L’année dernière, le combo doom Mammoth Weed Wizard Bastard (que l’on appellera MWWB à partir de maintenant, pour économiser mes doigts et vos yeux) sortait un premier album de trois titres comprenant notamment « Nachthexen », morceau long de 30 minutes. Sans pour autant s’affranchir d’un des dix commandements du doom : « si ton morceau ne fait pas plus de 6 minutes, il est nul », le groupe revient cette année avec un album plus concis et surement plus accessible, Y Proffwyd Dwyll, traduit du gallois par « faux prophète ». À tort ou à raison ?
Avec un tel nom de groupe, deux solutions sont possibles : soit les mecs sont sérieux et décident de ramasser tous les stéréotypes du genre pour servir une soupe très quelconque, soit les mecs font preuve d’ironie et tendent ainsi leur majeur aux codes établis dans le domaine. Quelques minutes d’écoute suffisent pour situer MWWB dans la deuxième catégorie, la formation galloise n’entendant pas suivre un chemin déjà balisé. Si les bases sont classiques (du gros riff qui bave, beaucoup de basse, une rythmique écrasante), la présence d’un claviériste emmène le groupe ailleurs. Sur l’instrumental « Gallego », on croirait entendre la dernière formation sludge de Jean Michel Jarre, où se mêlent synthé 80’s, vortex guitaristique et distorsion. Sur l’éponyme « Y Proffwyd Dwyll », on croise aussi un alto suivi de tir de blaster de Stormtrooper. Ou un truc qui y ressemble.
Mais MWWB ne s’arrête pas là. À la question « qu’est ce qui pourrait coller avec des grosses guitares testostéronées, une basse bien grasse et ronflante et un batteur qui dérouille ses fûts ? », le groupe nous répond : « une voix féminine perçante ». Évidemment ! Le pire, c’est que ça fonctionne. La voix de Jessica Ball, aérienne et fort généreuse en réverbération, téléporte les compositions de la bande d’un univers inquiétant à un autre plus mystique et ensorcelant. Exemple, le génial « Testudo » et son intro planante, où le titre d’ouverture « Valmasque ».
Sur le papier, tout cela peut sembler un peu bordélique. Mais MWWB réussit à faire de ce patchwork d’idées un univers très cohérent, évidemment très psychédélique, presque expérimental, grâce au bon dosage de chacun de ses ingrédients.
Pour preuve, une fois que l’on a cerné l’ambiance du groupe, on trouverait presque tout ça trop linéaire. Les morceaux se ressemblent parfois un peu trop et aucun ne sort vraiment du lot. Malgré tout, ils sont tous prétexte à une nouvelle trouvaille sonore et on se laisse très facilement embarquer par l’univers si particulier du groupe.
Dans un genre où il est difficile de sortir des sentiers battus, MWWB nous prouve que beaucoup de territoires restent encore à explorer. C’est rassurant.
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