Le dernier album des sud-africains de Ruff Majik, The Devil’s Cattle, s’était avéré une très belle surprise, très marquée par l’ajout de Evert Snyman, partenaire de longue date du groupe, au line up officiel, en véritable partenaire de l’hégémonique leader Johni Holiday. Bye bye Snyman, on retrouve Holiday en chef d’orchestre omniprésent. Après tout, c’est son groupe, ce n’est pas forcément mauvais signe…
Il ne faut pas longtemps pour retrouver le « package Ruff Majik », puisque dès « Hillbilly Fight Song » en intro les ingrédients de la mixture sont déjà tous là : riffing de qualité, gros son, chant caractéristique (très nasillard mais ça fonctionne bien) souvent repris en double, mélodie redoutable, structure « droit à l’essentiel » (la plupart des chansons durent moins de trois minutes, une rareté de nos jours !). Autre composante clé du groupe : le rapprochement avec le QOTSA des trois premiers albums reste significatif, de manière quasi troublante parfois (voir le premier single, « She’s still a Goth », avec ses leads décalées rappelant les licks mélodiques de Josh Homme, sa rythmique robot-rock emblématique, son son de guitare rythmique, sa ligne vocale en fond de refrain…). Même constat un peu plus loin sur « Queen of the Gorgons » par exemple… On comprendrait que ça sonne un peu malaisant pour certains puristes, mais on reconnaîtra à Ruff Majik le fait que non seulement ils ne basent pas tout leur socle musical sur cette tendance (la galette foisonne de références variées), mais qu’en plus ils ont un paquet d’autres arguments à faire valoir. Parmi ceux-ci, le plus notable est cette capacité à pondre des titres catchy et super efficaces, sans pour autant faire dans la simplicité absolue (on n’est pas dans des titres punk rock basiques : on évolue dans un environnement de compos à tiroirs, riches en breaks bienvenus, arrangements audacieux, parenthèses sonores…).
Les illustrations sont nombreuses, et la plus flagrante intervient avec le redoutable « Rave to the Grave » : tempo pied au plancher, gimmick de clavier bienvenu, chœurs et « clappings » parfaitement adaptés, mélodie immédiatement mémorable et refrain à l’avenant, petit solo rafraîchissant… On peut aimer le style ou pas, en attendant il n’y a pas des dizaines de groupes capables de composer des petits brulots de cet acabit. Même le groovy « Cement Brain » déroule sa nonchalance crooner sans paraître saugrenu… Petit bémol, comparé à l’album précédent, Elektrik Ram comporte plusieurs titres moins réussis : c’est le cas selon votre serviteur de la triplette finale, à commencer par le molasson (mais efficace) « A song about Drugs (with a clever title) ». Ces trois derniers titres lents/mid-tempo, bien moins punchy, auraient été plus efficaces en guise « d’aération » dispersés en milieu d’album, plutôt que d’être rassemblés en fin de disque, pour une conclusion un peu lourdingue…
Moins impressionnant ou surprenant que The Devil’s Cattle (qui nous avait bien désarçonné), Elektrik Ram met sur la table un sacré paquet d’arguments en sa faveur. Déjà, si vous aimez votre stoner plutôt léger et punchy, chargé en chansons à chanter à tue-tête, et que vous appréciez les premiers QOTSA, il ne fait pas de doute que vous devez vous pencher sur ce disque. Sa quantité de compos quasi-jouissives compense largement les quelques rares passages à vide qu’on pourrait mettre à son débit.
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