au set de Psychlona. On y trouve des relents de Goatsnake, ça sent bon le bayou. Le public n’est pas encore totalement présent en ce vendredi après- midi. Il faut sans doute attendre que les Allemands terminent leur journée de travail avant que cela ne se remplisse. L’occasion pour nous de jouir de la salle et surtout du son! Si la qualité reste constante tout au long du weekend il y aurait bien de quoi pardonner les overlaps tant décriés. Les anglais livrent grâce à ce renfort de qualité un set remarquable et que la foule acclame, prête à avaler la suite des festivités.
En repassant par la cour, il est temps d’aller chercher quelques décorations de veste et autres disques au stand de Sound of Liberation où les premiers arrivés pourront retrouver quelques reliques de groupes disparus et constater que le prix de la galette de vinyl atteint de sommets outre Rhin.
Might
On apprécie la scénographie léchée de Might, ce groupe aux accents post et à la voix pas si bien posée. Le batteur se cache derrière un voile dont seule paraît l’ombre et dont la grosse caisse se retrouve décorative et esseulée au premier plan. Il n’y aura pas de quoi nous envoyer en l’air mais il faut avouer que ça a du charme. Ce qui nous permet tout en gardant une oreille sur le duo germanique d’aller découvrir un jardin tranquille derrière la salle et les stands de tatouage où les flashs attendent preneur pour fixer dans la peau le souvenir de ce weekend.
Church of Misery
Mais pas le temps de s’appesantir dans les chaises sous les parasols, c’est l’heure de l’apéro Tokyoïte : Church of Misery va débarquer d’une minute à l’autre. À l’heure où les japonais montent sur scène, du monde a déjà découvert l’étage de la grande salle. Musicalement c’est toujours aussi carré, mais on en attend pas moins du japon. En résumé : c’est une putain de branlée. Le chanteur Hiroyuki Takano, qui cherche à attraper la lumière en titubant, est très en voix. On a envie de s’abandonner à Satan et ses pompes, le set est puissant et enivrant. On vend son âme au doom pour rien, toujours admiratif de la capacité de Tatsu Mikami à porter sa basse au niveau de ses chevilles! Tout ceci ne nous donne pas vraiment envie d’aller jusqu’à la seconde salle. “Brother Bishop” ou “Born to raise Hell” nous captent totalement.
Godsleep
On attendra donc la fin du chapelet des titres dédiés aux tueurs en série pour aller voir Godsleep et sa chanteuse tous arpions hors les chaussettes. En tout cas, ça chauffe comme une bande d’ado dans un garage en plein mois d’août. Pas vraiment des endormis donc. Les girls ont de beaux jours devant elles dans le fuzz.
Dozer
Comme on s’en doutait, la circulation et le changement de salle se fait de plus en plus difficile avec la foule qui afflue de plus en plus à mesure qu’on avance dans les heures. Compliqué de rejoindre Dozer donc! A peine de retour à la main stage, les suédois commencent lourd avec “Big Sky Theory”, et les titres s’enchainent, on retiendra, “Supersoul”, “Born a Legend”, “From Fire Fell”, “Dust For Blood”…on était pas prêts ! Malgré quelques soucis techniques au niveau de la guitare et de la voix sur le tout début, le public ultra chaud les encourage et les soutient. Et de la voix, Nordin n’en est pas avare ! Dozer, c’est une putain de machine à tubes, et on n’hésite pas à remettre une pièce dedans.
Kanaan
Nous délaissons Dozer avant la fin pour aller écouter Kanaan. La circulation est plus fluide lorsqu’un groupe majeur joue et on déambule sans peine entre les fumées des viandes grillées… Kanaan donc s’aborde le ventre plein et les oreilles ouvertes. Il faut batailler ferme pour accéder à la scène et caresser les pieds des jeunes prodiges successeurs de Elder. Cependant l’adolescence étant l’ âge de la masturbation les gars se découvrent un manche et en abusent un tantinet. “Amazon”, “Black Time Fuzz”, “Downpour”, “Pink Riff”, “Solaris” Part I et II… décidément on reste centrés sur la dernière plaque du groupe, ça sent la promo mais qu’importe, leur voie semble toute tracée et mener loin.
Minami Deutsch
Le soleil couchant rejoint Minami Deutsch qui divise l’équipe de Desert-Rock : “pas ma came” pour Pauline, “idéal pour un chill dans quelques canapés cachés du grand public et où l’on croise le chanteur de Greenleaf” pour Sidney. Pas besoin d’avoir un œil sur le set, le Krautrock des nippons se suffit à lui-même.
Gnome
Il faut lever son cul cependant car les Belges de Gnome déroulent et il me tardait de les voir tant les avis divergent. J’avoue ne pas bien savoir à quel saint me vouer, c’est sûr que c’est très cool ce groupe qui sort du lot et se donne à fond faisant naître les chapeaux pointus dans la fosse. mais on est vraiment à la limite du hors sujet en particulier sur “Golden fool”, nouveau titre énervé dont on ne profite guère puisqu’on est physiquement aplati contre un mur sur le côté de la scène. Décision est prise de sonner un repli stratégique.
C’est alors qu’on croise (presque sans surprise) pas mal de connaissances française dont on ne savait pas qu’elles seraient présentes, et le monde du stoner européen étant petit et propice aux mélanges, on croise d’autres camarades, qui venu de Grèce, qui venu d’Espagne se tombent dans les bras les uns des autres. C’est cela aussi l’esprit d’un festival, la musique oui mais la musique en tant que convergence des cultures et des horizons.
King Buffalo
Après tant d’amour partagé c’est à King Buffalo de nous gratifier de ses notes et ce groupe croyez moi, c’est de l’amour en barres ! Le son est si lourd dès l’introduction “Silverfish” que la coursive de la Columbiahalle vibre ! Parfait pour enchaîner plus tard avec “Mammoth”. King Buffalo tient le public au creux de sa main. La beauté envahit le lieu et atteint son climax sur Cerberus.
The Great Machine
On arrive en pleine jungle pour voir jouer les dingues de The Great Machine : déjà que sur album c’était punk à souhait, que dire de la mise de ces trois israéliens ?! A l’image de leur musique, un beau bordel visuel. Ça pogote dans le pitt du Columbia Theatre, ça remue sévère et rien n’arrête le groupe qui comme à son habitude semble-t’il démonte la batterie pièce par pièce pour… la transférer dans le pit ! De là, le set reprend, batteur dans la fosse, entouré des spectateurs ravis et médusés à la fois, tandis que les guitariste et bassiste jouent perchés sur les bras tendus des spectateurs. Les roadies tirent du câble, on l’aide, c’est n’importe quoi et pourtant ça marche ! mes aïeux, quel set !
The Obsessed
Fin de service, il va être l’heure de la dernière branlée et pour cela on a ouvert l’Ehpad spécialement pour faire sortir Wino et ses copains de The Obsessed ! On aime bien l’intro avec “Brother Blue Steel” mais passé “Protect and serve” c’est quand même vachement redondant. Navré amis vieux doomsters, mais la jeunesse se trouve amoindrie, tant et si bien qu’on file se coucher avant la fin du concert aux alentours de “Punk Crusher”, éclatés par la fatigue de ce premier jour intense.
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Pauline & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)
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