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Dopelord + Red Sun Atacama – 09/11/2024 (Pessac / Bordeaux, Sortie 13) & 10/11/2024 (Nantes, Le Ferrailleur)

On a eu du mal à choisir la date sur laquelle assister à cette excitante tournée… du coup on en a fait deux ! Et donc double chronique pour le prix d’une, ne nous remerciez pas.

 

RED SUN ATACAMA

Du côté de Bordeaux, à Pessac précisément, le concert se tient dans la très cool salle Sortie 13 – petite/moyenne capacité, mais conditions excellentes. Pour Nantes le lendemain, rendez-vous au Ferrailleur, classique, pour fouler la vraie scène du club cette fois à l’heure de la soupe – alors que le dernier passage du groupe sur Nantes s’était fait sur la scène d’été des Concerts Sauvages en plein air et face Loire. Premier constat sur les deux dates : le public est venu en nombre ! Concernant Red Sun Atacama, gageons que leur récent passage au Hellfest n’aura pu que servir leur popularité.

En tous les cas, le concert démarre sur les chapeaux de roue… et ne ralentit presque jamais ! Le trio est solide et aguerri, et le public ne s’ennuie pas. Vincent apporte évidemment la part principale du son du groupe, et son jeu n’est jamais pris à défaut. On entend toujours ici ou là quelques influences de Josh Homme (période Kyuss – écoutez les soli en particulier…) mais il est sur tous les fronts musicalement et ne donne jamais l’impression de plagier quiconque. Dynamique, il capte l’attention d’une bonne part du public – c’est d’autant plus le cas à Pessac, le gaillard étant d’origine locale. Sa présence scénique sauve un peu le trio qui du côté de la basse reste souvent cantonné à son mètre carré de scène, bien qu’on ne puisse pas dire que Clém’ manque pour autant de dynamisme : il multiplie les efforts de prise de micro entre les titres pour laisser penser au public que le choix des titres est décidé sur l’instant (ce que l’absence de set list au sol laisse croire bien volontiers). Le bassiste sera en outre particulièrement mis en lumière lors du set de Nantes, jour de son anniversaire que les premiers rangs n’oublieront pas de lui souhaiter – démonstration d’une fan base solide.

On n’oubliera pas de jeter un œil attentif du coté des fûts où Thibaut Bison vient temporairement remplacer Robin qui, en plein acte de paternité, aura du faire une croix sur la tournée. Le gonze est solide et ne dénote pas dans la formation. Sa frappe permet de garantir le titre de Power Trio à la formation.

La part belle est faite aux titres du dernier album, Darwin, mais une heure de set laisse la possibilité au groupe de replonger dans Licancabur, notamment pour envoyer pied au plancher des perles comme “Cupid’s Arrow”.

 


DOPELORD

Il fallait lâcher tôt le comptoir et refuser une énième bière pour se retrouver bien placé pour le set des Polonais. Le public de ce soir est beau à voir, nombre de visages plus jeunes qu’à l’accoutumée et peu de patchs sur les vestes nous font penser que le doom a encore de beaux jours devant lui (mais malheureusement toujours trop peu de métissage de genre).

Qu’importe, les doomsters jeunes ou vétérans ont les dents aigües et mordent a pleines dents dans un set hyper carré. Klusek au chant et à la basse joue les figures de proue en milieu de scène et n’hésite pas à s’adresser au public, allant jusqu’à demander de souhaiter un joyeux anniversaire au chanteur de Red Sun Atacama, et le faisant monter sur scène pour une démonstration de son polonais, criant dans le micro un impeccable “Kurwa” [ndlr : “Putain”] – quoi de plus logique quand un français apprend une langue… En revanche, le comportement du frontman reste des plus austères sur scène, ses sourires étant rares voire inexistants notamment. Certes, on est sur du doom, mais montrer un semblant d’émotion ne ferait pas de mal au quatuor. D’autant plus que Miodek à la guitare est bien plus dynamique et expressif, et n’est pas en reste par exemple lorsqu’il s’agit d’inviter le public à tendre les doigts et hurler “Hail Satan” sur le refrain du titre éponyme.

La salle est comble et les têtes hochent jusqu’au fond de cette dernière. On entendra dire “un titre, un tube” – sans doute par un fan du Top 50 – mais ce n’est pas loin de la vérité car le groupe égraine ce soir les perles de son répertoire. En revanche, on notera que le groupe ne jouera qu’un seul extrait de son dernier album (“The Chosen One” en intro), manifestement bien conscient de sa qualité moindre que le reste de sa discographie, preuve encore flagrante ce soir.

Un set précis et sans temps mort qui file à une vitesse folle, notamment grâce à des titres coups de poings qui viennent parfois entrelarder la setlist, à l’image du très Motorhead-esque “Headless Decapitator”. A Pessac, face à la révolte du public hurlant son désespoir en fin de set, le groupe improvise un rappel (Miodek doit même rebrancher sa guitare qu’il avait trop hâtivement rangée) avec un solide “Preacher Electrick” qui finit de rassasier cette horde de morfales.


 

Cette bien belle tournée, proposant un plateau assez surprenant voire atypique (Dopelord et Red Sun Atacama ? Vraiment ?) s’avère un vrai succès : le public répond présent, la qualité est au rendez-vous (deux belles formations, à l’aise sur scène), et permet aux amateurs de l’un ou l’autre des deux groupes de découvrir, le cas échéant, son partenaire de tournée. Une bien belle soirée… deux fois !

 

Sidney & Laurent