Trois longues années de disette musicale, de pandémie covidienne ont eu raison du monde et donc de la vie culturelle faite de rassemblement et d’échange. C’est enfin le retour des festivals estivaux et bien entendu de la grande (Ker)messe française. C’est sous une chape de plomb caniculaire que le festival s’ouvre sur ce premier jour . L’affluence est là sur tout le site bien entendu, mais la Valley n’est pas en reste. Les festivaliers ne se trompent pas, cette première journée propose une affiche de rêve pour tous les afficionados de la fuzz et du reste!
ABRAHMA
Ouverture du festival avec une lourdeur toute contenue et une certaine mélancolie qui colle bien avec la moiteur ambiante si tôt dans la journée. Les parisiens se sont peut être éloignés de notre ligne éditoriale mais ne boudons pas notre plaisir. Les morceaux s’enchaînent et parviennent à nous emmener sur une première torpeur. La Valley n’est pas encore totalement remplie malheureusement pour se délecter de ses premières notes toutes symboliques d’un énorme week-end !
GREENLEAF
Avec ses riff fuzzy en pagaille et sa basse ultra grasse, le groupe suédois cher à bon nombre d’entre nous cueille la foule d’entrée de jeu. Le public lui offre un bel accueil, la Valley est définitivement réveillée et les têtes dodelinent sur le groove impeccable de Greenleaf. Personne ne s’est trompé, la tente est déjà pleine comme un œuf. La caisse claire claque, les soli et riffs fuzzy de Tommi font mouche, et la voix éraillée et langoureuse de Arvid envoute le public. Les titres fleurent bon le groove et le boogie, notamment sur “The drum”.
ASG
Connus pour leur set plein d’énergie, ASG arrive sur scène et propulse son stoner classique et mélodique aux relents heavy. Les premiers titres sont bien exécutés, et aidés par un son précis et puissant ne réveillent toutefois pas immédiatement une Valley pourtant bien garnie. Les morceaux plus lents et plus lourds en milieu de set sont grandement appréciés par les afficionados des américains. La dernière partie de set laisse enfin d’exprimer le stoner que l’on attend, la puissance et la maitrise d’ASG gagne la foule des connaisseurs qui, faisant fi des touristes, répond à chaque interpellation de Jason Shi le fontman. Tout le monde ne peut que finir à genoux devant tant de maitrise. Merci Patrons, c’est bon, la place est chaude, Elder n’aura plus grand chose à faire!
ELDER
T’as beau voir Elder trois fois dans le mois, y a pas à dire, c’est jamais le même set. Déjà parce que la set list évolue mais aussi parce que l’accoutumance faisant, on a l’impression qu’à chaque fois le groupe est plus à l’aise encore, plus dedans que jamais. Si la foule est compacte c’est clairement sans lien avec le soleil brûlant à l’extérieur. Des crash barrières jusqu’à la pelouse devant la tente, tout le monde admire le quartet. De la balance à la puissance du set, tout est parfait. Di Salvo, économe de sa voix, laisse s’exprimer tout à fait ses comparses et c’est très bien ainsi. Les classiques défilent (“Dead Roots Stirring”, “Compendium”, “Sanctuary”… le créneau est court et forcément on en aurait aimé plus) et le public est aux anges.
WITCHCRAFT
Une guitare, une basse et une batterie, il en faut peu aux suédois de Witchcraft, dans leur nouvelle configuration, pour tout de suite nous écraser sous la massivité de leurs riffs d’une extrême lenteur. Cette lourdeur est contrecarrée par une finesse dans les arrangements, tandis que la voix de Pelander nous renvoie, elle, aux confins du psychédélisme 70’s. Malgré un jeu de scène proche du néant, l’auditoire est tout de même emporté par la qualité des compositions. Le public est venu voir le classique et il en prend pour son grade. la maîtrise due à l’habitude est perceptible, bien que quelques faux départs se fassent jour, émaillés de regards complices entre les musiciens. C’est sympa et frais dans l’intention mais le son est vraiment trop lourd pour que cela devienne la focale du set, qui clôture après trois quarts d’heure sur le classique éponyme.
BLACK MOUNTAIN
Les petits oubliés de la scène psych sont avares d’apparitions, et vont nous offrir aujourd’hui un set qui dès son intro promet d’être aérien. La basse continue pompe les riffs de la gratte. Cependant le groupe rate son éclosion et sombre dans quelque chose proche de la pop. Le set s’enlise dans une mollesse notable, jouant sur des riffs qui peinent à percer malgré de bonnes idées. Le public, bien que clairsemé, se montre attentif et ne rechigne pas à ovationner le groupe, une victoire en demi teinte peut-être…
HIGH ON FIRE
L’énergie sale, brute et sans concession du stoner thrashy et sludgy ! Matt Mike et sa troupe d’High On Fire ont décidé que la température ambiante clissonnaise n’était pas assez élevée. Les degrés augmentent d’un coup dès les premiers riffs massifs et brutaux, et ce n’est pas le heavy “Baghdad” ou “Spewn from the Earth” qui vont ralentir la cadence impressionnante du déluge de coups asséné par le trio. Malgré quelques mineurs problèmes de clarté de son et de puissance dans la voix de Matt, l’enchaînement “Speedwolf”, “Cyclopian Scape” et “Fertile Green” commence à faire de sérieux ravages dans les rangs de la Valley, et le set n’en est qu’à la moitié. La suite toujours aussi furieuse se fait plus lourde encore, la voix de Matt gagne en intensité et explose en furie sur “Blood of Zion” ainsi que sur le classique et énervé “Fury whip”.
MASTODON
Alors que nous descendons le fleuve des fans quittant le set d’Offsping, nous sommes cueillis par le glamour de Mastodon. Car oui le groupe n’attaque pas par son côté le plus poutrassier. Cependant, chassez le naturel il revient au galop : un titre suffit et on embraye “Aqua Dementia” puis c’est l’avalanche pour un parterre de fans pourtant clairsemés qui défend son groupe à grands jetés de gobelets dans la fosse. La batterie avec une déco de grosse caisse représentant un caniche est du plus bel effet, bien que ne cadrant pas avec l’ambiance. Puis c’est “Teardrinker”, ça joue hard rock comme à la belle époque. On trouve dans le set de belles méoldies lorsque le chant revient au batteur. Les morceaux les plus musclés ne sont pas en reste et le set se conclue sur le classique “Blood and Thunder” où le guitariste en slam dans la foule poursuit son jeu coûte que coûte.
BARONESS
On rentre tout de suite dans le show Baroness avec “Take my Breath Away”, une prise de scène directe et massive qui conquit en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire la tente The Valley débordante. Les interludes sont prenants et ne font qu’entériner la classe et la maîtrise du quatuor de Savannah. Les classiques s’enchaînent avec grande classe (“March to the Sea”,…) en alternant avec des morceaux plus récents. On passe par de l’émotion avec un rappel de la pandémie qui a coupé le groupe de son support principal, la scène, et le public, qui lui rend plus que facilement tout l’amour que l’on a pour eux – illustré par un émouvant “Chlorine and Wine”. Après un show classique et encore un magnifique mot pour le festival et l’évolution de Baroness à travers les années, le set de termine sur “Isak” avec un public tout en adoration reprenant par le chant le solo – une véritable communion !
ELECTRIC WIZARD
Ah la belle rouge, oh la belle rouge ! Moui bon, le rouge c’est la couleur du sang et pas que des indiens, et du coup il est légitime que le Wizard en soit totalement vêtu (on parle des spots light là). Bien que la soirée touche à sa fin avec un set débutant à minuit, ils auront répondu présents, les petits amateurs de meurtre mis en musique. Un son qui enveloppe l’assistance et la redondance des boucles qui l’hypnotise – si l’on excepte le monochrome, l’ambiance est parfaite. “Black Mass” intervient comme une hache inlassable sur un tronc. La gratte donne tout de même l’impression de partir en couille lors des soli mais la projection psychédélique (vieux films de bikers prônant l’amour libre et lysergique) laisse oublier les musiciens… jusqu’à “Funeralopolis”.
Il est l’heure de rentrer au camping pour écouter le hululement de ce prêche dans les tentes voisines…
[A SUIVRE…]
Rédacteurs : Alexandre Bille & Sidney Résurrection
(Photos : Sidney)