Eldovar – A Story of Darkness & Light


Alors que la période actuelle continue de nous exciter, créant autant d’experts tout terrain que de citoyens, et faisant flipper ceux qui restent, 8 musiciens se sont calmement enfermés dans leur bulle créative pour jammer, composer et nous proposer un voyage différent. A Story of Darkness & Light (« une histoire d’obscurité et de lumière ») est le premier album d’une rencontre devenant inévitable et qui se présente sous le nom d’Eldovar… Dans l’obscurité se cache Kadavar avec son rock psychédélique malsain et distordu. Dans la lumière brillent les mélodies d’Elder s’appuyant sur un rock progressif massif qui dépasse les limites du stoner depuis Reflections of a Floating World. Plutôt par conséquence de la pandémie du COVID-19 que par hasard, les deux groupes se sont retrouvés à Berlin au même moment. Kadavar tournant en rond dans son Robotor Studio, depuis la sortie de The Isolation Tapes, tandis que Nick Disalvo et Michael Risberg (Elder) venaient d’enregistrer le premier album de Delving, projet solo de Nick. On regrettera tout de même l’absence du bassiste d’Elder, Jack Donovan, qui n’a pu traverser l’Atlantique mais qui aurait pu apporter un complément très intéressant au travail de Simon.

Avant d’aller plus loin, il faut quand même prévenir les fans originels de cette association que ce qu’ils vont écouter ne va pas forcément exaucer leur fantasme de voir un mélange entre Lore et l’album éponyme de Kadavar. Elder comme Kadavar se sont détachés progressivement de cette image stoner/psychédélique au fil des albums et A Story of a Darkness & Light est d’une cohérence totale avec cette évolution. Et pourtant, le premier single “From Deep Within” ouvrant l’album aura laissé quelques espoirs avec des riffs efficaces et cette variation d’ambiances maîtrisée par les deux groupes. Le mariage sonne déjà comme un succès notamment dans l’alternance entre le chant de Lupus et de Nick.

L’album se scinde en deux parties bien distinctes. “In The Way” conserve une certaine innocence presque enfantine avec première partie guidée par une guitare acoustique et la voix de Lupus qui tendent vers le folk rock des années 70. On pense très rapidement à Led Zeppelin mais d’autres références viennent aussi chatouiller nos oreilles. Ce morceau fait par la suite plus écho à ce qu’à pu proposer Elder sur ses Gold & Silver sessions. On remarque que cette première partie semble plus se reposer sur un rassemblement des jams qu’ont pu produire Kadavar et Elder, déjà avec les différentes phases de “From Deep Within” mais aussi avec les fins un peu brutales de “In the Way” et “El Matador” qui laissent un goût d’inachevé (surtout avec la suite de morceau qui arrive avec “Rebirth of the Twins”). Bien qu’il ait pu décontenancer certaines, “El Matador” va lui permettre la transition vers la seconde partie de l’album avec son atmosphère plus mélancolique et mystérieuse.

Car si Eldovar diffusait jusqu’ici une certaine lumière, il ne faut pas oublier que c’est une histoire de lumière et de ténèbres ! On va d’abord retrouver les sonorités krautrock chères à Elder sur “Rebirth of the Twins”, venant doucement éteindre les derniers rayons laissés par “El Matador” avant que “Raspletin” nous propulse dans une obscurité spatiale à coup de guitares saturées. Le décor s’assombrit encore un peu plus sur l’intro de “Blood Moon Light” avant de passer de nous plonger définitivement dans des ténèbres apocalyptiques. “Blood Moon Light” est la vraie réussite de A Story of Darkness & Light. Faisant de gros échos au Pink Floyd époque Dark Side of the Moon, le titre est maîtrisé de bout en bout et apporte enfin, grâce au couple batterie/basse, la puissance et la profondeur de son que l’on pouvait attendre d’une association entre ces deux groupes. L’album se termine par “Cherry Trees”, qui vient balayer l’obscurité de ces derniers titres avec une très belle mélodie au piano accompagné d’un chant voilé rappelant que le cerisier est aussi associé au phénix et à la renaissance (au final, la lumière et la paix l’emportent sur les ténèbres. Un poil naïf mais ça ne fera pas de mal en ce moment).

A Story of Darkness & Light est un bel album… Un très bel album même qui révèle ses secrets à force d’écoutes et qui dégage une vraie force introspective si l’on arrive à se couper du monde pour se plonger dedans (à l’instar du projet Delving de Nick). Les univers d’Elder et Kadavar s’accordent naturellement, notamment sur « From Deep Within” et “Blood Moon Night” avec une alternance de chant intéressante et une construction des morceaux aussi intelligente qu’efficace. La fluidité entre les titres à partir de « Rebirth of the Twins » permet aussi de rentrer complètement dans l’univers proposé. A Story of Darkness & Light donne en tout cas envie de voir cette collaboration perdurer. Ce ne sera sans doute pas le cas mais on peut toujours rêver !

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

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