KEEP IT LOW Festival – Jour 1 (Masters of Reality, My Sleeping Karma, Conan…) 10/10/2025 – Munich (Allemagne)

 

Cette année encore l’affiche du Keep It Low  nous a fait de l’œil, son ambiance, le complexe Backstage, la possibilité de voir tous les concerts sans devoir faire de choix… C’est parti pour cette première journée traditionnellement moins dense (elle commence en fin de journée) mais à l’affiche remarquable. On retrouve donc le Backstage, sa salle immense (la Werck) avec une fosse rabaissée offrant une vue sur la scène de touts parts, et la Halle, salle plus petite mais très conséquente. La troisième salle (Club) fut moins utilisée cette année.

 


BIKINI BEACH

S’il y a une science de l’organisation de festivals, le choix du 1er groupe en est une sous-discipline à part entière, et aux premières notes de Bikini Beach on fleure le bon choix. Le trio allemand, déboule dans la seconde salle, la Halle, comme une boule d’énergie. Comme son patronyme le laisse modérément supposer, le groupe propose un mix entre surf rock, punk rock, stoner et psych rock super efficace, joué pied au plancher – il faut les voir enchaîner les chansons courtes et énervées sans souffler ! La bassiste Lotti Peach en mode pois sauteur et la frappe frénétique du batteur Flip700 emballent une salle bien pleine. Quelle belle entrée en matière !

 


SIENA ROOT

On rejoint la grande salle du complexe au son des premiers accords de Siena Root, un groupe solide choisi sur l’édition de cette année pour inaugurer la grande scène. Le quatuor suédois nous a rarement déçu en concert… et leur prestation d’aujourd’hui ne changera pas ce constat. Groupe de scène par essence, la formation s’appuie sur quatre excellents musiciens, et un sens du groove psych retro hors norme. Cette section rythmique, emmenée par la basse remarquable de l’emblématique Sam Riffer (l’instrument probablement le plus présent dans le mix sonore) permet à chaque titre de se démarquer, et les têtes dodelinent joyeusement dans la fosse, bien pleine. Malgré un problème technique sur la guitare sur « Ridin’ Slow », les trois autres continuent plusieurs minutes à jammer l’air de rien jusqu’à ce que le discret Johan Borgström ne revienne pour finir le titre comme si de rien n’était. De manière étonnante, alors que le groupe vient de sortir un disque live, ils jouent très peu des mêmes titres, leur discographie comportant bien assez de petites pépites parfum 60’s / 70’s pour remplir un paquet de set lists. Même si le son et l’identité du groupe reposent désormais beaucoup sur le chant remarquable de l’envoûtante Zubaida Solid (qui aura passé un peu moins de temps derrière son orgue aujourd’hui), la formation n’a pas vraiment de point faible et le concert sera, encore, un succès.

 


THRA

Changement d’ambiance brutal : alors que nos tympans sont encore emplis de ce blues psyche onctueux, on se retrouve littéralement pris à la gorge par le death doom brutal de Thra. Le groupe étasunien assure la première partie de Conan sur leur tournée européenne, on profite donc de leur présence avec leurs collègues anglais sur l’affiche du jour. Les 2 guitaristes et le bassiste, en formation bien alignés au premier rang, ensevelissent le public sous un tsunami de decibels, que la double pédale du batteur et un chant growlé du plus bel effet viennent alourdir un peu plus encore. Le headbang est roi sur scène (et dans la fosse, bien remplie d’un public mi curieux mi enthousiaste) où tous les codes du death et du sludge sont présents, l’aspect Doom venant surtout de la lourdeur du son et des tempo souvent ralentis. Une parenthèse-découverte dans cette journée de fest, que l’on qualifiera volontiers de… “rafraîchissante “.

 


MY SLEEPING KARMA

Il devient difficile de se frayer un chemin dans cette pourtant très grande salle Werck, et il ne faut pas longtemps pour prendre la mesure que My Sleeping Karma monte sur scène en seigneurs ce soir. Après la désormais habituelle commémoration en l’honneur de Steffen, leur batteur récemment décédé (autour d’une bougie placée dans un émouvant réceptacle composé de morceaux de baguettes de batterie), les premiers accords ont tôt fait de capter le public, pour ne plus le lâcher durant presque une heure. Que dire qui n’ait pas déjà été dit 1000 fois sur les prestations extraordinaires du quatuor et de leur stoner psych instrumental envoûtant et puissant ? L’osmose entre les musiciens est optimale, et les titres s’enchaînent pour emmener le public dans des montagnes russes émotionnelles. Les sourires sont nombreux (dans le public aussi d’ailleurs), les clins d’œils, les checks… La bonne entente du groupe est communicative et la qualité de leurs morceaux fait le reste. Le tout avec une interprétation passionnée… La set list contient juste assez de classiques, et l‘enchaînement de deux extraits du dernier album (« Maya Shakti » / «  Prema ») rappellent la qualité de la galette, et confirment que le groupe ne manque pas de possibilités en live. Bluffant – encore une fois !

 


KANAAN

On est en plein milieu d’un enchaînement de « 50 nuances de psyche » ! Dans la Halle, le trio norvégien de psych instrumental semble avoir un bon public de connaisseurs pour le soutenir. La formation n’est pas venue pour enfiler des perles, et les titres s’enchaînent avec une bonne alchimie entre les musiciens. Musicalement, on est dans quelque chose de plus « centré » que My Sleeping Karma précédemment, et l’interprétation est impeccable, par des musiciens particulièrement dynamiques sur scène (remarquable pour le style musical pratiqué). Pour autant, votre serviteur aura eu du mal à rentrer complètement dans ce set, pas aidé par un mix avec la basse peut-être un peu trop forte, et des éclairages peu dynamiques… Un coup de mou, mais pas la faute du groupe, qui a parfaitement assuré !

 


COLOUR HAZE

Le groupe culte de stoner psych allemand est ici chez lui, littéralement (ils sont basés à Munich) et la relation qui le lie au festival est inédite (présents sur l’affiche au minimum une édition sur deux). C’est pourtant avec plus de 10 minutes de retard, pour cause de problème technique sur leur matériel (« un truc électronique » me souffle-t-on à l’oreille), que le groupe entame son set. Et quel set, encore une fois ! Stefan Koglek, grand par la taille et le talent, se tient comme d’habitude à gauche de la scène, devant ses amplis, tandis que les autres musiciens sont répartis sur le reste de la scène, batteur et claviériste se faisant face, pour une interaction toujours plus “organique” dans leur jeu. Le quatuor pilote un set de haute volée, où les volants psyche les plus planants sont d’abord moins représentés, au profit de titres plutôt nerveux dans la sélection de ce début de set, mené pied au plancher… comme pour rattraper le retard à l’allumage ? Stefan sait riffer, sans l’ombre d’un doute, mais il brille d’autant plus quand, se reposant sur cette section rythmique remarquable, il enchaîne les soli aériens, en injectant toujours une part d’impro, sans jamais s’y perdre. Sur une durée ramassée comme ici, le groupe gagne en efficacité le peu qu’il perd en liberté, et c’est un carton.

 


CONAN

La Halle est littéralement pleine comme un œuf quand on y rentre pour les premiers accords bas-du-front de Conan. Les anglais ne mettent pas plus de quelques minutes pour mettre tout le monde d’accord. Décidément en grande forme depuis quelques mois (l’arrivée du nouveau bassiste Dave Riley n’y est peut-être pas étrangère ?), la bande à Jon Davis fait l’effet d’un rouleau compresseur. Le pit se meut d’une marée de headbanging, puis de torrents de mosh pits en tous sens. Le son est puissant, les cris démoniaques de Davis, faisant office de chant, sont maîtrisés et efficaces, la base rythmique est dévastatrice (quelles basses ! Les coups de boutoir de la grosse caisse portés par les cordes sous-accordées de Riley font merveille) et bon sang qu’est-ce que ça riffe ! La mise en lumière est sombre et joue sur les silhouettes, perdues dans un nuage de fumée perpétuel. Bref ce n’est pas beau à voir, mais qu’est-ce que c’est efficace… On notera que les titres piochés parmi les plus efficaces de leur dernier album cartonnent bien auprès du public, à l’image du très lourd « Ocean of Boiling Skin » qui vient culminer pour une série finale de grosse violence.

 


MASTERS OF REALITY

Il y a eu quelques mouvements de personnel dans le backing band de Chris Goss, dont le plus notable est peut-être la non participation à cette tournée de son partenaire de longue date John Leamy. En tous les cas, on est sur des musiciens de haute volée (on retrouve toujours Paul Powell à la basse, prodigieux instrumentiste s’il en est), la machine est parfaitement huilée. Quoi qu’il en soit, Goss est là et bien là. Toujours un peu diminué par la maladie, il reste assis pour jouer et chanter. Mais pour le reste, il est au rendez-vous : son jeu de guitare est solide et empreint de feeling, et sa voix, chaude et profonde, transperce la Werck. A noter que la salle est un peu moins remplie que pour les concerts précédents qui ont fait le plein, le groupe pâtit non seulement de la fatigue qui pointe un peu en cette fin de soirée, mais aussi probablement d’une notoriété qui s’est un peu effritée depuis plusieurs années. Mais la salle est bien remplie tout de même et répond bien aux compos chaleureuses ou plus énervées du compositeur californien. Reconnaissons que la set list est en tous points remarquables : pour accompagner de rares extraits de sa dernière galette (l’intro sur « I Had a Dream » passe pas mal), il s’en va piocher dans ses plus anciens standards, avec notamment plus de la moitié du concert en provenance de ses deux premiers disques (1988 et 1992) ! Et que dire de ces perles oubliées issues de Deep In The Hole de 2001 (excellent « High Noon Amsterdam »). Quelle magnifique surprise de voir Goss ainsi déterrer tant de perles du versant le plus rock « énervé » de sa carrière ! On se laisse ainsi emporter et envoûter, avec un sourire béat… sans remarquer que le bonhomme dépasse de 10 minutes le créneau qui lui est alloué ! Sans conséquence pour la suite heureusement. Quel concert superbe !

 


THE GREAT MACHINE

Rude changement d’ambiance ! Le trio de Tel Aviv est rare sur scène. D’origine Israélienne, le groupe n’aborde absolument pas la situation terrible du conflit Israélo-Palestinien en cours, ce qui peut pour le moins étonner. On peut toutefois comprendre que la posture du groupe est complètement orientée sur le fun sur scène, et toute considération autre serait parasite… ? Quoi qu’il en soit, avec un œil circonspect de par ce constat, on assiste néanmoins au set de la formation, qui est toujours sur la brèche en termes de comportement scénique. Aujourd’hui ne sera pas différent, avec des musiciens qui viennent sans arrêt au contact du public, qui lui marche littéralement dessus sur la fin du set en mode « Moïse du slam », etc. Après avoir pris l’info auprès du régisseur (« il reste 5 minutes max! ») le groupe repart comme des diablotins pour terminer… plus de 20 minutes après la cloche ! Il faut dire à leur décharge qu’aucun groupe ne joue ensuite, donc les conséquences sont maigres. Encore un bon concert du groupe, même si l’on aimerait que ses compos soient toutes au niveau de leur performance scénique…

 


 

Allons vite gagner quelques heures de repos, car la journée de demain ne rigole pas.

 

[A SUIVRE…]

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