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LOWRIDER – avril 2013

Dès que le quatuor suédois a mis les pieds sur scène en ce début de soirée berlinoise, un peu crispés au début, on a compris que l’électricité ambiante ne trompait pas. Au fil des riffs fuzzés dispensés par LOWRIDER, le sourire a commencé à les gagner, et les bonhommes prenaient clairement un plaisir monstre à voir ce public d’aficionados louer leur talent trop longtemps disparu. Il nous est paru indispensable de coincer Peder, leur frontman, pour recueillir sa vision de cette expérience… et de l’avenir !!

 

Lowrider a disparu de la scène musicale pendant une dizaine d’années… Pourquoi vous êtes-vous arrêtés à l’époque ?

Et bien, en fait on ne s’est jamais vraiment séparés, techniquement, les choses se sont plutôt lentement délitées… Nous avions un second album en projet, Andreas (batterie) et moi avions même enregistré quelques démos dans cette perspective. Mais la vie, le travail, et tout le reste ont freiné cette dynamique. En plus on vivait dans des villes différentes, donc on répétait moins régulièrement. Petit à petit, on s’est aperçu que le groupe s’était en quelque sorte endormi. J’ai commencé à travailler dans une autre direction, et j’ai formé le groupe I ARE DROID comme vecteur pour cette musique. On a sorti deux albums avec ce groupe et on a fait pas mal de tournées. Au final les choses se sont développées en s’éloignant de Lowrider, mais nous n’avons jamais vraiment arrêté le groupe, comme tu l’as vu à l’occasion du Desertfest Berlin.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton groupe, I ARE DROID ?

C’est un peu difficile à décrire, je dirais que c’est quand même plus “soft” que Lowrider, mais c’est quand même très proche je trouve. On dirait que quand je fais de la musique, tout repose sur des murs de grattes et de basse, au final (rires). Mais blague à part, si tu ne connais pas, tu devrais écouter.

Durant votre “absence”, est-ce que les autres musiciens ont continué à jouer ?

Non, les trois autres n’ont pas vraiment fait de musique. Mais au final ils n’ont rien perdu de leur talent. C’est tellement génial de jouer avec ces mecs, c’est un tel privilège de partager la scène avec eux… Ils sont mon passé, ont construit mon éducation musicale, et ils m’impressionnent toujours autant par leur jeu. On s’éclate tellement ensemble sur scène.

 

Pourquoi vous êtes vous reformés pour ce Desertfest ?

Il faut remercier Reece de l’orga du Desertfest [ndlr : par ailleurs guitariste du groupe STEAK] – en fait, sans lui ça ne serait pas arrivé. Il m’a envoyé un e-mail super sympa, il nous a quasiment supplié de nous re-former pour le Desertfest et a demandé s’il y avait la moindre possibilité que nous l’envisagions. J’ai appelé les gars, et certains d’entre nous ne nous étions pas parlé depuis 3-4 ans ! Mais ça n’a pris que 10 minutes pour prendre la décision de le faire !

Et êtes-vous réunis pour de bon maintenant ou bien était-ce simplement pour un concert événementiel ?

Il faudra voir. Nous faisons un autre concert cet été [ndlr : au Stoned From The Underground en Allemagne, le 13 juillet 2013], et on envisage peut-être de remettre ça cet automne ou cet hiver.

Peux-tu nous décrire tes sensations après ce concert au Desertfest Berlin ?

On s’est vraiment éclatés, on a halluciné, et surtout, ça nous a laissés très humbles et reconnaissants. Nos émotions et nos attentes augmentaient exponentiellement les semaines et jours avant de monter sur scène, et le retour que l’on a eu du public était si énorme, si massif, que l’on ne pouvait pas en croire nos yeux. On tient vraiment à remercier tous ceux qui sont venus au concert, ça nous a boostés pour une année entière ! C’était au-delà de tout ce que l’on peut imaginer en termes de plaisir. Quelle soirée !

Envisagez-vous d’enregistrer de nouveaux titres ?

Et bien, comme je te disais, on a au moins 3 ou 4 chansons qui datent de l’époque, qui étaient prêtes à être enregistrées. Il faut juste que l’on trouve le temps. Mais je te donne une info en exclu : on en parle entre nous, c’est sûr ! On est vraiment tous très excités à cette perspective.

 

Avec le temps, “Ode To Io” est devenu une pièce importante dans la courte histoire du stoner rock. Comment expliques-tu un tel phénomène, surtout lorsque l’on considère votre âge et votre “inexpérience” à l’époque…

Il est impossible de prévoir si les gens aimeront la musique que tu sors, et encore moins combien s’en souviendront treize ans plus tard. La quantité de passion que cet album a généré est au-delà de l’imaginable. Je ne sais pas quelle en est la raison. On a fait l’album que l’on voulait faire, on a mis notre cœur et notre esprit dedans pendant les trois semaines d’enregistrement. Peut-être que c’est ça qui ressort. Mais tu as raison, nous n’avions que très peu d’expérience du devant de la scène, même si nous jouions tous de la musique depuis longtemps. Nous avions chacun une expérience conséquente dans des groupes. On était jeunes, c’est vrai (surtout moi, je suis le plus jeune), mais on savait ce que l’on faisait. Nous ne sommes pas arrivés là par hasard. Andreas par exemple est toujours à l’heure actuelle l’un des meilleurs batteurs que j’ai jamais entendus. Et Ola est tout simplement un énorme guitariste, il est très sous-estimé, il est selon moi un nouveau Jimmy Page. Je suis simplement flatté de pouvoir jouer avec ces mecs.

Pour beaucoup de monde, Lowrider à l’époque était taxé de copier de Kyuss. Trouves-tu cela justifié, et penses-tu que ça vous a desservi ?

Quand Lowrider a commencé à se faire connaître, il n’y avait guère que trois groupes qui faisaient référence, et donc pour les gens vous sonniez forcément soit comme Kyuss, soit comme Monster Magnet, soit comme Fu Manchu. A l’époque je trouvais ça un peu fatigant, tu as raison, mais je le vois aussi comme un compliment de lier ainsi mon groupe avec un si grand groupe. Kyuss était, à mon avis, l’un des derniers très grands groupes. Un groupe solide, une unité libre comme l’air, où chaque membre avait sa place à part et sa propre voix ou sonorité, mais qui, lorsqu’ils étaient ensemble, ne ressemblaient à rien d’autre qu’à Kyuss : si tu retirais un élément du groupe, ça n’était plus la même chose. Il n’y a plus vraiment de groupes comme eux. Kyuss était l’une de nos plus grosses influences, et Ode To Io n’aurait jamais existé sans Kyuss, c’est un fait indéniable. Donc au final je m’en fiche que les gens nous associent à Kyuss, parce que d’une certaine manière ce n’est pas faux. Mais nous étions aussi un ensemble bien spécifique d’individus, une entité bien particulière, et nous le sommes d’autant plus aujourd’hui. Nous ne pourrions pas être Kyuss même si nous le voulions ! Nous sommes Lowrider, et nous sommes heureux d’être vivants.

Avril 2013 par Laurent