Quoi de mieux à faire en ce 12 novembre, lendemain d’armistice, que de braver le froid pour aller en découdre outre-Quiévrain, à Bruges qui plus est, ville ayant joué un rôle important durant la première guerre mondiale, avec Gozu. 45 minutes de conduite et un passage de frontière plus loin, nous arrivons donc à la MJC de Bruges et sommes accueillis par le Gaff himself tandis que Grotto entame son set.
Le trio instrumental belge, qui porte le même nom que le bassiste de Gozu, va délivrer une performance d’une quarantaine de minutes axée sur des titres très longs. Déjà repéré pour sa prestation au récent DesertFest d’Anvers, Grotto aligne ici les épiques « The 12th Vigil » et « Lantern Of Gius », ce dernier sonnant comme du Rotor sous acide. C’est solide, c’est carré. Bref, nos trois lascars ont fait le job devant un parterre malheureusement encore clairsemé.
Viennent ensuite les Fire Down Below, eux aussi repérés lors de la dernière édition belge du DesertFest. Autre groupe, autre ambiance : exit l’instrumental psych-(é)-pique et bonjour le stoner-fuzzy-rock ‘in your face’. Là aussi c’est carré, c’est solide et ça donne envie d’opiner du chef, notamment sur le fameux « Through Dust and Smoke ». Malheureusement, l’affluence n’est toujours pas énorme à la fin du set du quatuor.
Seule l’arrivée de 3 autocars remplis de furieux stoners doit permettre à la température de monter dans la Venise du nord. Ils n’arriveront jamais… et Gozu monte donc sur scène devant une petite quarantaine de personnes à tout casser (groupes de première partie, personnels du bar et crew members compris !). Triste constat qui n’empêchera pas le groupe d’assurer comme des pros et de balancer la sauce pendant une heure.
Piochant dans les quatre galettes du gang de Boston, la setlist (construite par Joe Grotto durant le set de Fire Down Below) va permettre à Gozu de montrer l’étendue de son immense talent. Après un démarrage avec les lourds et groovys « Big Casino » et « The People vs. Mr. T », les bostoniens embrayent et appuient sur le champignon en délivrant une version survitaminée de « Meth Cowboy ».
Aidé par un Mark Gaffney particulièrement en voix (qui réussira d’ailleurs à nous filer la chair de poule sur le final a cappella de « By Mennen »), Gozu alterne entre rythmique de plomb et riffs assassins, en maîtrisant son sujet de bout en bout.
La soirée s’achèvera de la plus belle des manières avec « Bald Bull », seul titre de The Fury Of a Patient Man, mais laissera malgré tout un goût amer : il est dommage que, malgré les quelques 220 personnes intéressées par l’événement selon Facebook, nous ne soyons qu’une poignée présents dans la salle à être témoin de tant de classe.