Monarch ! fait partie de ces groupes qu’il faut avoir vus en live. Leur musique est un spectacle sonore et visuel qui répand insidieusement le poison dans votre corps et vous pétrifie jusqu’à la dernière note, jusqu’à la dernière douceur de la chanteuse Eurogirl. Non, parler de douceur concernant Monarch ! n’est pas une aberration, c’est d’ailleurs la quintessence même du groupe : opposer la délicatesse à l’abomination. Never Forever est le huitième album du groupe depuis leurs débuts en 2005 et le deuxième à être sorti sur l’excellent label Profound Lore Records.
La pochette immaculée de Never Forever n’aurait pu être mieux trouvée. Des papillons noirs forment une croix renversée sur un fond blanc : ces insectes aux couleurs merveilleuses ont été réduits en une masse sinistre mais étrangement belle. C’est en résumé ce que Monarch ! s’évertue de faire depuis toujours, réinventer la beauté en y insufflant du lugubre.
Le premier titre « Of Night, With Knives » nous repose les bases du groupe : au-dessus de la tempête, Eurogirl répète ses prières contre le mauvais œil. « Sainte Vierge des Louves, mère de la destruction… Destruction… ». Il en va de même pour « Cadaverine » (qui a ceci de remarquable qu’il est le premier morceau de l’histoire de la musique dont l’intro a été enregistrée par des bouteilles de Kro), où lorsque surgit l’ignoble voix du bassiste, Eurogirl perd son calme et hurle pour le renvoyer dans son trou. Cette idée de lutte entre deux forces ennemies maintient une tension constante, il faut toujours être à l’affut d’une horreur surgie de nulle part.
La comptine torturée « Song To The Void » nous montre également que Monarch ! est devenu plus mélodieux avec les années, même si le terme reste à prendre avec des pincettes : on est loin de danser sur les refrains et de les chanter sous la douche. Mais d’une manière générale, Never Forever nous présente une version du groupe plus assagi que sur les précédents albums. Les cris sont moins présents et la part belle est faite aux suaveries d’Eurogirl, comme sur « Diamant Noir », où la voix double et schizophrénique de la chanteuse reste encore une fois partagée entre le beau et l’inquiétant.
Mais attention, s’il est devenu moins criard, Monarch ! n’a pas du tout perdu en puissance, bien au contraire. Paradoxalement, Never Forever est l’album le plus angoissant du groupe. A première vue, Never Forever est plus calme et lisse que les précédents opus, mais si l’on s’approche d’un peu plus près, on remarque une force inimaginable que le groupe a appris à maitriser et à contenir. Pour ceux qui n’auraient pas compris, imaginez que Never Forever est comme la forme finale de Freezer : elle semble moins méchante que les précédentes mais elle est en fait la plus forte et la plus vicieuse.
Si on ajoute à tout cela une production particulièrement chiadée et immersive, Never Forever est de loin l’album le plus abouti de la discographie du groupe. Une sorte de kamehameha du doom.
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[…] démarrer son « Of Night, With Knives », titre introductif de leur dernier album Never Forever (chronique ici). Comme d’habitude, voir Monarch ! en live est toujours une expérience plaisante. […]
Pour info : diamant noir est une cover de kiss ”Black Diamond” paru sur leur album éponyme en 1974.