Smokey Mirror – Smokey Mirror


En termes de musique inspirée des grandes heures 70’s (voire un spectre couvrant un bout des 60’s jusqu’aux 80’s), on peut assurément avoir confiance dans l’appréciation de Rise Above Records. La maison de Lee Dorrian, bien tenue, est au global la démonstration d’une réelle intégrité dans le genre, et même si le prisme musical de ses groupes couvre un nombre de genres musicaux significatif, le frontman de feu-Cathedral a rarement été pris à défaut concernant la qualité de ses productions. Se jeter sur cette galette est donc une opération que l’on considère « sans risque ».

Le diagnostic confirme vite cette hypothèse : qualitativement, on est bien sur une fort séduisante formation, un trio-devenu-quatuor qui propose un heavy rock 70’s d’école. Un groupe jeune toutefois (c’est leur premier LP, après une paire de formats courts sortis sur ces quelques dernières années), en provenance d’un terroir propice  aux petites perles musicales comme aux pires calamités : le Texas. On vous rassure, on est plutôt dans le premier cas ici.

L’énergie déployée sur cette galette, les différentes pistes musicales explorées, rendent l’écoute de ce premier effort parfois un peu confusant. Ça commence par le très énergique « Invisible Hand », un petit brulot de power rock 70’s drivé par une batterie frénétique emmenant une rythmique heavy blues à fond les ballons, et larvé de soli débridés absolument jouissifs pendant presque 5 minutes. Une bien belle entrée en matière, en somme. Le titre suivant « Pathless Forest » montre une autre facette du groupe, un titre plus posé (on est quand même un peu plus rapide que du mid-tempo classique…) mais reposant sur un gros riff principal et une ligne vocale / refrain implacables (l’occasion de mettre en lumière le chant rocailleux de Mario Rodriguez, absolument enthousiasmant). Probable point culminant du disque, « Sacrificial Altar » vient coiffer l’ensemble de toute sa majesté, bien servi par un gros riff sur plus de trois minutes, puis enchaînant une succession de séquences stylistiquement sans queue ni tête, tout en déroulant des tombereaux de soli orgasmiques dans des genres très variés.

Et ça continue ainsi dans un torrent musical littéralement débridé, sur 9 titres (pour 42 minutes, on est pas loin du Nombre d’Or de la production musicale), où le groupe pioche dans le blues, le psych rock, le hard rock, le jazz (ce break et ce petit solo de batterie sur « Magick Circle », la première moitié de « A Thousand Days in the Desert », le break au milieu de « Sacrificial Altar »…), et même country et flamenco (les titres de transition respectivement « Fried Vanilla Spider Trapeze » et « Recurring Nigthmare »), tout en déroulant sur la longueur une leçon de boogie impeccable – on peut tourner autour du pot comme on veut et essayer de se défaire du cliché, ça reste un dénominateur commun des meilleurs groupes texans.

Bien aidé par une prod efficace et respectueuse de la généalogie du groupe (on retrouve les codes sonores 70’s, y compris lorsque le groupe use de gimmicks assez discutables, comme ce traitement vocal « chevrotant » sur « Magick Circle » et « Sacrificial Altar », à l’image de facéties parfois saugrenues que l’on retrouvait dans certaines productions d’époques), ce premier album ressemble fort à une démonstration de tout le potentiel de cet enthousiasmant jeune groupe. Vous l’aurez compris, l’aspect un peu « chien fou » de ce combo, qui part un peu dans tous les sens, pourra déstabiliser l’auditeur plus habitué à des codes plus clairs et des disques plus « cadrés ». Mais la créativité du groupe, et surtout son talent, font vite pencher la balance du côté « on en reveut ». L’attente qui vient juste derrière est de retrouver le quatuor sur des planches, où leur sens du groove devrait faire un malheur (bien porté par une rythmique que l’on sent propice aux jams et des solistes prometteurs).

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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