11 Paranoias est un groupe parfait. Oui parfait. Du moins si l’on aime les musiques aussi pessimistes que radicales. Un jour, où leur premier EP passait sur ma platine, ma femme, rentrant du travail, a qualifié leur musique de « mort de toute vie ». Voilà qui à mon sens résume parfaitement le propos. Initialement créé par les ex-Ramesses Mark Greening et Adam Richardson ainsi que par Mike West, guitariste halluciné de Bong, le trio s’est dès le départ positionné comme autosuffisant. En effet leurs disques, superbes œuvres aux designs soignés, sortent sur leur propre structure, Ritual Productions, leur permettant de contrôler leur art des premières (lentes) notes jusqu’à vos (lourdes) étagères. Donc oui 11 Paranoias est un groupe parfait, si tant est que vous êtes sensible à la noirceur de leur black metal ralenti, ou de leur doom extrême, c’est selon. Après un premier EP en 2013 (le passionnant Superunnatural), puis un second (Spectralbeastiaries), le trio accède à un véritable succès d’estime grâce à Stealing Fire From Heaven. Nous sommes alors en 2014 et si les concerts de la formation sont rarissimes (une quinzaine en 4 ans), leur réputation dans les sphères les plus embuées du metal lent n’est désormais plus à faire. En 2016, Après une parenthèse Ramesses, revenu d’entre les morts pour quelques dates dont un concert sublime au Hellfest (et qui sait, un nouvel album ?), Richardson s’est replongé dans 11 Paranoias, sans son instable batteur, Greening, parti vers d’autres cieux au sein de Dead Witches.
Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps : Reliquary For A Dreamed Of World est un disque essentiel. Inspiré, ténébreux, implacablement sombre et traversé par une mélancolie sublime, ce nouvel album d’11 Paranoias ne vous décevra pas. On pourra regretter l’absence de Greening (Nathan Perrier, son remplaçant entendu chez Capricorns, abat un travail superbe mais le jeu inimitable de l’ex Wizard manque forcement un peu) mais difficilement résister aux perles que sont « Destroying Eyes » et « Phantom Pyramid » qui, par sa puissance émotionnelle évoque les effets qu’avait provoqué « Marrow » de Yob sur nos âmes fragiles. Serti d’un visuel proprement incroyable (superposition de trois œuvres, qui se rêvelent selon le film chromatique, fourni avec le disque, que vous placez devant vos yeux. Ce concept basé sur le RGB color concept est baptisé ici « Multidimensional Paranoid Vison ») Reliquary For A Dreamed Of World est simplement l’une des œuvres les plus chères à mon cœur dans cette année 2016 pourtant fournie en matière de disques de qualité.
Point Vinyle:
Pas de chichi chez Ritual Productions, une seul et unique tirage, en noir évidement. Reste que le travail sur la pochette est une excuse bien suffisante pour posséder à tout prix ce magnifique objet.
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