On ne donnait pas cher de la peau de Tar Pond depuis le décès de leur bassiste et membre fondateur Martin Ain (oui, celui de Celtic Frost). En réalité, le quatuor n’existait déjà plus en 2020 lors de la sortie de Protocol Of Constant Sadness, son premier album que l’on croyait déjà posthume, trois ans après la disparition de Ain ! Ce premier album méconnu (essentiellement car mal né sur un label obscur et peu vendu faute à une distrib et une promo peu efficaces), œuvre collective de musiciens suisses (dont Marky Edelmann de Coroner – son collègue Vetterli produisant la rondelle), est pourtant remarquable (dans tous les sens du terme) et la perspective d’un second disque, même si peu crédible, était séduisante. Apparemment, nos doutes étaient peu fondés, et les musiciens ont décidé de s’atteler à un second disque.
Musicalement, les marqueurs de Protocol… sont tous bien là, et on reconnaît immédiatement la patte du groupe : proposant une sorte de metal doom très sombre, Tar Pond se démarque en particulier en deux points : le chant de Thomas Ott d’abord, qui a beau la jouer sobre (et avec des effets discrets), apporte une touche bien particulière à la musique du groupe, avec son timbre en chant clair et aux atours presque “hantés”, même si peu mélodique finalement ; mais surtout c’est cette production de riffs simples et catchy qui marque le plus, un riffing qui rappelle inévitablement le style très sombre de Hangman’s Chair, avec ce jeu de guitare très répétitif et lancinant. Avec quelques arrangements metal doom bien old school (dont quelques échos de guitare lead qui rappelleront Type O Negative), le paysage musical a donc tout pour séduire le doomster lugubre et taciturne.
Le quintette (qui, outre Ott et Edelmann à la batterie, comprend toujours Stefano Maurielo à la guitare, avec deux nouveaux collègues) propose cinq compos bien denses et efficaces. Bien construits, les titres autorisent de nombreuses écoutes sans provoquer le moindre ennui, à force de quelques subtilités et chemins de traverses bien sentis. On mettra en particulier en exergue le très beau “Something”, un titre commençant par des tonalités très dark et qui, s’il n’atteint jamais vraiment de perspective très lumineuse ni aérienne, s’élève plusieurs fois sur des passages plus légers, entre autres revirements musicaux intéressants.
Tar Pond apporte avant tout avec Petrol une preuve de vie cinglante, et conséquemment des perspectives de futurs disques qu’on n’osait espérer. En tant qu’album, il propose une suite logique à leur premier disque, qui ravira non seulement ses éclairés amateurs, mais a aussi le potentiel de séduire une frange exigeante de doomsters curieux. Reste à savoir quelle sera la capacité du groupe à se développer, notamment au delà des rondelles plastiques, c’est à dire sur les planches, un environnement où il a brillé par son absence jusqu’ici.
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