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UP IN SMOKE 2016 – Jour 2 (Electric Wizard, Greenleaf, Elder, Pentagram, Legends Of The Desert etc…) – 01 Octobre 2016 (Bâle)

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt dit-on et il fallait bouger mes molles fesses de bonne heure pour assister au début des hostilités qui tapait dans le local (version élargie) avec des formations que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents. Sachant que les organisateurs de cette fiesta ne souffrent pas d’une occlusion des conduits auditifs, j’étais certain d’y trouver mon compte et tel fût le cas, mais pas que !

EPHEDRA

EPHEDRA
EPHEDRA
EPHEDRA
EPHEDRA

Avec leurs dégaines de rockers orientés du genre bucherons du metal, les premiers régionaux de l’étape avaient une sacrée gueule en piétinant sur la petite scène avant d’envoyer voler les bûches. Je n’allais pas être déçu par cette excellente surprise qui allait foutre le feu sur les planches à l’heure du repas de la mi-journée ! Avec un premier album sorti il y a trois ans et la perspective future de la sortie de « Can’- Ka No Rey » en novembre prochain, les Suisses s’en sont formidablement bien sorti et ont même réussi le coup de force de faire se radiner Gary Arce dans le public ravi qui appréciait ce set entre Karma To Burn et Dozer (que de belles références). Vivement la sortie du prochain opus de ce groupe instrumental à (très) fort potentiel : ils m’ont fait foutrement plaisir !

MOTHER’S CAKE

MOTHER'S CAKE
MOTHER'S CAKE

On reste sur la scène extérieure (et les festivaliers à la mine moins vitaminée que la veille commencent à se pointer en plus grand nombre) pour le second round venu de la proche Autriche. Coutumier des scènes rock au sens large, le trio psychédélique balancera des pièces de toute sa disco, la clope au bec, sans me convaincre à me jeter sur leur merch en fin de set. La voix haut perchée de leur chanteur posée sur leur rock presque kräut m’a laissé un peu de marbre même si certains tires, comme « Gojira », par exemple, tiré de leur dernier opus, s’écoutent agréablement sur disque. On skippe jusqu’aux prochains.

DESERT MOUNTAIN TRIBE

DESERT MOUNTAIN TRIBE
DESERT MOUNTAIN TRIBE
DESERT MOUNTAIN TRIBE

Le prochain c’est la tribu des montagnards désertiques britanniques et c’est tout un programme en soit. Ils partagent avec leurs prédécesseurs sur scène l’affection pour les vocalises haut perchées et se distinguent dans des plans rock hérités des scarabées ou des pierres qui roulent donc ne sont pas si éloignés que ça de l’oasis du désert qui fit les belles heures de la pop anglaises il y a vingt piges. Ce n’est pas mauvais, mais franchement je n’ai pas accroché à la chose qui s’éloignait pas mal des plans bourrins ou doom trustant l’affiche de ce deuxième jour de festival. On skippe à nouveau (ben ça va aller vite comme ça).

WUCAN

WUCAN
WUCAN
WUCAN

La formation de heavy flûte était la première à se produire à l’intérieur le samedi. La fille spirituelle de Ian Anderson vêtue d’un pantalon du plus pure style tube de dentifrice scintillant a rapidement mis les mâles en mal de sensation dans sa poche (il est vrai que ça changeait des velus croisés précédemment sur scène), mais il serait injuste de ma part de m’arrêter là car, en plus de sa plastique, elle est loin d’être un manche à la gratte, à la flûte et au chant (ça fait pas mal pour une jeune personne). Le kräut psychédélique était de mise durant une prestation des plus efficaces menée de main de maître par un groupe qui sait être à l’aise autant dans les plans calmes que dans les montées en puissance (certes relatives comparées à ce qui suivra sur la petite scène). Les amateurs de rock seventies qui se respectent feraient bien de s’intéresser de très près à cette formation à potentiel plutôt qu’aller consommer le groupe qu’une major teuton veut absolument nous caser comme étant l’incarnation du rock des années septante – revisité avec la techniques du deuxième millénaire – à grands coups de marketing.

BLACK COBRA

BLACK COBRA
BLACK COBRA
BLACK COBRA
BLACK COBRA

Les sorciers de San Francisco pourront se targuer d’avoir fait tomber la pluie en même temps qu’ils nous ont gratifié d’un set d’une redoutable violence qui interpelle toujours autant en ce qui concerne leur capacité de foutre un tel bordel à deux seulement. Balançant ses ogives sur des labels s’adressant principalement aux gros lourds (que nous savons parfaitement être parfois), le binôme a fait preuve d’une incroyable maîtrise de son art en alignant quarante minutes durant le meilleur de lui-même dans une débauche de sauvagerie rarement atteinte durant ces deux journées pourtant adressées à un public peu farouche. Tel le métronome, Rafael a cogné sur sa batterie sans jamais faiblir alors que Jason vociférait dans son micro en s’acharnant sur sa guitare. Ce n’était pas une révélation, mais une confirmation de la grande forme de ces Américains dont la dernière pièce en date, « Imperium Simulacra », est une salve de bûches dont certaines ont agrémenté le setlist du jour qui aura bien fait se dandiner les metalleux à vestes à patch de l’assistance (vu l’évidente influence que des formations comme Slayer a eue sur ce combo étasunien).

LEGENDS OF THE DESERT

LEGENDS OF THE DESERT
LEGENDS OF THE DESERT
LEGENDS OF THE DESERT
LEGENDS OF THE DESERT
LEGENDS OF THE DESERT
LEGENDS OF THE DESERT

Respect et tout le toutim pour la suite du programme dont, tout comme d’hab en fait, on ne savait pas grand chose avant d’y être confronté. Comme la dernière fois (le petit malin qui a déclaré « C’est la dernière ; tant mieux ! » va se prendre une salade de doigts sur la joue gauche), la doublette Yawning Man et Fatso Jetson s’était vue octroyé un temps de jeu qu’elle allait agrémenter à sa guise. Sa guise sera, selon mon échange avec Gary, 20 minutes d’un groupe, un change over rapide et 20 minutes de l’autre groupe. En fait ce sera au final environ 20 minutes de Yawning Man, le change over pas si rapide que ça, 20 minutes de Fatso Jetson et un super retour sur scène de l’intégralité des protagonistes des deux actes ensemble pour un final de délire à deux batteries avec Mario qui sera resté sur scène tout du long vu son appartenance à l’entier des deux choses. La première phase baillante a été conforme à ce que la bande de Monsieur Arce nous livre depuis des années : sons très slide aériens avec un échange minimal avec le public, mais un savoir-faire exceptionnel (je signale que le fait que le show ne s’éternise pas a permis de ne pas lasser une seule seconde ce que certaines performances plus longues du groupe avait pu générer par le passé). La seconde couche – plus familiale – était réduite en ce qui concerne le setlist, mais pas l’intensité. Accompagné de ses fidèles, le Roi du désert a cédé le micro à son fiston pour le premier titre (l’ode aux Portugaises rêveuses issue de leur tour récent « Idle Hands ») avant de reprendre ses droits pour balancer quelques titres majoritairement tirés du petit nouveau. C’était droit bien tout comme d’hab avec ce groupe à géométrie variable qui se maintient au top depuis quasi le début de l’aventure stoner.

COUGH

COUGH
COUGH
COUGH

On a failli chopper la toux (ça c’est très facile je le concède) à force d’attendre dans le froid que les légendes cessent de jouer et permettent à la formation de Virginie d’entamer leur set. Les bougres avaient pris du retard et les jeunes piaffaient d’impatience d’en découdre avec l’aile dure du public bâlois déjà chaud patate après la performance de Black Cobra. Faisant partie de la redoutable écurie de Relapse, la bande de Richmond est active dans un registre lent et asphyxiant qui extrait la quintessence du sludge et du doom puis y ajoute des samples malsains. Tout un programme et un programme qui a mal commencé puisqu’un guitariste a été arrêté durant le premier titre (« Haunter of the Dark » tiré de l’album de cet été « Still They Pray ») pour des problèmes techniques intervenus du côté cours de la scène. Heureusement solutionnés rapidement, les ennuis techniques ont laissé place à une déferlante assassine particulièrement inspirée par le groupe qui était en tournée avec ses compatriotes de Elder ; de la belle ouvrage comme on dit régulièrement dans les pits.

YOB

YOB
YOB
YOB
YOB

Du lourd encore, du lourd toujours ; la distribution de bûches entamée à l’extérieur allait se prolonger à l’intérieur avec le trio étasunien à qui nous devons l’incroyable « Clearing The Path To Ascend » sorti il y a tout juste deux piges. La rythmique ultra efficace des Ricains a fait mouche auprès d’un public nourri qui n’a eu de cesse que de les applaudir tout au long d’une performance stoner doom (ou le contraire ; je m’en cogne pas mal). Les chevelus ont interprété leurs gros standards sans créer trop de surprise, mais en créant une certaine proximité avec des bipèdes qui n’avaient pas forcément fait le déplacement rien que pour leurs gueules. Tant mieux – comme on dit par chez moi – car des pépites dévastatrices comme « Ball Of Molten Lead » font toujours mouche sur scène et qu’il serait dommage de passer à côté d’une telle formation.

GREENLEAF

GREENLEAF
GREENLEAF
GREENLEAF
GREENLEAF

Greenleaf avait déjà joué lors de ce festival il y a quelques années et c’est toujours avec un plaisir certain que nous croisons ces charmants garçons lors des diverses fêtes du riff auxquelles ils participent toujours de manière remarquée. La première remarque c’est que la formation Grandleaf est stabilisée depuis une année et que sa configuration actuelle est certainement la plus efficace scéniquement parlant que le groupe a eue à ce jour. La deuxième remarque est que la prestation du jour avait un quelques relents du dernier Desertfest de Berlin : Greenloom est sur la petite scène et les problèmes techniques rencontrés sur son aile gauche (certainement en lien avec ceux de Cough) l’empêchent de débuter son concert à l’heure convenue alors que le public est chaud telle la baraque à frites anversoise. Je devrai donc patienter avant que « Our Mother Ash » n’enflamme le public du Z7 qui fera une véritable ovation à la bande de Borlänge, réclamant en fin de partie un rappel qui ne viendra jamais en raison d’un spectacle de clown sur le point de commencer sur la grande scène. Bénéficiant d’une bonne cinquantaine de minutes de jeu, les nordistes ont envoyé le meilleur d’eux-mêmes (dont les hits intersidéraux du dernier-né « Rise Above The Meadow ») même si un incident technique (encore ?) vint couper leur set et donna l’occasion à leur incroyable chanteur, Arvid, de se lancer dans une improvisation d’obédience blues avec pour seul appui la batterie de Sebastian. Malgré un appel au public passé en début de show, nos amis n’ont pas réussi à récupérer les chaussures égarées par leur ancien bassiste lors de leur précédente venue, mais ils ont laissé KO le public du Up In Smoke avec leur final d’excellente facture sur l’énorme « With Eyes Wide Open ».

PENTAGRAM

PENTAGRAM
PENTAGRAM
PENTAGRAM
PENTAGRAM
PENTAGRAM

Groggys après le show énorme de Greenleaf, pourtant sur scène riquiqui du festival, le public peina à rejoindre la grande structure sur laquelle un mythe allait envoyer son concert. Il faut dire que la formation originaire de BoWash entamait sa tournée européenne le jour même et que même si elle court depuis belle lurette après une reconnaissance légitime, elle ne sera certainement jamais adulée à sa juste valeur. Tant pis, il faut s’y faire. Débarqués plus tôt dans l’après-midi, les vétérans trépignaient d’impatience de jouer depuis quelques heures alors que leur charismatique leader errait à l’arrière du festival (et à l’abri de la foule) en solo (configuration dans laquelle je n’ai pas arrêté de la croiser durant la seconde moitié de cette folle journée). Bobby, seul rescapé des débuts de la formation, accompagné de Victor (pour sa quatrième apparition au line up) ainsi que leurs deux acolytes (dont le bassiste Greg Turley est dans la place depuis presque deux poignées d’années) avait mitonné un setlist couvrant l’entier de son œuvre conséquente. Nous eûmes droit à quelques titres de la première trace dans le sillon en guise d’amuse-bouche (« Death Row » et « All Your Sins ») avant d’aller nous perdre dans des méandres plus récents (« Dead Bury Dead » par exemple issu de la dernière fournée) pour nous finir en beauté sur du vintage (« Last Days Here » et « 20 Buck Spin ») durant un show où les vieux protagonistes furent bien mis en évidence sur le devant de la scène notamment grâce aux mimiques du père Liebling et à sa blouse qui pourrait être un bon sujet de mémoire pour les apôtres de Cristina Cordula.

ELDER

ELDER
ELDER
ELDER
ELDER

Après les vieux de la vieille, place à la jeunesse avec le trio de Boston qui totalise mine de rien déjà dix ans d’activité au service du riff. Comme à l’accoutumée, le public est nombreux à se presser devant la plus petite scène sur laquelle les Etasuniens s’apprêtent à envoyer du son. Coutumier de leurs prestations, je fais aussi partie des quidams qui voient d’un bon œil ce bain de jouvence au milieu de formations plus datées et nettement moins remuantes sur scène. Les trois lascars nous délivrent une fois de plus une prestation de haut vol dont « Compendium » (tiré de l’énorme « Lore » de 2015 pour ceux qui l’ignoreraient) a été le point d’orgue. Rondement menée, leur performance artistique s’articule autour d’un nombre – très – concis de titres et les interactions verbales avec leur public demeurent très limitées afin que les artistes restent focus sur leur son. Une fois de plus je n’ai pas été scotché par la tenue de scène d’Elder, mais transcendé par leur musique dont on aimerait bien avoir la suite rapidement vu la poutre totale qu’est leur dernière plaque. La petite scène n’aurait pas pu être fermée de plus belle manière qu’avec ces Américains qui ont transporté le – nombreux – public présent dans la place.

ELECTRIC WIZARD

ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD
ELECTRIC WIZARD

Dernière transhumance devant la grande structure pour la tête d’affiche et le – déjà – vingtième groupe du festival. Les Britanniques débarqués tôt le matin avec leur matos dans les pognes s’était reposé à l’abri des festivaliers tout le jour et c’est en pleine forme qu’ils ont pris possession de la scène sur laquelle un énorme écran avait été fixé en lieu et place des habituels backdrop afin que les projections de la bande à Jus Oborn s’appuie sur un visuel de fond de scène pour se mettre en scène (vu les jeux de lumière et les chorégraphies de cette bande ça occupe un poil le regard des spectateurs). Question articulation du show, nous avons droit à un titre de Slayer – comme d’hab quoi – ainsi qu’un joyau du terroir local (« Procreation (Of The Wicked) » de Celtic Frost qui m’a ramené trente ans en arrière du temps où j’avais une frange blonde et le nez en trompette comme tous les gosses) puis le déroulé de la machinerie anglaise au statisme redoutable. Le quatuor adepte de la croix renversée a débuté avec deux titres issus de « Black Masses » (dont le titre éponyme) pour aller se plonger ensuite dans la totalité de sa discographie : « Dopethrone » forcément avec le titre phare, mais aussi « Time To Die » son dernier effort en date puis quelques perles des temps anciens avant de nous finir avec le mythique « Funeralopolis » en toute fin de set (et de festival). Le point final de ce set est intervenu pile poil à l’heure convenue et aucun rappel n’est venu perturber l’organisation bien huilée qui règne en ces lieux et voyait le staff s’affairer à plier le matos à peine le dernier accord craché par la sono.

Ce millésime a été – comme les précédents – une réussite totale à mettre au crédit d’une structure aussi sympathique qu’efficace (je les remercie encore) qui arrive à nous faire plaisir années après années en conservant le côté super convivial de la manifestation qui marque le début d’un mois de folie pour la galaxie stoner avec un nombre incalculable de grosses pointures, de moins grosses pointures et de grosses pointures en devenir sillonner les routes du Vieux Continent. Vous pouvez faire des grosses croix au marker dans vos agendas : l’édition 2017 se tiendra les 6 et 7 octobre et vous pouvez compter sur nous pour vous tenir au courant de l’actu de celle-ci !