Comme chaque début d’année au moment de constituer le top albums de Desert-Rock, la bagarre fut âpre, et les limites de la démocratie vite atteintes pour faire rentrer tous les bons disques écoutés cette année. Forcément, on n’y est pas arrivé, on a dû arrêter le classement aux 15 premiers, alors que notre liste initiale en comptait… plus de 60 !
Ce classement est la synthèse de l’ensemble des avis de l’équipe, reflétant la variété des genres que vous êtes habitués à retrouver chez nous (cliquez sur chacun pour lire la chronique que nous avions publiée dans l’année) :
Vétérans de la scène stoner européenne, les helvètes de Monkey 3 sortent, en 2019, un chef-d’œuvre dans la catégorie instrumentale tirant vers le psychédélisme. Huitième production du quatuor actif depuis 2001 , « Sphere » est remarquable autant que remarqué à la fois par la critique et par le public, proposant exactement ce qu’il faut de plans aériens et précisément le côté burné qui nous fait remuer les cervicales en concert. Prenant ses distances avec sa livraison précédente, Monkey 3 nous a aussi fait vibrer cette année lors de leurs prestations live.
Avec “No Comfort”, Monolord a franchi un cap. Ce quatrième opus, plus technique et aventureux que les précédents, est réussi de bout en bout. Thomas, Mikka et Esben nous offrent un masterpiece de doom qui aura marqué cette année prolifique en grands albums.
Avec une carrière plus proche de la neurasthénie que de la frénésie scénique et discographique, chaque album des suédois de Goatess est très attendu de la part d’un public de connaisseurs. Le départ de son mythique chanteur Chritus Lindersson (Lord Vicar, Count Raven, St Vitus,…) nous aura bien inquiété, mais Karl Buhre, leur nouveau vocaliste, apporte une intensité et une richesse rafraîchissantes. “Blood & Wine” s’avère être un album de stoner-doom contemporain de haut vol, bien écrit et superbement interprété.
-4) MARS RED SKY – “The Task Eternal”
Rien d’étonnant à voir apparaître le trio bordelais dans notre top annuel : Mars Red Sky maîtrise une fois de plus son sujet et renforce un peu plus son identité et sa place de groupe phare de la scène. Même si cet album nous semble en-deçà de ses aînés, il reste une valeur sûre. S’intégrant parfaitement en live, “The Task Eternal” n’a pas à rougir de sa qualité dans la discographie d’un groupe toujours aussi impressionnant de maîtrise.
-5) STONE FROM THE SKY – “Break a Leg”
Avec des bases bien assimilées, Stone From The Sky a livré un second album riche. Une plaque fine et inventive qui aura su séduire par sa sensibilité. Malgré quelques désordres, l’album Break A Leg confirme qu’il faut désormais compter sur ce trio pour prolonger la route du heavy psychédélique.
Après 10 ans de silence absolu, Solace revient sur le devant de la scène avec “The Brink”. Les natifs de Jersey, avec un line-up remanié, n’ont rien perdu de leur verve poétique tendance dirt metal épique et se la jouent “taille patron” avec un album qui ravira les anciens et les plus jeunes.
-7) THE DEVIL AND THE ALMIGHTY BLUES – “Tre”
Une belle année pour le quintette venu du froid, leur album “Tre” et les représentations scéniques qui l’ont suivies l’ont mis en état de grâce. “Tre” est l’album qui démontre s’il en était besoin que le Stoner a des racines profondes et blues et qui s’étendent partout au travers du monde. La simplicité et la rusticité d’un genre au service d’un autre en somme.
-8) THE LUMBERJACK FEEDBACK – “Mere Mortals”
Sans se presser The Lumberjack Feedback a sorti un monstre des cartons. Massif et lourd, sombre et envoûtant, “Mere Mortals” prolonge le savoir faire des lillois aux fûts dédoublés. Un album rentré et pesant qui agit sur le cortex comme le mal d’une époque dans laquelle il fait malgré tout bon vivre.
-9) YEAR OF THE COBRA – “Ash & Dust”
Ils ne sont que deux (monsieur à la batterie, madame à la basse et au chant) mais quelle maîtrise ! “Ash & Dust” démontre tout le savoir-faire de Year of the Goat en matière de doom psychédélique. Intense, prenant et sacrément bandant!
-10) NIGHTSTALKER – “Great Hallucinations”
Les Papis font de la résistance. Il est presque surprenant de retrouver les Grecs de Nighstalker dans le top de la rédaction qui n’est pas unanime sur le sujet. Mais parfois il faut faire acte d’humilité et s’incliner devant les artistes dont la carrière se poursuit avec logique. “Great Hallucinations” est de ce tonneau, inscrivant le quartet dans une continuité mélancolique mais toujours vivace.
-11) THE GRAND MAL – “The Grand Mal”
La moitié des nerveux anglais de Desert Storm s’est associée à la moitié de Mother Corona, des potes de Bristol, pour monter ce projet sans prétention… qui aura pris pas mal de monde par surprise ! Proposant une dizaine de brulots d’un stoner classique qui sent bon le sable chaud et les riffs inspirés, les anglais placent leur galette dans la catégorie des albums stoner les plus inspirés depuis… un paquet d’années !
-12) LIGHTNING BORN – “Lightning Born”
On n’imaginait pas vraiment ainsi le nouveau projet de Mike Dean, le bassiste de Corrosion of Conformity… mais on n’aura pas été déçus ! Dean trouve humblement sa place dans le line-up de ce groupe américain, proposant un proto-rock old school très inspiré – quelque chose de finalement assez rare dans ce genre musical. Leur premier album propose 11 titres inspirés et variés, portés par le chant puissant de leur chanteuse Brenna Leath, qui participe à distinguer Lightning Born des autres groupes du genre.
Reformé en 2017 pour le plus grand plaisir de la sphère stoner, Nebula s’offre sans surprise une place dans ce classement grâce à “Holy Shit”, l’album de leur résurrection, issu comme ses aînés d’un moule énervé, nuancé de nombreux solos psychés et maquillé d’un fard bien garage. Un retour en force des Californiens qui savent également proposer une nouveauté tant surprenante que rafraîchissante. Tout ce qui siéra à un dépoussiérage d’oreilles en bonne et due forme.
-14) VALLEY OF THE SUN – “Old Gods”
Une plaque plus loin, Valley Of The Sun assied son savoir faire et s’en va le répandre à travers le monde. Pour autant “Old Gods” n’est pas une pure redite, c’est l’album qui se veut charnière entre jeunesse et maturité. Et oui, les gars ont vieilli et se la jouent plus lents mais aussi plus denses. Cependant attention, il y a quelques claques sur cet album justifiant donc pleinement sa place ici .
Cinquième album en moins de quinze ans de carrière pour le groupe de Columbus, Ohio, “Subtle” montre le quatuor américain au top de sa forme et de son inspiration. Porté par le chant emblématique de Jeff Martin et les riffs nerveux du nouveau guitariste Chris Thompson, le disque propose une poignée de compos remarquables, qui ont constitué l’essentiel des set lists du groupe sur leur tournée européenne cette année – tournée qui aura fini de convaincre un paquet de monde.
On a arrêté le compteur aux 15 premiers, mais des albums superbes étaient juste derrière : The Elephant, Saint Karloff, Sunn O))), Gaupa, Esoteric, Duel, Kadavar, Luna Sol, Elder, etc… Même si 2019 n’a pas amené autant de “gros morceaux” que 2018 (Sleep, Fu Manchu, Clutch, High on Fire, Yob, etc…) elle a permis a beaucoup de groupes de se distinguer et de prendre un peu de place au soleil ! Une année riche en découvertes, en surprises et en révélations…
Si 2020 propose au moins autant de bons disques, on devrait être pas mal…
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