SIDERAL Psych Fest (Radio Moscow, Electric Moon,…) – 18/03/2019 – Bordeaux (Salle du Grand Parc)

Initié l’an dernier sous l’impulsion de l’asso Astrodøme (activistes du rock psychédélique de toutes tendances, basés à Bordeaux), le Sidéral Psych Fest prend de l’ampleur cette année : sur 3 jours (enfin 2 jours 1/2) et avec une affiche mêlant audace et valeurs sûres du genre, le festival apparaît clairement comme un rendez-vous incontournable. Nous n’avons malheureusement pas pu prendre part aux festivités les deux premiers jours (avec entre autres Maidavale), mais cette journée finale ne nous échappera pas !

 

SOLAR CORONA

Malheureusement, malgré tous nos efforts, nous manquerons une bonne partie du premier set de la journée. En arrivant dans la salle, en tout cas, on est directement mis dans l’ambiance, tandis que les portugais de Solar Corona sont en plein milieu d’une jam cosmique enlevée, qui semble emballer un public pas encore très nombreux, mais ravi. Dommage de ne pas avoir vu tout le set, ce court passage nous aura donné envie… Une autre fois, à ne pas rater !

Solar Corona

 

SLIFT

A peine le temps de siroter un premier breuvage dans les coursives et la petite cour de la salle (le soleil radieux ajoute au bon feeling de la journée !) et il est déjà temps de regagner la salle pour assister au set de Slift : le trio toulousain propose une entame pleine d’énergie qui met immédiatement le public dans leur poche. Leur rock psyche nerveux a tout pour séduire un public assez large, ce qui est le cas de l’assistance aujourd’hui, provenant de toutes les obédiences du rock au sens large. Les premières compos ne s’éternisent pas, le set tourne bien et les riffs fusent. Le chant, rare et chargé d’effet, ajoute à cet esprit vaguement space rock, tandis que la formule trio fait le job comme on s’y attend, avec d’innombrables envolées de guitare lead s’appuyant sur une base rythmique solide (et en particulier un jeu de basse solide et mélodique). La deuxième partie du set laisse un peu plus de place aux sections instrumentales, sans jamais toutefois laisser court aux jams débridées sans queue ni tête. Les gaillards n’ont rien inventé, mais ils le font avec talent et conviction. Un très bon set !

Slift

 

NEW CANDYS

Après encore une courte pause (à peine le temps de vaquer entre tous les stands de merch et autres joyeusetés) les premiers accords de guitare des New Candys nous ramènent dans la sombre mais belle salle de concert de ce sympathique complexe du Grand Parc. On y retrouve 4 ténébreux Dandys, 4 bruns taciturnes, jeans slims, blousons en cuir. Manifestement en directe provenance de Manchest… Ah non, on me souffle à l’oreille que les gars sont vénitiens ! Pourtant leur musique penchant lourdement vers des penchants dark vaguement psyche nous enfonçait a priori plutôt en direction des lointaines et industrielles provinces grand-brittones, manifestement une influence prégnante dans tous les cas. Leur rock classieux, s’autorisant quelques jams vaguement space rock (ces leads chargées d’effets y sont pour beaucoup) semblent contenter une bonne part d’un public souriant et ondulant gaiement. Ça manque un peu d’énergie et de relief pour convaincre totalement, mais c’est solide et efficace.

New Candys

 

ELECTRIC MOON

Petit passage au food truck et repas au clair de lune vite fait, et il est déjà temps d’aller jeter une oreille à Electric Moon. Les sets du trio allemand sont rares, et celui de ce soir est attendu. Loin de profiter de leur aura ou de l’attente autour d’eux pour « cérémonialiser » l’événement, le groupe improvise l’intro la plus foutraque imaginable, en lançant son set d’affilée avec un sound check rapide, lumières de la salle encore allumées, autour de trois blagounettes à l’attention du public. Puis le set monte en tension pendant de longues minutes, ce qui ne surprendra personne au vu du genre pratiqué : Electric Moon fait désormais référence dans le pur space rock, en piochant ici ou là chez Hawkwind et autres ténors, et en y injectant des jams sans fin et quelques plans lancinants dérivés du krautrock plus proche de leurs racines culturelles « géographiques ». Sans compromission, leur premier titre propose donc une ascension d’une bonne trentaine de minutes, menant progressivement à une sorte de maelstrom space rock fuzzé assez jouissif, une fois l’immersion opérée. Souriants mais très statiques sur scène (quasiment tournés les uns vers les autres non stop) les trois teutons développent leur propos pendant un peu moins d’une heure avec une réelle maîtrise de leur sujet. Ils appuient ce soir encore un peu plus leur statut de référence du genre.

Electric Moon

 

RADIO MOSCOW

Changement de ton, d’ambiance… et changement de niveau ! La salle est blindée dès l’arrivée sur scène de Radio Moscow : mais où était donc tout ce monde durant les concerts précédents !? L’attente est donc décuplée, et le combo de Parker Griggs ne s’en laisse pas intimider. Ils rentrent assez vite dans le vif du sujet avec en guise de première salve un « New Beginning » qui met tout le monde d’accord.

Sur scène, le groupe n’a jamais été outrancier et ce soir ne déroge pas à la règle : Meier à la basse est concentré et sérieux (sans être fermé pour autant) à l’image de son confrère Paul Marrone derrière les fûts. Quant à Griggs, il est souriant, communique un peu avec le public, mais sans jamais être exubérant. Il fait le job, mais laisse surtout parler son talent remarquable : son jeu de guitare, hommage perpétuel aux parrains du blues, est précis, nerveux et puissant. Ses soli sont vertigineux et ses riffs remarquablement catchy (un point que l’on néglige trop souvent dans la discographie de Radio Moscow). Quant à ses vocaux, là aussi quel atout pour le groupe : sa voix chaude et burinée, son timbre subtilement rocailleux, étonnant pour un chanteur finalement encore si jeune (on trouve généralement plutôt cette caractéristique chez les vieux chanteurs aux cordes vocales usées par les flux houblonnés), apportent une singularité qui participe à distinguer le trio de la masse de groupes qui évoluent dans des sphères musicales proches.

Radio Moscow

Côté set list, la bande à Griggs contente tout le monde : en tapant dans tous ses disques, le groupe est sûr de faire mouche. De fait, le riche répertoire du trio recèle désormais d’un certain nombre de perles lui permettant de varier les styles, passant des bons mid-tempo bluesy fiévreux (« Broke Down », une version torride de « Deep Blue Sea » étirée en longueur pour y coller quelques soli onctueux…) aux morceaux de heavy rock plus nerveux (« Rancho Tehama Airport » ou « No Time » en mode boogie rock, le classique « Death of a Queen »…).

Le public ce soir en tout cas est tout dévoué à célébrer le groupe, dansant, headbanguant, stage-divant (au grand dam de la sécu, qui manifestement n’avait pas prévu ce type de comportement ce soir !) ou slammant. L’énergie est palpable tout du long, jusqu’au final sur un « No Good Woman » propice à une section solo/jam toujours aussi impeccable à la fin. Le groupe quitte la scène sous un déluge de cris et d’applaudissements. Vraiment la tête et les épaules au-dessus du reste aujourd’hui.

Radio Moscow

 

ZOMBIE ZOMBIE

La soirée se termine dans une ambiance plus cool avec le trio de Zombie Zombie. Les français très portés sur l’aspect électro se répartissent un aréopage d’instruments plus ou moins atypiques (claviers, pédales d’effets, percus étranges, etc.) pour développer une ambiance électro psyche lancinante à fort pouvoir immersif. Le public n’est en revanche pas très dense dans la salle : beaucoup sont partis après Radio Moscow ou déambulent dans les allées de la salle, voire en terrasse dehors pour refaire le monde (ou débrieffer du concert précédent….). Du coup le set de Zombie Zombie fait parfaitement le job d’ambiancer les derniers belligérants, plus ou moins fatigués voire imbibés. Parfait pour la descente.

Zombie Zombie

 

Les ambitions de l’orga à la tête de ce Sidéral Bordeaux Psych fest ont été récompensées par une soirée (sans parler des jours précédents) qui aura tenu toutes ses promesses. On sait d’ores et déjà qu’une édition se tiendra en 2020… il nous tarde déjà !

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