Un concert de Mars Red Sky gratuit, en plein été indien (si si !), dans un parc arboré en bordure de ville… Autant dire qu’on n’a pas réfléchi longtemps avant de décider d’y aller. Le Sulfurock n’est pas un festival tout neuf, agitant depuis huit ans ce lieu agréable avec une armée de bénévoles souriants, une ambiance conviviale et une programmation rock sérieuse. Le succès est au rendez-vous, cette édition 2017 ayant rassemblé plus de 600 personnes.
On arrive sur le site aux derniers rayons du soleil couchant, tandis que le duo Équipe de Foot s’agite déjà sur la scène. Premier point qui se confirme alors qu’on avançait petit à petit à pied en direction du parc Séguineau : le son est massif, et clair. Très honorable pour un événement de cette dimension. Musicalement, ce qui se passe sous nos yeux n’est pas désagréable : les deux musiciens (guitare & batterie, vous l’aurez imaginé), grimés en footballeurs de l’équipe de France, évoluent dans un genre musical trouble, qui va piocher ici ou là dans le rock, la pop, baignant dans une atmosphère rock indé, avec quelques rythmiques qui tabassent. On pense à beaucoup de groupes, dont évidemment des combos comme Weezer pour cette capacité à aligner des rythmiques plombées avec toujours des plans catchy, quasi pop, dans les refrains ou couplets. En tout cas c’est agréable, les gars s’amusent et déconnent sur scène, et les sourires sont partagés dans le public.
On retrouve encore une fois Blackbird Hill, eux aussi un duo, eux aussi groupe local, que l’on avait (re)vus il y a quelques semaines sur la même affiche que les Truckfighters ou Hark. Pas décalés sur cette affiche, le groupe fait une nouvelle fois bonne figure et semble satisfaire un public bienveillant. Le concert ne change pas beaucoup par rapport à la dernière prestation (set list identique ou proche, scénographie similaire ou proche, code vestimentaire proche…), on n’en fera donc pas des tonnes dans le descriptif. Ça n’est encore une fois pas du stoner – et ce constat ne les rend pas mauvais pour autant. Juste un peu hors sujet eux aussi pour nos pages.
Il suffira de quelques instants pour installer la scène afin de recevoir le trio girondin de Mars Red Sky. On avait vu nos frenchies pour la dernière fois il y a quelques semaines au Hellfest. Contexte complètement différent aujourd’hui : tandis que, sous la Valley, le format resserré et la pression d’un public exigeant avaient poussé le trio à produire un set concis, efficace et dense, l’ambiance d’aujourd’hui est plus détendue : les sourires sont de rigueur (sur scène, et rappelons-le, dans le public), plusieurs messages sympas sont adressés au public (qui répond !)… Très bon feeling, détente et bonne ambiance.
Musicalement, on est sur du très costaud : on connaît la solidité du trio girondin, on constate ce soir que détente n’implique pas pour autant laxisme. Le set de ce soir est maîtrisé, avec une set list chiadée, signe que le groupe ne choisit pas la facilité, même devant “son” public local. Il faut dire que ledit public est bien à fond, avec même une grosse poignée de gros amateurs qui reconnaissent les titres un à un. Les musiciens se font plaisir, en proposant des arrangements travaillés de leurs chansons, des enchaînements originaux, aménageant ici ou là des plans subtilement improvisés. On reconnaîtra donc une part de leurs titres clés (“Hovering Satellites”, “The Light Beyond”, “Strong Reflection”…) mais souvent remaniés, tronqués… Fondamentalement, le set est dense musicalement, alternant les ambiances altières et les passages plus lourds et graves, bien chargés par une section rythmique massive ce soir. Julien Pras, tout en retenue dans sa posture, déclenche l’artillerie lourde guitaristique avec une nonchalance et une assurance bluffantes, surtout que ses vocaux ce soir encore sont irréprochables – il n’en mettra pas une à côté, même sur les plans les plus haut perchés. Le voir jongler avec ses pédales d’effets en plus de dégainer riff sur riff est un véritable enchantement.
Au final, on n’aura pas regardé la montre, et lorsque le groupe quitte la scène sur une outro bruitiste un peu étrange, après plus d’une heure de set, tout le monde en veut encore. Certaines personnes du public vont même derrière la scène pour supplier les musiciens de remonter pour un rappel ! On se contentera donc de ce qu’on a eu, mais c’est déjà énorme, et on repart ravis.