7 Weeks, un groupe français que nous apprécions particulièrement en ce lieu, a saisi une opportunité séduisante : composer (et jouer en live) une bande originale alternative au film de Bob Clark “Dead Of Night” (aussi connu sous le nom de “Deathdream”). Ce film dérangeant, sombre, typique des films d’horreur des années 70, allie une puissance formelle (un peu surannée, mais toujours marquante) à un sous-texte assez virulent et des analogies intéressantes (allusions à la guerre du viet-nam, etc…), à l’image de certains films de Romero ou Fulci… Bref, un matériel particulièrement stimulant, dont la bande originale originelle (désolé pour la répétition) était déjà intéressante ! Sacré challenge, donc. A noter par ailleurs que le groupe considère cette expérience comme un album parallèle dans leur carrière, et non pas forcément dans la continuité de leur excellent “All channels off”. Passé ce constat, à l’heure d’émettre un avis, je me trouve partagé entre deux points de vue et me refuse à trancher. Je vous propose donc deux visions de cet album, atypique :
Point de vue n°1 : le pur fan de stoner.
7 Weeks n’a jamais été quoi qu’il en soit un groupe de “pur” stoner, il s’agit plutôt d’un groupe de metal sous grosse influence stoner, entre autres… Donc dans tous les cas, si vous n’aimiez pas auparavant, passez direct votre chemin : les éléments stoner de la musique des limougeauds ne transparaissent quasiment jamais via cet exercice. Evidemment, on espère que ça ne présume pas de l’évolution musicale du groupe (on garde un regard amer sur le début de carrière de Bukowski…), mais on se doit d’apporter un regard neuf sur cette production, d’où…
Point de vue n°2 : les autres.
Confronté à ce genre d’opportunités, un groupe aussi ambitieux que 7 Weeks ne peut pas refuser de se frotter à l’exercice de style. Exercice intéressant (on se rappellera de groupes comme Mÿguk qui s’y sont essayé avec réussite sur “Le dernier des hommes”, un classique muet cette fois de Murnau), potentiellement casse-gueule. Quitte à se laisser un peu emporter ?… En effet, le groupe laisse un peu en retrait sa propre musique pour servir un propos qui n’est pas le sien, se mettant complètement au service d’un film en l’occurrence. Or le désormais trio s’en sort bien. Il faut dire aussi que le groupe évolue accompagné d’un claviériste très présent : synthés et samples occupent une place qui pour ma part me paraît un peu préjudiciable à la dimension même de la prise de risque. En effet, il aurait été d’autant plus remarquable de retranscrire les ambiances sordides du film armé de leurs simples instruments… Mais c’est mon goût personnel (j’avoue que tout clavier conçu après 1979 ne trouve que rarement grâce à mes yeux…). Passé ces considérations pédantes, je me dois de reconnaître la qualité de ce disque, qui ne s’écoute certainement pas comme un album de rock : morceaux déstructurés, ambiances différentes, logique et progression musicale inexistante… Hors sujet ! D’ailleurs, l’album ne retranscrit que la moitié de l’exercice, puisqu’il ne dure que 45 minutes alors que le film en dure le double. Dans ce format, on notera une poignée de riffs intéressants (voire captivants), notamment sur “Andy” (séparé en 2 parties) probablement le morceau le plus accrocheur, “Coming home” ou encore le très rock “At the drive-in”. “Four again” qui clôt la galette est probablement ce qui se rapproche le plus d’un titre “classique” de 7 Weeks, et il dépote pas mal. Le reste n’est qu’ambiances glauques et ténébreuses, tension nerveuse musicalement induite, sons de guitare hantés…
Bref, ce disque qui ne ressemble à aucun autre est particulièrement intéressant, et je le recommande chaudement aux esprits les plus ouverts. Attention toutefois aux fans de stoner, ils pourraient être échaudés…
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