Fort d’un récent album intitulé « Electricism » qui devrait logiquement se retrouver en bonne place dans les classements de fin d’année, les Suédois de Generous Maria sont en train de se faire un nom dans la galaxie stoner. Nous avons rencontré Göran, le chanteur charismatique particulièrement affable du groupe quelques heures avant qu’il ne monte sur la scène du Buzzfest.
Vous venez de faire deux dates en Hollande. Cà c’est bien passé, pas trop naze ?
Oui, c’était vraiment bien mais c’est incroyable de constater à quel point tu peux être fatigué après seulement deux jours en Hollande ! On a joué à Rotterdam avec nos potes de 3 Speed Automatic, les concerts étaient très bons et ensuite on a fait la fête chez eux. Cà s’est terminé tard et on a du se lever tôt pour régler des problèmes pratiques, louer une camionnette, ce genre de trucs, mais çà fait partie du boulot.
« Electricism » à reçu énormément de bonnes critiques de la part de la presse stoner, qui est généralement toujours positive vis-à-vis des nouvelles sorties. Qu’en est-il de la presse rock plus généraliste ?
C’est vrai, je vois ce que tu veux dire, mais nous avons aussi eu un bon retour de la part de Rock Hard ou Up Magazine en Hollande ainsi que de la part d’autres magazines plus généralistes et c’est également très important. Buzzville est un label très actif qui vise plus large que le petit monde du stoner et essaye de toucher le plus de monde possible.
Considères-tu cet album comme une évolution ou une continuation de l’album précédent ?
Je dirais que c’est une évolution, ce n’est pas le même album que « Command of the New Rock » en tous points. Il faut dire qu’il y a eu un long laps de temps entre les deux, la réalisation de cet album est le résultat d’un long processus. Nous avons à présent un deuxième guitariste, Danne, qui est avec nous depuis longtemps mais qui ne jouait pas sur le premier album, ce qui change la donne. De plus, c’est lui qui a produit « Electricism », ce qui signifie qu’il a apporté un tas de choses à différents niveaux. Ce n’est pas comme si on faisait les choses de façon complètement différentes mais « Electricism » est plus rock’n’roll, plus « in your face ».
Danne produisait déjà l’album précédent, vous n’avez pas eu envie de prendre quelqu’un d’extérieur au groupe pour avoir un point de vue différent ?
C’est vrai mais il parvient très bien à dissocier les deux rôles au sein du groupe. Cà pourrait être intéressant d’avoir de temps en temps quelqu’un d’extérieur qui apporterait un regard neuf, mais jusqu’à présent, çà marche très bien comme çà.
Si tu devais changer de producteur, avec qui aimerais-tu travailler ? N’y a-t-il pas un producteur avec qui tu rêves de faire le prochain album ?
Je ne sais pas, je n’y ai jamais vraiment réfléchi en fait. Il y a bien quelques mecs de Göteborg avec qui j’aimerais travailler mais je n’ai aucun nom de « producteur de rêve » en tête. Tant que çà fonctionne avec Danne, on continuera comme çà.
Cet album, tout comme « Command of the New Rock » est très varié, mais pourtant on n’y retrouve pas de titre plus psyché comme « Ashram of the Absolute », un titre particulier que les gens semblent particulièrement apprécier. Ce morceau était un accident ?
Cette chanson particulière a été presque entièrement écrite par notre ancien guitariste. En fait, ce n’est pas comme si on réfléchissant clairement au moment de composer en se disant « maintenant, on doit faire ceci ou cela », les choses viennent naturellement et visiblement çà n’a pas été le cas pour cet album, il n’y a pas de titre orienté psyché, on voulait que çà reste plus rock’n’roll. Mais je crois qu’on refera des choses plus psyché sur le prochain album.
D’autre part, il y a un côté très funky dans le riff de « Ripe » sur le nouvel album. Avez-vous d’autres références que le rock, est-ce que le Funk, la Soul, le Jazz … vous inspirent également ?
En tant que groupe composé d’autant d’individualités, nous écoutons tous un tas de choses très variées, en particulier Danne, Jeppe et moi. En ce moment, dans le van, nous écoutons par exemple des trucs des années 40 et nous ne sommes donc pas uniquement influencé par le rock. Forcément, on retrouve une toute petite partie de ces influences dans notre musique, comme c’est en effet le cas pour « Ripe ».
La pochette de « Electricism » à une fois de plus été réalisée par Malleus. Doit-on y voir un concept comme c’était le cas pour « Command of the New Rock » inspiré de 2001 : Odyssée de l’espace ?
Non, cette fois-çi nous avons entièrement laissé l’initiative à Malleus. Nous lui avons présenté les titres et il est arrivé avec cette pochette. Pour « Command of the New Rock », nous avions beaucoup discuté avec lui, il y avait eu beaucoup d’échanges car nous avions une idée de ce que nous désirions. Mais cette fois-çi nous l’avons laissé faire et nous avons attendu qu’il nous présente le résultat final que personnellement j’aime beaucoup.
Parlons un peu de labels. Vous avez deux albums, un EP et un 7’’, tous sorti sur des labels différents. Est-ce que Buzzville est enfin le bon ?
Oui, je pense. Ce sont des gens sympas, ils sont efficaces, ils font ce qu’ils promettent de faire … ils font vraiment du très bon boulot. Notre label précédent, Lunasound, partait dans un tas de directions différentes pour suivre les nouvelles tendances, ce qui au final les a perdu.
Et comment en êtes-vous arrivés à signer avec Buzzville ?
C’est notre manager qui nous a mis en relation avec eux. Nous connaissions le label mais nous n’avions aucun contact et il les a démarché, eux et d’autres labels, pour savoir s’ils ne voulaient pas rééditer « Command of the New Rock » dont on avait récupéré les droits. Lunasound avait revendu son catalogue à un label américain et çà ne rimait plus à rien, on n’a jamais entendu parler de ces mecs. A ce moment là, l’enregistrement de « Electricism » était presque terminé et Buzzville a accepté de le sortir également, ce qui tombait bien.
Christian, le guitariste de The Awesome Machine, joue sur la reprise de « Precious & Grace ». Est-ce que vous avez beaucoup de contacts avec les autres groupes suédois où çà se limite uniquement à ceux qui viennent de Göteborg ?
On a quelques contacts avec des groupes d’autres régions, on a souvent joué avec Abramis Brama qui sont originaires de Stockholm, on a aussi déjà joué avec Dozer. Mais c’est vrai qu’on est plus proche des groupes de Göteborg, ce sont pour la plupart des potes, on se croise dans les bars, on joue ensemble …
Je te demande çà car vu de l’extérieur, la Suède représente un peu l’Eldorado au niveau du stoner, il y a pleins de groupes mais chacun semble faire son truc de son côté.
Oui, je comprends que la Suède puisse passer pour un Eldorado, il y a pleins de bons groupes, mais ce n’est pas comme s’il y avait des clubs à chaque coin de rue, la scène n’est pas si vivante. En plus, la Suède est un grand pays, les groupes viennent d’un peu partout et tout n’est pas concentré au même endroit. Ce n’est pas simple d’avoir une scène très active dans ces conditions.
En fait, c’est un peu comme partout en Europe, il y a de bons groupes, des clubs et un public restreint qu’on retrouve à chaque concert. Ce n’est pas trop frustrant de ne pas toucher un public plus large ?
Bien sur, ce serait mieux de toucher plus de monde, c’est évident. Mais d’un autre côté, nous avons l’occasion de jouer en Allemagne, en Hollande, en Belgique et je l’espère, bientôt en France, ce qui nous permet de découvrir un nouveau public.
D’un autre côté, on a le sentiment que beaucoup de groupes préfèrent rester dans l’underground pour garder leur indépendance. Comment réagirais-tu si vous étiez approché par un major ?
C’est facile de dire que tu veux rester indépendant et beaucoup de groupes te diront qu’ils ne veulent pas signer sur un major. Mais je pense que ce serait bien pour avoir plus d’argent. Pas plus d’argent en poche mais plus de moyens pour l’enregistrement et la promotion, ce qui permettrait de passer plus de temps en studio et ce serait vraiment stupide de refuser çà, donc je crois que j’accepterais. Mais le fait d’être sur un petit label et de garder son indépendance a également son charme et justement, avec Buzzville, on est face à des gens avec qui on peut discuter, ce ne sont pas des mecs en costumes, tout est basé sur la confiance réciproque et c’est quelque chose de très important.
Une dernière question qui te concerne plus personnellement. Tu es un grand fan d’Iggy Pop, que penses-tu de la reformation des Stooges ?
Oh, c’est vraiment difficile car généralement, je pense que des trucs comme çà puent. Mais je ne peux m’empêcher d’être curieux, je pense que c’est fun pour eux de pouvoir refaire quelque chose ensemble après presque 40 ans, çà doit être magnifique. Mais en même temps, je préfère ne pas savoir, j’aurais préféré que les choses restent comme elles étaient et qu’on n’y touche pas. J’adore Iggy même s’il n’a plus sorti grand chose de bon depuis longtemps. Je continue à acheter ses albums par habitude mais je crois qu’il n’avait pas besoin de reformer les Stooges.