Pau ville rock ? Un peu d’ironie et d’amertume derrière cette fausse question, a fortiori quand on connaît bien la ville. Quelques assos pourtant se bougent depuis des années, à l’image de A Tant Rêver du Roi, vétéran activiste de la capitale béarnaise, qui a fait venir ce soir l’un des meilleurs groupes du genre en France (et ailleurs) ; un beau geste qui mérite un coup de chapeau.
Alors avant tout le public fut-il au rendez-vous ? Oui au regard de la capacité de cette petite salle (un modeste complexe très cool proposant aussi des locaux de répèt’ pour les groupes) : on comptera au pifomètre un peu moins d’une centaine de personnes environ, qui remplissent presque complètement ce petit espace confortable. Soit, si on le projette en proportion de la population respective de chaque ville, l’équivalent d’un concert de 2500 personnes à Paris quand même ! Pas de quoi rougir, quoi, un résultat très honorable…
Pour chauffer les effectifs, Beat Still Noise Us, un projet-concept pour le moins atypique, où Sébastien s’active derrière son kit de batterie, seul en scène. Le bonhomme lance des loops, samples, nappes de synthés d’un simple coup de baguette, et ajoute à ces plans tour à tour punchy ou hypnotiques ses parties de batterie en fond. Drum’n’bass, électro, tout y passe, et le public accroche pas mal, malgré un jeu de scène (logiquement) un peu ennuyeux, pas vraiment boosté par un light show rouge pour le moins statique…
A peine le temps de déguster un peu de houblon issu de productions locales, et l’on se rapproche de la petite scène sombre et cosy où le trio prend place. Aguerris par des dizaines et des dizaines de concerts donnés dans le monde (peu de groupes, a fortiori français, peuvent s’en prévaloir), les bordelais s’engagent dans une intro presque ouatée, avec une montée en tension progressive bienvenue. Peu à peu se dessine un set immersif, construit dans une volonté d’efficacité optimum, et ciselé au scalpel. Peu d’interruptions (quelques échanges souriants avec le public – souriant lui aussi, béat même), les titres s’enchaînent avec souplesse et logique. Le groupe plante comme à son habitude des paysages variés, alternant ses rythmiques bardées de plomb emblématiques avec des plans légers emportés par le chant de Julien, modulant toujours à la perfection son instrument (oui oui) vocal. La formule a fait ses preuves et continue de convaincre, tout en affirmant encore l’identité du groupe et sa spécificité.
Même si son dernier effort se taille logiquement une belle place dans la set list de ce soir, le reste de la riche discographie du groupe n’est pas oubliée, avec quelques saillies dans le superbe “Stranded in Arcadia” (superbe “Hovering Satellites”) ou l’album éponyme entre autres.
Sur l’incontournable “Strong Reflection”, tandis que la fin du set se dessine, Jimmy grimace un peu, ce qui peut presque paraître logique au vu des rythmiques pachydermiques qu’il dresse depuis plus d’une heure avec son partenaire Matgaz. Bel exemple sur ce titre d’ailleurs, dont la conclusion est étirée et appuyée pour un effet surenchérissant dans la lourdeur… Sauf que non, il y a un petit soucis d’ordre médical (rien de grave, on rassure les fans du groupe), qui force le trio à interrompre le set un peu abruptement, heureusement près de la fin du dernier titre du set. La frustration se noie donc dans la lente et plaisante “redescente” d’un public conquis.
La soirée fut excellente, et se termine avec encore de vastes sourires (et encore quelques décilitres de houblon).
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