Mesdames et messieurs bienvenue en ce vendredi 9 mai 2014 au salon de l’auto-stoner ! De belles mécaniques présentées ce soir, des plus récentes aux plus classiques, que du beau, du bon, du gros. Organisée pas nos amis fidèles des Stoned Gatherings cette soirée forte de quatre modèles, pris place au QG habituel : le Glazart.
Début des festivités à 19h avec Abrahma, la belle française avec ses finitions rétro est pourtant bien ancrée dans le présent. Quatre roues motrices pour profiter pleinement de la puissance de son moteur, ça sent à chaque morceau la qualité de la ligne de montage, des pièces et de la main d’œuvre. 30 minutes de show qui passent vite tellement le groupe nous emmène loin en si peu de temps. Dès les premières résonances des guitares et de la basse, on sent le décollage imminent et une fois la première enclenchée, la route défile. La lourdeur de la rythmique se laisse entraîner dans des passages plus envoûtants et la mécanique étant bien huilée, on ne s’ennuie pas un instant. Chanceux que nous sommes nous avons même le droit à un nouveau morceau, un nouvel album étant en chemin, et c’est une excellente impression qui s’en dégage. Le groupe reste fidèle à son heavy-rock-psychédélique. Eux-mêmes transportés, un petit moment de flou sur le timing ne leur laisse malheureusement pas le temps de nous en offrir plus. La qualité à la française a de belles heures devant elle. Dommage que le public fut si clairsemé en ce début de soirée. Ce n’est pas rendre justice aux qualités scéniques des parisiens.
Après que le seul représentant de la fabrication française soit passé sur le podium, c’est un festival de belles américaines qui va défiler sous nos yeux et faire vrombir leurs moteurs.
En premier lieu : Satan’s Satyr. Retenez ce nom, vous en entendrez parler dans les prochaines années. Ca ressemble à un corbillard mais ils ont dû faire un tour chez Pimp My Ride pour avoir autant de chevaux sous le capot voire de la nitro dans les lignes droites. Assemblé en Virginie par trois jeunes mécaniciens, je peux vous dire qu’une fois la gomme des pneus chaude ça dépote. Ca commence comme du doom groovy, début de set instrumental, et plus les minutes passent plus la nitro fait effet. Au final les jantes punk’n roll claquent et leur doom’n roll scotche tout le monde au passage. C’est Black Sabbath qui s’est fait tuner par le MC5. Au chant et à la basse, nouveau membre de Electric Wizard soit dit en passant, Clayton Burgess est un leader charismatique pour son jeune âge. Croisement improbable entre Mick Jagger et Lee Dorrian. Empruntant des mimiques à l’un et à l’autre mais sans avoir leurs voix respectives, il dirige la cérémonie de main de maître. Le chant punk est soutenu par des riffs d’une efficacité rare. Tout ce qu’il y a eu comme gimmicks de plus accrocheurs depuis les années 50 y passent. Basse et batterie se font plaisir tout en laissant la place à la guitare de s’embarquer dans des solos. Le public est conquis. On se voit bien manger des kilomètres en leur compagnie.
Entre en scène The Ultra Electric Mega Galactic. Le chef d’atelier ne vous est certainement pas inconnu : Monsieur Ed Mundell, ex-Monster Magnet , ex-Atomic Bitchwax et toujours lead-guitariste culte. C’est une belle mustang, fichtrement bien montée que ce trio là. Finitions chromées, vous avez toutes les options pour un confort de conduite totale et une tenue de route optimale. Et la route est bien tenue ! Parce que Ed (pour les intimes) ne s’est pas entouré d’une équipe de bras cassés pour son jam-band instrumental. Loin de là. Autant nous connaissons les qualités de solistes du grand blond et de ses riffs jouissifs à tomber le toit pour se la jouer décapotable, autant ses compagnons d’armes n’ont pas la même aura avant de faire parler leurs instruments. Derrière les fûts Dan Joeright, qui remplace Rick Ferrante (de même pour Sasquatch), assure toute l’assise nécessaire pour laisser ses comparses s’exprimer. C’est carré, varié, groovy à souhait, il y a les amortisseurs qui faut pour encaisser les cahots de la route et la carrosserie est robuste. Qui dit trio instrumental, pense souvent concert « clinique »… mais c’est sans compter sur la bonne humeur ambiante du groupe et sur les qualités d’animateur du bassiste : maître Collyn Maccay. Echanges pleins d’humour avec le public, partage du plaisir qui est le leur d’être ici, un vrai… leader ? Parce qu’il n’y a pas qu’en tant que speaker officiel qu’il assure le bougre, c’est un tueur à la quatre cordes. Ed a trouvé son juste alter ego pour animer les riffs et mélodies du projet. Vous voulez connaître toutes les capacités de cet instrument qu’est la basse : regardez Collyn jouer. La claque ! En vrai maestro et amoureux de la musique, le groupe se laisse même à jammer en compagnie de Keith Gibbs (guitariste de Sasquatch) pour finir le set. La classe à l’américaine ! Savoir faire le show tout en faisant démonstration de toutes leurs qualités de composition comme d’interprétation.
Pour clore l’évènement, un beau truck typique du pays de l’oncle Sam. Vous savez le gros camion qui en jette un max et qui avale les kilomètres de la route 66. Celui qui rutile et qui suinte en même temps. C’est un classique du genre qui est présenté ce soir : Sasquatch. Un modèle qui connaît une seconde vie depuis 2010 après un petit hiatus autour de fabrication de la bête. L’idée de ce genre de camion, ce n’est pas d’être original, c’est d’être efficace. Le genre de mécanique qui sert de mètre étalon pour toutes les autres confections automobiles. Carré pour tenir la route, groovy pour faire brûler l’asphalte, rugueux pour décourager les prétentieux de faire la course, mélodique pour adoucir les virages et accrocheur pour tomber les tenancières de motels. Du Stoner pur huile, point barre. Faut pas se couper les cheveux en quatre pour comprendre le message : faisons-nous plaisir tous ensembles. Partageons rires et sueurs, headbanging et voix rauques, ce soir le truck vous a transporté son lot de petit-bois et il en envoie en masse. C’est rôdé, ça déroule sans accroche, ça joue bien, ça joue fort, des solos, des chœurs du bassiste, des blagues, de la bière, une fosse en délire. Plus que de bons morceaux, un bon chant et de bonnes mélodies, la musique du trio prend là tout son sens : prendre son pied. Ceux qui y étaient comprendront, ceux qui n’y étaient pas n’auront pas raté le concert de l’année, mais un ‘tain de bon moment. Ce soir Sasquatch a mis sa photo dans le dictionnaire pour définir un set jouissif.
Ce fut une très grOsse soirée. Merci tonton !