Elle risque bien de devenir notre échoppe lyonnaise préférée cette Epicerie Moderne si elle continue à nous choyer de la sorte. Jugez plutôt, depuis le début de l’année rien de moins que Earth, Red Fang, Uncle Acid bientôt et, ce soir donc, Earthless. Le laïus sur la salle est important car elle offre un accueil, un confort, un système son performant et une équipe de passionnés qui font de chaque concert une expérience agréable et immersive.
Ce soir, L’Epicerie, Merci Bonsoir et Goliath Lyon ont croisé les flux pour proposer cette co-prod acide et jammesque, cette affiche bicéphale composée de Sunder et Earthless. Alors, à votre avis ? Bien ou bien le plateau ?
Sunder, les locaux. Anciens The Socks, la nouvelle mouture se dessine petit à petit et l’on commence à y voir un peu plus clair dans le changement, les envies et les intentions des quatre esthètes. Exit la deuxième guitare et place aux claviers, bien ancrés et soutenant la nouvelle assise plus psychée et même 60s par moment de Sunder. Le groupe entame son set par « Deadly Flower » le titre-démo sortit il y a peu afin de capter l’attention et déroule un live carré. Le travail des voix se fait remarqué et léché à la manière d’un Uncle Acid. La basse suit volontiers les lignes de chants pour mieux partir dans du délié sexy et rond. On retrouve la science de composition qui faisait déjà loi dans l’ancienne mouture. Mais il est indéniable que le combo cherche à faire grandir son son, à l’internationaliser. En acidifiant son rock, Sunder marche dans les barbes de Kadavar et Naam. La prestation de ce soir sent le travail. Les gonzes sont concentrés, ils envoient mais l’ensemble est encore très contenu et un poil convenu. En insufflant la fougue de leur ancien groupe, alliée à la rigueur de leur nouveau projet, en lâchant les cheveux et les chevaux et en stabilisant enfin la formule, Sunder pourrait devenir un objet musical riche et surprenant.
Après cette mise en bouche , tout le monde profite de l’agréable extérieur jouxtant l’endroit. Pas de sortie définitive ou de videur incompréhensif ici, on est en famille. Ainsi on se délecte des breuvages proposés à des tarifs plutôt abordables, des burgers du camion posé sur le parvis et on s’en grille une pour ne pas redescendre de cette soirée haute sphère.
Tellement agréable et détendu qu’on en oublierait presque qui s’est installé et nous fait l’honneur de nous rendre visite. Entre le Ferrailleur à Nantes la veille et le festival Primavera le lendemain, on peut s’estimer privilégié de les accueillir par ici. Pas souvent que Earthless franchit l’Atlantique et lorsque le premier morceau se met en place on sent que la réputation des ricains, dont les prestations live sont rares mais de qualité, est très loin d’être usurpée.
Le son, déjà très bon dès l’entame se fait quasiment parfait au bout de quelques minutes, propice à l’immersion du public qui désertera le bar tout le long du set. Chacun apprécie de manière plus ou moins immersive le véritable voyage que les californiens nous proposent. On nage avec palmes et tubas dans les 70s et c’est tant mieux, comme ça on peut se permettre de glisser un riff de « Dazed and Confused » au milieu d’un morceau, histoire de faire définitivement chavirer la (un poil de grosse barbe) trop faible audience qui ne demandait que ça.
On aurait du mal à parler de la sempiternelle “section rythmique” ou de quoi que ce soit qui se détache du lot de l’ensemble tant les trois de San Diego ne font qu’un, sans que ce ne soit JAMAIS ennuyeux. Une vraie prouesse quand tes morceaux/jams s’étirent très volontiers au delà du quart d’heure.
Le temps n’ayant désormais plus aucune emprise sur nous, « From The Violence Of The Red Sea », « Ulburu Rock » du dernier album défilent, passant du psychédélisme le plus introspectif à la pure furie rock ‘n’ roll avec, à chaque seconde, la même classe. Isaiah Mitchell devrait être érigé au rang de (vrai) guitar hero mais ne le sera probablement jamais. Pas plus mal quelque part, autant conserver la sincérité qui déborde de son jeu et qui aura ravi à coup sûr tous les amoureux de musique présents, autant dire tout le monde ce soir. Ajoutez à ça une batterie tellurique, envoûtante ou percussive, un bassiste quasi immobile mais impeccable, sans fioritures et toujours aux aguets des improvisations de ses comparses, pas étonnant que ce soit déjà l’heure du rappel. Au bout de quatre morceaux, soit une bonne de musique quasi ininterrompue.
Impossible d’être rassasiés, applaudissements insistants, sincères et mérités, c’est l’heure du rappel et Isaiah dirige son micro plus près de ses cordes vocales. Combo instrumental oblige, peu de communication verbale avec le public si ce n’est pour nous remercier d’être là et nous promettre, à demi-mot, un retour dans nos contrées au vu de l’accueil. “Des reprises pour s’amuser”, dixit Mr Mitchell, et l’orgasme auditif finit en apothéose, avec des versions dantesques de « Foxy Lady » et « Cherry Red » de Groudhogs, presque trop peu rallongées mais complètement jouissives, permettant à ceux qui en ont l’envie de se lâcher un peu plus.
(Avant) dernière(s) bière(s) au bar, surprise on ne se fait pas virer comme il est est trop régulièrement de coutume dans beaucoup de salles. Alors on discute du show et autres, on salue les adorables mecs des groupes en les félicitant et on finit sur le parking à partager les dernières canettes tièdes des barcelonais venus spécialement pour l’occasion, bien inspirés de préférer cette date plutôt que le Primavera et ses 90 Euros la journée…
Une agréable soirée, imprimée par du zicos « grand cru » qui nous aura satellisé, haut, très haut dans l’espace entre constellation acide et pluie de notes-astéroïde. Un grand merci.
Flaux et PaTapL
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