Comme chaque année, vos serviteurs ont effectué leur déplacement de printemps à Berlin pour assister au Desertfest. Avec ses grosses pointures et ses surprises sur scène, son organisation efficace et bienveillante, son public fantastique ainsi que son ambiance chaleureuse, ce festival est un de nos rendez-vous annuels préféré si ce n’est notre rendez-vous annuel préféré tout court.
Pour cette édition nous avons décidé d’augmenter sensiblement le niveau de difficulté en réalisant sur place, en plus des reports – dont vous lisez le premier –, des incontournables galeries photos et d’une poignée d’interviews, des résumés visuels entièrement réalisés sur un smartphone – que vous avez pu visionner par ici : https://www.youtube.com/channel/UCeBrmqBhdMDL1lOZ2-zkyEQ – et une poignée de séquences live plus soignées (que nous vous proposerons une fois montées).
Pas le temps de rigoler cette année et encore moins ce jeudi puisque les aléas du transport aérien ont repoussé notre arrivée. Une fois le pied posé sur le sol teuton, nous avons entamé le sprint bus-train-hôtel-préparation du matos-déplacement à l’Astra-accréditations-salut la compagnie-salut les copains-validation des horaires pour les interviews-appareils prêts au crépitement pour le premier groupe à se produire sans avoir eu le temps de respirer ou presque. Tant pis pour nous, nous prendrons du temps plus tard.
RIFF FIST
Il appartenait à la formation des antipodes d’ouvrir l’édition 2015 du fameux Desertfest de Berlin. Le trio de stoner assez traditionnel, et couillu, a bien assuré son job en frappant directement là où ça fait bouger les cervicales présentes dans la place en cette fin d’après-midi ensoleillée. Le public, pressé dans le Foyer, a bien apprécié un set prenant place dans un registre pas si novateur que ça, mais toujours fort efficace surtout s’il est interprété de manière sévèrement burnée comme se fut le cas avec les Australiens fans d’imagerie désertique à la salsa western spaghetti qui réussirent à faire affluer du monde malgré le soleil et l’ambiance bièreuse du Beergarten.
WEDGE
Nous pensions que le public serait quelque peu apathique en ce premier jour où le soleil et la bière pouvaient paraître (en théorie) plus sexy qu’une salle de concert cloisonnée. C’est pourtant un public là encore bien fourni qui vint faire honneur au trio Berlinois. A peine plus d’un an après leur création, le groupe très influencé par leurs compatriotes de Kadavar (la pochette de leur premier album et leur logo sont quelque part entre l’hommage et le honteux plagiat…) fait son effet auprès d’un public qui n’en attendait pas tant. Faut dire que le groove rock très 60s/70s du trio est efficace, énergique, bardé de soli un peu décousus mais qui font généralement mouche. Un groupe intéressant, à suivre sur les prochaines années, en espérant qu’ils se détachent de l’ombre de leurs géants aînés berlinois.
BABY WOODROSE
Soyons honnêtes, on avait un peu perdu de vue les Danois de Baby Woodrose depuis une petite dizaine d’années, dira-t-on. Même s’il a publié quelques galettes , surtout sur la décennie précédente, les pérégrinations de Lorenzo Woodrose, passant de side projet à projet solo, nous ont fait lâcher l’affaire… A regrets ! En effet, il ne faut pas longtemps pour nous replonger dans le heavy rock psyche du bonhomme. Car il faut bien le dire, les musiciens peuvent évoluer autour de lui, le charisme de Lorenzo, massif guitariste velu grisonnant arborant une somptueuse tunique hippie, suffit à emporter un public potentiellement sceptique. Sans clavier sur scène, le quatuor laisse parler les guitares (bien aidé en cela par un soliste fort efficace) et se repose sur une section rythmique robuste (quel son de basse !). Le quatuor dégaine quelques pépites qui nous rappelleront nos vieux jours. On citera notamment “Disconnected” et “Let Yourself Go” jetés en pâture en début de set avec une redoutable efficacité. Le public est vite conquis, et s’immerge vite dans l’ambiance, bien aidé par un light show aux petits oignons. A tel point que lorsque les bonhommes quittent la scène cinq minutes avant l’horaire de fin prévu, on regrette un peu qu’ils n’aient pas mis ce temps à profit pour nous en servir un dernier pour la route. Bon trip !
BLACK PYRAMID
Après le show fort sympathique des vétérans danois, l’heure était venue de se confronter à d’autres figures historiques de la scène. Le second trio de la journée à investir la petite scène avait ses fans et il nous eût été difficile de nous rendre aux premiers rangs si le groupe avait débuté à l’heure. Bien inspiré que nous sommes, nous avons radiné nos visages disgracieux en avance dans le Foyer et avons donc profité du set des Ricains dans son intégralité ce qui n’a pas été le cas de quidams sirotant à l’extérieur. Cependant, ces derniers finirent rapidement pas nous rejoindre au bout de quelques titres et Black Pyramid a décliné son set devant un foule fort compacte agglutinée devant la petite scène. Darryl Shepard et David Gein étaient épaulés sur cette tournée par Brian Banfield leur complice dans The Scimitar ; nous avons donc assisté à un set de Black Pyramid par The Scimitar qui a bouté le feu au foyer du festival. Achevant leur prestation – plus lourde qu’Everything Else, comme c’était mentionné sur le dos du shirt du bassiste à casquette – sur « Void Traveler » issus de la première production de leur groupe commun (The Scimitar donc) en rappel (vu le temps grignoté en début de set), les Etasunien ont conquis le public. Nous avons d’ailleurs été excités comme des petits fous durant ce set dont les morceau de choix furent « Mercy’s Bane » et « Open The Gates ». Ce dernier, tiré de leur nouvel ep, a constitué l’exclusivité de ce concert de metal selon le terme qu’utilisent ces musiciens pour qualifier leur son.
KARMA TO BURN
Une clope rapide en traversant les coulisses du festival avant de se confronter à un autre monument fondateur du mouvement. Soyons toutefois honnête, le trio instrumental a tellement sillonné le Vieux Continent depuis sa renaissance que le côté exclusif et l’excitation y relative n’est plus de mise depuis quelques années déjà au sein des Desertrockers. Si l’on ajoute à ceci le bruit généré par certains acteurs de la scène au sujet des relations entretenues par K2B avec certains d’entre eux, l’enthousiasme est parfois un peu terni même si honnêtement les titres sont toujours aussi bon et leur impact sur scène dans la même lignée. Ayant cumulativement déjà vu ce trio sous toutes ses formes (avec chanteur, en duo, en quatuor,…) avec un personnel évolutif depuis son retour au business, nous avons quand-même eu droit à une nouvelle mouture de Karma To Burn lors de cette soirée. C’est avec un bassiste inconnu de nos services que William Mecum a débarqué sur scène. Qu’importe, nous ne nous pressions pas aux premiers rangs pour les gossips, mais pour se faire botter le fessard à grands coups de standards de la formation. Nous n’allions pas être déçus par le setlist : 8, 39, 34, 19, 55, 36, 15 (bien vu ce dernier binôme), 57, 9, 54, 30 et 20, mais il n’en a pas été de même pour la qualité du son qui a passé de bon à franchement pas terrible lorsque « 54 » issu de « Arch Stanton » a été interprété. Il est important de mentionner que, malgré cet aspect technique, le public s’est fortement trémoussé durant la totalité de ce show qui vit les premiers rangs danser alors que ça nageait en surface de foule. Les lascars d’Orange Goblin assistant pour leur part à ce set depuis les bords de la scène. Le final sur l’enchaînement des traditionnels « 30 » et « 20 » a une nouvelle fois été du plus bel effet et, malgré toutes les perturbations autour du groupe, on s’est pris une bonne baffe bien sympathique tout comme d’hab !
THE PICTUREBOOKS
C’est maintenant aux très hypés Picturebooks de prendre d’assaut la scène Foyer – une petite scène taillée sur mesure pour ce duo (d)étonnant, à l’encombrement minimal : une guitare et un kit de batterie, et c’est parti ! Le set commence dans une absence totale de cérémonial, comme si le groupe émergeait d’un soundcheck rapide. Il faut d’ailleurs un morceau pour que Flynn rentre vraiment dans son set, le gratteux paraissant un peu apathique en début de set. Mais très vite, pourtant affublé d’une guitare électro acoustique (saturée “comme une grande”, rassurez-vous), le bonhomme commence à se déchaîner sur la petite scène, et les “PCH Diamond” (avec un Philipp qui martèle ses fûts avec des petits maillets) et “Your kisses burn like fire” dégainés dans le début du set ont tôt fait de mettre tout le monde dans une semi transe hypnotique portée par les saccades de percus du batteur. Le duo germanique se démène en tout cas et les interactions ne manquent pas, avec les premiers rangs du public ou entre eux deux ! L’énergie et l’originalité de l’ensemble emporte le set, même si sur la longueur, le groupe manque de variété dans sa set list, et ça se ressent d’autant plus en fin de set : même si l’on ne s’ennuie pas, l’excitation baisse un peu…
ORANGE GOBLIN
Point d’orgue de cette première journée de festival et headliner incontesté, les Britanniques étaient fortement attendus par le public berlinois ou plus précisément par les gens présent à Berlin vu le nombre de francophone présents dans l’enceinte du festoche. Alors que nous nous attendions à avoir sept musiciens sur scène (sacrés farceurs des réseaux sociaux), c’est cinq Anglais en forme olympique qui allaient nous gratifier d’un show d’anthologie. Annoncés en grande pompe aux deux Desertfest d’avril, la formation avaient rameuté du monde en annonçant des concerts historiques au cours desquels le légendaire « The Big Black » – leur troisième opus – serait joué intégralement. Le setlist était – partiellement au moins – connu d’avance, mais tout le monde trépignait alors que « I Want You » du magique « Abbey Road » des Bealtes était envoyé à fond dans la sono pour accompagner une projection en fonds de scène à la gloire d’Orange Goblin. Les images animées allaient d’ailleurs suivre tout au long de la prestation des insulaires pour ajouter encore plus de panache à une prestation qui n’allait pas en manquer. Sans réelle surprise, le groupe débarqua sur scène alors que John s’égosillait encore dans les enceintes pour attaquer dans l’ordre leur troisième plaque devant un parterre aux anges. Les pileux à peine remis de leur prestation annoncée d’avance, revinrent rapidement sur scène au terme de celle-ci pour une poignée de titres globalement plus récents et pas pour la reprise de Sabbath figurant sur certaines versions de l’album joué précédemment. La fin du set débuta par l’ouverture de « Back From The Abyss » : « Sabbath Hex », puis effectua un bon en arrière avec« Saruman’s Wish » de «Frequencies From Planet 10 » et s’acheva sur deux extraits de « A Eulogy For The Damned » : « Red Tide Rising » ainsi que le titre éponyme pour la première fois de leur carrière qui a suivi de longs remerciements du frontman géant, Ben Ward, à l’attention des personnes présentes dans la salle ce soir-là. Peu riche en surprise, à part l’inédit live, la performance d’Orange Goblin a carrément scotché tout le monde et c’est le sourire aux lèvres que le public a déserté la Main Stage encore un peu groggy suite aux assauts furieux de la tête d’affiche.
LO-PAN
Quelques bouffées d’air – ou de nicotine – à peine après la fin de la représentation donnée par Orange Goblin, le moment était venu de nous retrouver aux abords de la petite scène pour la dernière performance du jour. Le rôle – parfois ingrat – de clore la journée revenait aux pouliches de l’écurie Small Stone en pleine campagne européenne avec Black Pyramid. La tâche confiée à la formation US était de maintenir en éveil une foule déjà bien rassasiée de décibels – voire de bière ou autre aussi er un peu fatiguée vu l’heure tardive à laquelle débutait la prestation en ce jeudi soir – et il faut avouer que la mission a été parfaitement remplie. Dans une configuration scénique assez spéciale, Lo-Pan a balancé une bonne ration de stoner sévèrement couillue avec son imposant chanteur – Jeff Martin – à l’arrière de la scène derrière son camarade batteur vêtu d’un t-shirt de Quicksand. La foule a rapidement adhéré au style pour se laisser aller à se trémousser alors que la Flying V balançait des riffs de classe internationale. Les vas-et-viens de la nuque se généralisant durant certains titres dont l’excellent « Land Of The Blind » asséné lourdement en raison de l’excellent travail opéré par la section rythmique emmené par une Rickenbacker vrombissante.
L’assistance s’est rapidement disséminée dans les rues berlinoises au terme de le performance de Lo-pan pour regagner ses pénates afin de se revigorer pour la suite du festival alors que certains furieux trémoussaient encore leurs carcasses au son des titres habilement sélectionnés par Jan Schwarzkamp planqué derrière ses platines dans le mini club installé dans l’enceinte-même de la manifestation.
Notre petit report vidéo :
[A SUIVRE…]
Chris & Laurent
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