Il y a une place pour des groups comme Monster Truck dans notre spectre musical. Un peu en bordure, certes, mais entre deux sorties de doom obscur, de sludge maussade ou de psyche-rock vaporeux, il est parfois bon de s’en taper une bonne grosse tranche. Une rasade revigorante de gros rock « à l’américaine » (les amis du cliché noteront que le combo est en fait canadien), dont le style musical emprunte plus à leur patronyme outrancier qu’à n’importe quelle référence musicale plus ténébreuse.
On vous en avait déjà parlé, Monster Truck s’est fait connaître en nos contrées pour avoir partagé la scène de combos comme Vista Chino par exemple. Musicalement, le quatuor se pose en synthèse de heavy blues de bûcheron (et il n’y a pas que la chemise à carreaux qui rappelle le grunge, aussi). On y emprunte autant aux Allman Bros qu’à Clutch sur certains titres, autant à Bob Seger qu’à Alice In Chains. Alors du coup, oui, ça peut donner cette impression un peu roborative après quelques écoutes, l’image d’un disque si généreux qu’il manque de ligne directrice. Plus exactement, il y en a pour (presque) tout le monde : deux ou trois titres bien heavy (« Another man’s shoes »…), quelques mid-tempo un peu grassouillets (« She’s a Witch », « To the Flame »), un ou deux brulots qui défouraillent (« The Enforcer », « New Soul ») et la paire de balades règlementaires (« Sittin’ Heavy », « Enjoy The Time »). Dire que ça ratisse large est néanmoins inexact : la prod, clinquante et puissante à la fois, enrobe chaque titre et donne le liant sonore qui pourrait manquer sinon.
Il faut dire que le groupe ne se prive d’aucun plaisir égoïste, dégaine le clavier dès qu’il le juge utile par exemple, et tout ce qui peut servir les compos est judicieusement sélectionné. Après, on ne peut pas le passer sous silence (c’est le cas de le dire) : l’élément principal qui surnage de la galette est, encore une fois, le chant de Jon Harvey, par ailleurs bassiste de la formation, qui mettra tout le monde d’accord. Son organe puissant, chaleureux, impeccable de justesse, est un outil efficace pour transformer des compos qui pourraient s’enliser en hymnes d’arena rock (« Black Forest », « Don’t tell me how to live »).
Bref, même si l’on s’aventure assez loin des contrées stoner balisées et parfois un peu confortables que l’on connaît, Monster Truck, à force de culot et de conviction, pourra séduire plusieurs de nos auditeurs, en manque d’une bouffée d’air frais et de plaisirs simples, alors que la production stoner des derniers mois peut s’avérer parfois assez « sérieuse ». Rien de tel qu’une bonne claque de gros rock US joué pied au plancher !
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