Dirt Woman – The Glass Cliff


Attention : album surprise ! Tous les éléments pour un album « moyen » étaient réunis, on aurait dû mieux se méfier. D’abord, le groupe, un vague quatuor, est en provenance d’un coin paumé dans le Maryland, et a pour le moment très peu joué sur scène. Ils ont signé chez Grimoire Records, petit label discret de la Cote Est qui tape large (du death au post hardcore en gros) mais pointu. C’est leur premier album, le groupe est né il y a moins de trois ans… ça sent pas la maturité a priori. Manque plus qu’un sobriquet un peu convenu, par ailleurs propice aux suspections de misogynie (en réalité un hommage à un bienfaiteur local dont c’était le surnom…), un genre musical que la bio décrit comme « psychedelic doom » (90% des albums mis sur le marché dans notre genre, quoi) et on est bien…

Heureusement, il n’en faut pas beaucoup pour rapidement faire tomber les barrières mentales et commencer à déguster ce disque qui a bien du mal désormais à quitter la playlist de votre serviteur. Ce « pas beaucoup » c’est juste cinq chansons finalement (pour quand même une petite heure au total – une jauge pas difficile à atteindre quand trois des titres dépassent les treize minutes), autant de petits bijoux d’inventivité, de trésors d’efficacité, comme on en trouve rarement sur un même disque.

Musicalement, difficile de faire rentrer Dirt Woman dans une case, disons qu’ils couvrent un spectre qui va de Acid King (pour les plans doomeux et la voix hantée de Zoe Koch) à Uncle Acid and the Deadbeats (pour le sens mélodique et certains arrangements vocaux). Oui, ça fait deux fois « acid », c’est bien, vous suivez. Mais chaque titre picore dans cet éventail musical et se construit son identité. « Lady of the Dunes » déroule son riff de base à deux notes (si si) sur plus de sept minutes, avec des variantes, des breaks, des ponts, de l’air, de l’oppression… Tout le disque est résumé sur ce titre d’ouverture. « Creator » est le titre qui paye le plus gros tribut à Acid King, sans jamais plagier le trio nord-californien, faisant tourner ses 2 riffs-colosses sur treize minutes où l’ennui ne vient jamais. Les titres suivants sont du même acabit, avant d’arriver à ce « Starhawk » remarquable, qui jumelle vocaux envoutants (ces chœurs à la Uncle Acid sur le couplet…) et mélodie super catchy, le tout noyé sous une dose d’un fuzz délicieusement crunchy. Le titre déroule en enchaînant les breaks pesants et envolées guitaristiques surprenantes mais parfaitement incorporées, pour un final étonnamment enlevé, entre audace et insolence – une apothéose mélodique qui fera se retourner plus d’un doomeux intégriste dans son cercueil de carton pâte.

Il n’y a en tout cas guère de meilleur résumé que cette dernière plage pour cet album : un disque solide, à la fois respectueux d’un genre – le doom – dont ils utilisent les codes avec une efficacité redoutable, et doté d’un sens mélodique impeccable. Une qualité d’écriture mêlant inspiration, talent et audace, qui amène leur doom à une sorte de statut hybride, de nature à satisfaire autant l’amateur inconditionnel du genre que l’amateur de stoner plus mélodique. Un disque d’une synthèse remarquable, dont vous aurez du mal à vous départir.

Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
   (9/10 - 2 votes)

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