Perdu dans la Creuse, il existe un micro festival qui résiste depuis huit éditions et propose des programmations toujours plus alléchantes. Je me suis donc rendu au Festival Metal Culture(s) à Guéret attiré par une affiche polyvalente et sur laquelle toi lecteur de Desert-Rock.com tu pourras retrouver rien de moins que des groupes comme Elder, Hangman’s Chair, NNRA ou encore Amenra.
Le site est divisé en plusieurs lieux répartis dans le centre de Guéret. D’un côté un camping excentré sur les hauteurs de la ville, de l’autre, un Bar de La Poste, lieu central des matinées festivalières, parsemé dans la ville des lieux ponctuels tels que le cinéma et enfin La Chapelle de la Providence et sa “Crypte” résidence des deux scènes principales du festival.
Jour 1
L’arrivée sur le site est un peu décevante, si le lieu est bien une chapelle, il faut préciser qu’il s’agit d’une chapelle reconvertie où ne subsiste réellement que la porte et la rosace principale, le reste étant aménagé en vraie salle de concert. On retrouve quelques œuvres d’arts ici et là et un cabinet de curiosités qui mettent dans l’ambiance.
NNRA
Les festivités débutent avec le set de NNRA, quintet français découvert lors des ultimes Doomed Gatherings et lors de quelques rares dates. Les musiciens se cachent derrière un voile par derrière lequel une projection les accompagne. C’est un pur bonheur de re-découvrir leur Doom expérimental ultra mélancolique. Immédiatement on prend conscience du potentiel du lieu comme du groupe, un son ample et maitrisé favorisé par l’architecture. Les compos soufflent la petite assemblée des festivaliers présents à cette heure (Les concerts débutent vers 18h), une bouffée d’émotion pure dans une orchestration parfaite. Côté scénographie, on devine les comparses derrière le voile et la vidéo inonde le public durant près de cinquante minutes. Une entrée en matière parfaite pour ce festival lilliputien.
L’enchaînement est rapide et après s’être laissé tenté par le bar, le public se rend vers la Crypte ; une fois de plus c’est un peu la déception en constatant qu’il ne s’agit que d’un barnum monté devant la chapelle et qui accueille pour l’heure Dirty Rodeo, formation Power Rock qui essuie les plâtres des premiers réglages son.
Tout le festival à peu de choses près va se dérouler avec cette alternance de scènes égrenant le Crossover de Insanity Alert où le public joue des rotules et des coudes pour s’échauffer sous l’impulsion des pancartes criant la libération de l’esprit punk. S’ensuit le punk hardcore de Stinky.
Amenra
De nouveau retour à la chapelle pour assister aux deux derniers sets et pas des moindres. Amenra envahit la scène projetant sur le fond ses vidéos en noir et blanc aux thèmes élémentaires. Le set sera joué 70% en nous tournant le dos, une bonne partie de la fosse en attente d’un acte spectaculaire du frontman Colin – acte qui n’arrivera pas – mais la claque, elle, ne se fait pas attendre. Un son lourd à souhait et un Light show au petits oignons pour un set tout en montée en puissance.
Elder
Difficile pour Elder de passer après un set qui aura assourdi plus d’un festivalier et c’est devant une salle vidée d’un tiers que les quatre compères entrent en scène. C’est toujours avec un peu de difficultés que je rentre dans leur set, ralenti par la voix particulière de Nick Disalvo qu’il faut bien parfois décrire en live comme dissonante. Néanmoins la mayonnaise monte et je me laisse aller au psych massif qui nous est offert. Je note comme mes collègues de Desert-Rock.com une semaine plus tôt à Berlin, l’apparition d’un guitariste supplémentaire en la personne de Mike Riseberg déjà comparse de Nik sur la formation Gold and Silver. Cette arrivée ouvre plus de champs au groupe en live et c’est sans conteste un argument de plus dans l’intensité musicale qu’offre Elder. L’orchestration se fait ainsi de plus en plus dense tout au long du concert pour garantir une atmosphère idéale de fin de première journée.
Jour 2
L’affiche du festival annonçait un réveil au camping avec “Films de cul gratuits” ; j’ai été quelque peu surpris de constater qu’il s’agissait d’un réveil par le DJ Films de cul gratuits, ce qui a permis de calmer la déception avec humour.
Al Nour
Le soir venu, belle entrée en matière avec le premier set. Al Nour, tout jeune groupe Auvergnat Stoner Doom ouvre le bal. Il faut reconnaitre que si les compositions manquent encore d’ambition et que la structure n’est pas des plus originales, les trois mecs envoient un Doom efficace, appliqué, où le chant s’entend peu souvent mais avec à propos. Les mélodies sont inattendues ne sombrant pas dans l’orthodoxie. Le Growl du chanteur bassiste s’intègre efficacement pour apporter profondeur et puissance en écho à la frappe vigoureuse du batteur. Au final je me prends à me dire qu’un tel set aurait mérité de se passer sous la chapelle plutôt que sous la crypte.
Malheureusement pour les ayatollahs du Stoner ce sera le seul groupe dans la veine, la journée est monopolisée par d’autres styles avec Celteeberian, Deathstosterone (groupe de black parodique); Born from Pain (dont le Hardcore super efficace se traduit par des cœurs avec les poings. A noter d’ailleurs un big-up à Hangman’s Chair, ne vient pas du HxC qui veut !); Tayobo (groupe français qui ne manque pas d’intérêt).
Un p’tit Napalm Death avec des britanniques égaux à eux même puis la journée se termine sur Volker (triste fin de journée à mon goût, heureusement que d’autres auront eu plus de grâce à mes oreilles.)
Jour 3
Le troisème jour voit passer entre autres les grand-guignolesques Pensées Nocturnes, mélange de métal et de cuivre sous couches de maquillage. S’ensuit le Death-Thrash de Kamala chouchous du festival qui auront le droit à deux sets sous la Crypte, l’un amplifié, le second acoustique. Je passe volontairement sur la partie acoustique qui ne m’a pas tout à fait séduit mais le set électrifié dévoile toute la maitrise du groupe avec un gros coup de cœur pour une batteuse carrée et puissante à souhait.
En début de soirée c’est Carcariass qui investit la chapelle. Je m’arrête un moment sur ce groupe bien que hors sujet ici. Ce groupe tout droit venu de mon adolescence, va être reçu comme un inconnu total par le public sans doute amnésique du Death technique tendance Prog. Le trio de Besançon va petit à petit reconquérir un public (Il faut dire que plus de dix ans d’absence représentent un gros challenge malgré un programmation au Hellfest l’an passé). Un guitariste à quatre bras, un batteur aux frontières du jazz le plus technique et un bassiste en tapping quasi intégral vont faire sortir les spectateurs de leur torpeur pour clôturer le set dans la joie et l’allégresse.
Je passe sur le set de Igorr, Electro metal qui me lasse en l’espace d’un demi morceau. Pour autant, ils mettent le feu à la Chapelle devenue un danse floor hard tech metal ou quelques nuques cassent net.
Hangman’s Chair
Impossible à priori pour Hangman’s Chair donc de clôturer ces trois jours… Impossible n’est pas Hangman’s! Immédiatement la salle pourtant encore fourbue du set de Igorr se fait cliente et si tout ceci n’est pas censé être positif, ce n’est pas pour autant négatif. La musique mélancolique de Hangman’s fait naître un sentiment de plénitude oubliée, au sentiment de bien être enfoui au plus profond de soi. En tout cas c’est ainsi que je reçois chaque note. Le gros plus du spectacle réside dans la maitrise des lumières. Le responsable à la console œuvrant pour les Metal Culture(s) est à 100% dans le set. Il est imbibé de ce que livrent les gars sur scène et tape du pied comme il headbang, vigoureusement et sans retenue. Et si l’ingé son semble endormi, il n’en est rien, les yeux fermés il savoure le son et maitrise sa table d’une main de maître. Indubitablement, Hangman’s Chair à l’instar de NNRA et Amenra possède la palette nécessaire pour donner vie à l’architecture et livrer tout le potentiel sonore du lieu.
C’est donc trois jours de concert en famille qui se déroulent à Guéret, à une heure de Limoges. Les Metal Culture(s) c’est au final un petit festival tout terrain ou l’on arrive sans trop savoir comment cela va se passer et d’où l’on repart en ayant fait la connaissance de la moitié des festivaliers avec l’envie de revenir l’an prochain.