La petite tournée de Mudweiser a choisi pour son avant-dernière date de faire escale au Haillan, à quelques encablures de Bordeaux, dans une petite salle de concert fort sympathique, le Salem. Même si le cadre (zone commerciale voire industrielle) n’est pas vraiment bucolique, l’ambiance en arrivant dans la salle se fait plus chaleureuse, en terrasse ou dans le bar.
Le temps de commander un verre et Bombtraxx lance les hostilités dans la salle de concert. Le quatuor bordelais ne manque pas d’énergie et de bonne humeur. Les compos distillent toutes sortes de rock/hard rock, avec des plans très variés, piochant même parfois dans différentes variétés de metal, funk, neo metal, vaguement stoner… On a du mal à voir où ils vont en réalité et à qualifier la ligne directrice musicale du combo, mais en s’essayant à tous ces styles, les musiciens semblent s’éclater, et c’est communicatif, c’est bien l’essentiel.
Changement d’ambiance pour le second groupe de première partie, les locaux de Lust. Solide et carré dans sa mise en place, le quatuor délivre une musique plus homogène musicalement, développant un genre hybride entre metal, indus, post metal, neo metal… C’est efficace et ça fonctionne pas mal, d’autant plus que le groupe inclut une reprise du “Paranoid” de Black Sabbath et conclut sur une réinterprétation sympathique du “Personal Jesus” de Depeche Mode.
L’heure est venue de passer au gros calibre, avec les sudistes de Mudweiser. Comme vous le savez, le chanteur du groupe est Reuno, le locace frontman de Lofofora, qui joue son rôle de meneur à la perfection. Gouailleur, blagueur, le chanteur a ce talent de se connecter à son public, qui lui mange dans la main. Mais c’est bien avant tout pour ses cordes vocales qu’il est là, et il met son chant rocailleux, en anglais, au plein service du groupe. Efficace, chaleureux, puissant ou subtil selon le besoin, il n’est pas un simple faire valoir.
A ses côtés les trois autres musiciens sont loin d’être des guignols. Saïd, taciturne, abat un travail de titan avec une seule guitare, bien aidé par un son à décorner des boeufs. Ses compères à la rythmique ne sont pas non plus là pour cueillir des paquerettes : Xav distille ses patterns puissants et/ou groovy sans faille, ce tandis que Jey (par ailleurs guitariste de Verdun), avec son son de basse ultra-saturé, vient opérer la parfaite jonction entre socle rythmique et support mélodique, renforçant la touche de groove typique du groupe.
Le quatuor est là pour défendre son dernier album, le très bon The Call sorti il y a quelques mois, et s’y emploie gaiement, avec pas moins de six extraits joués dans la soirée, dont les excellents “Invitation” en intro, le furieux “High Again” ou le chaloupé “Sad Man”. Pour le reste, le groupe fait complètement l’impasse sur ses deux précédents albums pour ne piocher que dans les galettes réalisées avec Said, à savoir son premier album Holy Shit, et un EP sorti il y a une douzaine d’années, Drug Queens. Un peu étrange cette impasse temporelle, mais compréhensible compte tenu qu’il s’agit de chansons écrites par l’ensemble des musiciens sur scène ce soir. Il y a en tout cas de quoi faire, et le groupe alterne morceaux costauds et mid-tempi, le tout mélant groove et influences stoner et rock sudiste assumées.
L’ambiance est bonne et le groupe est en forme, et la set list défile à vitesse grand V. Du coup, arrivé à la fin, Reuno se renseigne sur l’heure qu’il est : il reste 10 minutes avant le couvre-feu ? On en rejoue deux pas prévues ! On a donc droit aussi à “Bumper Hunter” et “Tied Up” pour un final graveleux-suave du meilleur goût. De quoi regagner nos pénates avec le sourire après ce concert, où Mudweiser, hédoniste et généreux, a encore une fois convaincu.
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