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UNCLE ACID AND THE DEADBEATS – avril 2014

Ce mardi 8 avril Uncle Acid et ses Deadbeats étaient de passage sur Paris pour clore une tournée européenne en tant que headliner, une première. Rencontre en toute simplicité et sans langue de bois avec le leader incontesté et incontestable d’une formation qui a le vent en poupe.

Pour le public français qui souhaite mieux vous connaître, si tu es Uncle Acid de Cambridge qui sont les Deadbeats ?

Effectivement, alors les Deadbeats sont Yotam Rubinger à la guitare, Itamar Rubinger à la batterie et Dean Millar à la basse. Ils sont frères tous les deux.

Comment vous êtes vous rencontrés ?

Ca c’est fait un peu naturellement par l’intermédiaire d’amis en fait. A l’époque je vivais à Cambridge et je n’arrivais pas à y trouver de musiciens, il m’a fallu venir à Londres pour rencontrer des musiciens et finalement trouver la bonne combinaison, et c’est le groupe que nous formons aujourd’hui.

Es tu en train de me dire qu’il n’y a pas de bons musiciens à Cambridge ?

Je n’ai pas réussi à en trouver en tout cas pour ce genre musical. Je suis sûr qu’il y a de bons musiciens d’orchestre symphonique ou classique. Mais malheureusement pour ce genre de musique je n’en ai pas rencontré.

A l’origine tu avais constitué ce groupe comme un projet studio. Cela fait maintenant 5 ans et 3 albums plus tard, alors toujours un projet studio ou un vrai groupe ?

Ce n’est pas un groupe « convenable » (rires). Cela ne fait presque qu’un an que l’on joue ensemble dans un garage à Londres. C’était un peu comme un nouveau départ pour la performance live. Depuis on a été plutôt occupé entre les festivals, les tournées et tout ça.

Tu es en quelque sorte le « mind controller » du groupe. Où mènes-tu tes Deadbeats aujourd’hui ?

C’est une bonne question (rires). Je ne sais pas vraiment. Juste continuer à faire des tournées et quand le bon moment sera venu enregistrer un nouvel album, certainement à la fin de l’année. Surtout continuer à faire ce que l’on fait. Ne pas essayer de se vendre ou quoi que ce soit d’autres.

Les membres sont-ils libres d’aller et venir dans le groupe ou êtes vous désormais liés par le sang ?

(rires) non, je pense vraiment que c’est LE line-up. Celui qui va durer indéfiniment. Il y a tellement une bonne vibe entre nous et ça fonctionne parfaitement.

Comment écris-tu et composes-tu tes chansons ?

Habituellement je dois avoir une idée d’ensemble pour tout l’album, un concept, un peu comme une histoire. Une fois que je l’ai, j’attends juste que les riffs viennent. J’écris ensuite les paroles un peu comme des scènes dans un film. Chaque chanson est une partie de l’histoire. Ca parait peut être un peu complexe vu de l’extérieur mais pour moi c’est plus simple ainsi.

Est ce que le processus pourrait devenir plus collectif à l’avenir ?

C’est possible. Mais c’est très dur pour moi d’écrire avec d’autres personnes parce que c’est comme compromettre mes idées. Mais pourquoi pas.

Est-ce que vous jammer quand vous vous réunissez ?

Pas vraiment. C’est un peu étrange. A l’occasion, au moment des balances ça arrive. Mais nous ne sommes pas vraiment un jam band.

Tu arrives avec tes riffs…

… oui et voilà c’est la chanson. Ce sont vos parties.

Même pour la batterie et la basse ?

Oui mais certainement que pour le prochain album il y aura plus d’espace pour laisser les gars contribuer au style de la batterie ou aux parties de basse. Peut être.

Prochain album d’ici la fin d’année donc. Mêmes conditions, même studio ?

On devrait enregistrer à la fin d’année pour une sortie l’année prochaine. On va essayer d’avoir une approche différente. Certainement dans un autre endroit. La dernière fois c’était seulement deux semaines en studio et c’était vraiment intense. Peux être essayer d’enregistrer en plusieurs fois.

J’ai entendu parler d’un possible album acoustique, toujours une éventualité ?

Un jour peut être oui. Certainement pas le prochain mais un jour un disque un peu hippie, acoustique, ça pourrait être sympa.

Les Deadbeats sont d’accords avec ça ?

(rires) oui oui bien sûr.

J’ai besoin de savoir. Toutes les chansons parlent de meurtres ou d’horreurs. As-tu un côté obscur à nourrir ?

Je ne sais pas ce que c’est. C’est certainement dû aux films que je regardais qui maintenant m’inspirent. J’aime l’idée d’avoir des paroles sombres et pourquoi pas de la musique sombre également et de mettre dessus des lignes de chant plus mélodiques avec des harmonies de voix. Un côté clair/obscur.

Mais tu n’as que des idées de meurtres et d’horreur… un peu étrange non ?

Oui un peu (rires). Il faut que j’y réfléchisse.

L’année dernière a été plutôt riche. Un nouvel album, une tournée et bien sûr vous avez ouvert pour Black Sabbath. Comment se déroule 2014 jusque là vous ne vous ennuyez pas trop ?

Oui c’est sûr que quand on se réveille après avoir tourné avec Black Sabbath c’est dur. Mais tout va tellement bien pour nous jusqu’à présent. Cette année nous sommes allés en Russie, en Nouvelle Zélande, en Australie et à travers l’Europe. Ce soir c’est la fin de notre tournée avant de retourner faire quelques shows en Grèce. Puis une semaine de vacances avant de jouer en Angleterre.

Tu en as certainement marre de cette question mais comment avez-vous fait pour vous retrouver à jouer avec Black Sabbath ?

C’est notre agent qui a envoyé un mail « voilà leur musique ils sont disponibles, si vous aimez etc. ». Et en fait un des managers a vraiment apprécié ce que l’on faisait et a juste dit « ok venez ».

Est-ce que le groupe avait déjà entendu parler de vous ?

Je crois que la femme de Geezer (Butler), Gloria, qui le manage lui avait parlé de nous parce qu’elle était plutôt fan du groupe. Mais je ne suis pas sûr pour le reste du groupe ou des managers.

Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ?

Je ne pouvais y croire. J’étais comme choqué. Il n’y avait quand même aucune chance pour que l’on prenne part à cette tournée. Des groupes de cette envergure ont habituellement des groupes aussi importants, ou qui l’ont été, pour faire leurs premières parties. C’est souvent les mêmes genres de groupes qui ouvrent pour les gros groupes. De donner ainsi sa chance à un jeune groupe peu connu, ça demande d’avoir des « couil… » de leur part.

En terme de moyens comparé à l’essence « Do It Yourself » de Uncle Acid, ça devait être un monde complètement à part ?

Oui tout était tellement professionnel avec eux. Je veux dire, ils ont le meilleur équipement, les meilleurs moniteurs et tout est si bien cadré, mais ils ont tous été super sympa avec nous. Toute l’équipe, le groupe, faisaient attention à nous aussi.

Vous avez dû apprendre beaucoup. Qu’est ce que tu retiens particulièrement de tout ça ?

Surtout sur l’aspect comment faire un show pro. Ce qui m’a presque le plus surpris c’est de voir Tommy Iommi venir nous voir à chaque balance. C’était toujours le premier sur place et le dernier à partir, toujours à jouer sur sa guitare et à bidouiller son ampli pour s’assurer que tout soit parfait. J’ai trouvé ça incroyable que quelqu’un qui faisait ça depuis tellement de temps se souciait toujours de comment le son était. Ce n’est pas juste venir, se brancher et jouer, ça prend vraiment du temps pour délivrer les chansons.

Est-ce que tu sens une différence entre le avant et le après Black Sabbath ?

Oui, je pense que l’on est bien meilleur. On sonne bien mieux. Jusque là on avait fait quelques dates par ci par là. Là c’était notre première vraie tournée ensemble. Maintenant que l’on arrive à la fin de la tournée, on s’est encore amélioré. Chaque soir la magie opère mieux.

Les majors doivent vous connaître maintenant… Toujours heureux de faire partie de la famille Rise Above ?

(rires) Bien sûr. On a plutôt tout ce qu’il nous faut. Je veux dire le problème avec les majors c’est que tu ne dois pas avoir cette liberté. Je veux faire ce que j’ai envie de faire, pas que quelqu’un me dise, il faut faire ça et ça. Donc c’est parfait pour nous aujourd’hui.

Quel est ton point de vue sur le business autour de la musique ?

Je ne sais pas mais quelque chose doit se passer. Les gens ont perdu le respect de la musique parce que tout est diffusé en permanence. On en entend ici ou là, à la radio, à la télé, la musique sert à vendre des choses, et elle a perdu de sa valeur. Les gens ne respectent pas la musique ni les musiciens, ils nous considèrent comme de la merde tout simplement. Il faut qu’elle retrouve sa valeur mais je ne sais pas comment on pourrait faire ça ni qui pourrait le faire. J’ai peur qu’il ne soit trop tard.

Penses-tu rééditer le premier album ?

Eventuellement. Mais ça demande beaucoup de boulot. A l’origine cet album était plutôt destiné à être comme une sorte de démo.

Mais ça sonne bien. Tu veux que ce soit parfait en fait.

Exactement je sens que ça a besoin d’être un peu remixé et remasterisé. Donc dès que je trouverais le temps de m’y atteler, je le ferais. J’aime toujours m’assurer que ça sonne comme je le veux.

Première tournée en tant que headliner en Europe. Comment ça se passe ?

Très bien. Les concerts se passent bien, beaucoup de fans sont présents, les ventes sont bonnes.

Comment faites vous pour sonner en live comme sur album, même matériel, le volume à 11 et le tour est joué ?

Oui c’est exactement ça. Du bon matériel, une bonne pédale de fuzz, on monte le volume. On répète énormément pour être sûr que les harmonies sonnent juste. Parfois ça dépend de la console utilisée ou des groupes avec qui l’on joue mais on essaye toujours d’être le plus proche possible des albums. J’utilise la même guitare, la même pédale et le même ampli depuis le début.

Même setlist tous les soirs ou vous préférez en changer ?

Non, on préfère avoir un set solide qui tourne bien. On change une chanson ou deux à l’occasion quand on trouve que ça sonne un peu bizarre.

Fais tu une différence entre être headliner d’une tournée et participer à un festival ou être en première partie ?

Oui c’est beaucoup plus de pression. Les gens viennent pour te voir particulièrement. En festival les gens ne savent pas à quoi s’attendre. Et en même temps, peu importe, tu as à faire un super show quoi qu’il en soit. Il faut essayer de se faire de nouveaux fans.

Une journée typique de tournée ? Est ce que vous écoutez de la musique ?

On essaye de visiter un peu, se promener les quelques heures de libre que l’on peut avoir. On écoute surtout de la musique dans le bus. Plutôt des choses qui ne sont pas en rapport avec ce que l’on joue.

Comme quoi ?

En ce moment Sly and the family Stone, the Dubliners. Tant que c’est différent de ce que l’on fait et que c’est bon, chacun met ce qu’il veut.

Sur la scène doom quel groupe écoutes-tu aujourd’hui ?

Electric Wizard bien sûr, ils sont géniaux. En groupe plus « récent » je dirais Blood Ceremony. Mais j’écoute beaucoup de groupe des années 60 et pas mal de folk également.

A toi le dernier mot. En un mot comment décrirais-tu Uncle Acid and the Deadbeats ?

Psychotique