Aaah ! Toulouse ! Sa place du Capitole, son Claude Nougaro, son équipe de foot ridicule… et Karkara. C’est bien de la ville rose que sont originaires Karim, Hugo et Maxime. Pourtant, à l’écoute de leur premier album Crystal gazer paru l’an dernier, on aurait parié qu’ils avaient des origines moyen-orientales tant leur musique transpirait les grandes étendues désertiques, le sable chaud, le trek dans les montagnes et le thé à la menthe. Un son unique, follement original dans le milieu et qui apportait ce petit grain de folie qui permet de se démarquer de la meute. Et en cette putain d’année 2020 qui voit notre besoin d’évasion exacerbé par la crise sanitaire actuelle, on attendait avec impatience cette deuxième fournée, intitulée Nowhere land.
Dès les premières mesures du titre d’ouverture « Deliverance », on est immédiatement plongé dans l’ambiance, à mi-chemin entre le krautrock allemand des années 70 et le rock acide et psychédélique d’un Hawkwind des grands jours. Bien plus immédiat et rentre-dedans dans son approche que son prédécesseur, Nowhere land démarre sur les chapeaux de roues avec une folle cavalcade et un son de guitare très fifties qui évoque les grandes heures de la surf music instrumentale de cette période. « Space caravan » enfonce le clou et enchaîne dans la même veine avec une guitare ultra acide et une batterie hypnotique. Et toujours cette voix chamanique et cotonneuse de l’ami Karim qui invite à la transe. Du coup, on se pince pour bien être sûr qu’on a affaire à des petits frenchies tant la qualité de ce space rock psychédélique égale voire dépasse les productions plus renommées et plus coûteuses. Du grand art, vraiment.
« Falling gods » ne laisse pas retomber le soufflé et continue sur cette lancée. Plus court et plus immédiat que les deux titres précédents, c’est un buvard sonore imbibé de substances lysergiques qui vous ferme les yeux et vous ouvre l’esprit. « People of nowhere land » est le titre le plus heavy du lot, sans pour autant vous déboiter la nuque… Non, Karkara le fait avec subtilité et classe. Pas de grosse batterie qui martèle sans sommation, pas de grosse guitares saturées, ici vous vous laissez aller, vous êtes bien, englobé dans une bulle cotonneuse et enfumée. Un voyage pour les sens, un trip mystique aux portes de la transe, une invitation à la méditation et à la contemplation. Certes, il faut être dans de bonnes conditions pour rentrer complètement dans cet album mais une fois que vous aurez trouvé le chemin, vous ne voudrez pas faire demi-tour…
Le voyage se poursuit avec « Setting sun » avec, encore et toujours, cette évocation très fifties dans le son de la guitare (on pense aux Tornados, aux Surfaris et j’en passe) et toujours cette voix planante et éthérée de Karim. « Cards » et son rythme saccadé et sautillant nous rapproche de la fin du voyage, intitulé « Witch », le titre le plus sombre du lot. La voix se fait plus menaçante, le son se fait plus franc et vindicatif, le sentiment d’apaisement s’évanouit pour faire place à un côté plus dark qui signe l’arrêt complet du manège. Et c’est les yeux dans le vague et la tête dans les étoiles qu’on redescend sur la terre ferme…
Nowhere land est réellement un disque impressionnant. De par sa qualité d’écriture, de composition et de production, il rejoindra à coup sûr la liste de mes albums préférés de cette année 2020. En tout cas, merci à Karkara pour ce voyage sidéral et sidérant.
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Et le Stade Toulousain alors ??????? Inconnu au bataillon ?