Découvert à la faveur d’un split encensé par la critique l’année dernière, Asteroid revient sous les feux de la rampe avec ce premier album sans titre dont on attendait pas grand chose mais qui se révèle être une belle surprise, renforçant le sentiment que 2007 sera un excellent crû stoner. Fuzzorama a décidément le nez bien fin pour dénicher de jeunes loups avides de se faire une place au sein de la meute en balançant des albums frais et innovants et ces petits nouveaux pourraient bien faire parler d’eux autant que leurs compatriotes de Truckfighters.
Plus qu’une confirmation, ces onze titres constituent une véritable révélation tant le trio semble avoir évolué depuis le split, particulièrement au niveau de la composition plus fouillée et plus aboutie. Sans jamais se départir d’un talent mélodique évident, Asteroid reprend ici le flambeau de Mammoth Volume, un groupe précurseur souvent mésestimé, en incluant une dimension progressive salutaire à leur Fuzz Rock, s’éloignant en cela des stéréotypes d’un genre qui commence à se mordre la queue. Chaque titre s’efforce en effet de s’extirper du carcan trop strict du Heavy Rock expédié tout fuzz dehors (même si celui-ci est très présent) en incluant un tas de break, en sortant la basse terriblement groovy de son rôle strictement rythmique pour venir doubler les lignes mélodiques ou en se jouant des alternances couplets-refrains. Par « progressif », n’entendez pas des plages de quinze minutes tarabiscotées et bourrées de solos interminables, Asteroid se contente de pondre une suite de titres directement assimilables où les enchaînements de riffs juteux, de plans Folk ou Blues et de passages acoustiques se font avec la plus grande fluidité et sans précipitation grâce à des arrangements soignés, ne requérant aucune concentration particulière de la part de l’auditeur. Avec la matière qu’on retrouve ici, certains groupes auraient pu faire trois albums. Mais nos jeunes suédois, visiblement très inspirés, préfèrent ne pas se fixer de limites et empilent toutes leurs idées souvent excellentes pour un résultat qui, surprise, est loin d’être indigeste, parvenant même à rester excitant de bout en bout. Difficile d’extirper un titre du lot, tous se valent et contiennent un moment de pur bonheur mais s’il ne devait en rester qu’un, ce serait probablement Little Fly qui synthétise à lui seul toutes les qualités de l’album.
Les pourvoyeurs de rythmiques linéaires et de riffs éculés peuvent commencer à se faire du souci. Asteroid, aux côtés de quelques autres, est en train de propulser le stoner dans une nouvelle ère où les groupes sans audace n’auront pas leur place.
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