Il nous arrive parfois, au hasard de nos pérégrinations nocturnes, d’entrer dans le sous-sol d’un bar et de tomber sur un groupe inconnu. Souvent la première partie d’un nom populaire, ou bien une équipe locale. Nous pouvons de la même façon apprécier ce groupe au point de s’agiter dans la fosse et de visiter le merch en fin de show. Puis le lendemain, l’alcool et la joie de retrouver les copains ne pesant plus dans la balance, il arrive que l’écoute à tête reposée de la récente acquisition ne nous séduise pas davantage que la gueule de bois qui nous accompagne depuis le levé. Et bien avec Atomic Vulture, ce n’est pas du tout le cas.
Autant le trio originaire de Bruges sait casser des bouches sur scène, autant il sait insuffler une énergie similaire dans ses albums. Et notamment le premier intitulé Into Orbit et paru en octobre 2014. On y découvre un stoner instrumental tantôt posé, nous invitant au voyage et à l’introspection avec des pistes comme « Winter Blues », tantôt une machine chargée d’explosifs nous balançant un stoner percutant aux riffs très accrocheurs. « Tequila », « Spider », autant d’intitulés évocateurs pour ces deux morceaux qui déménagent dès les premières secondes. Et que dire de « Mos Eisley Spaceport » ; la piste finale et sans doute maîtresse de ce premier album. Une atmosphère de puissance sinistre se dégage de ce titre. Il s’articule autour de la basse grassouillette de Jelle et de la grosse caisse de Jens pour installer une rythmique propice à déployer tout un arsenal de riffs et de sombre mélodies. Ce que s’empressera de faire le guitariste Pascal David.
Toutefois, là où la monotonie des riffs de Karma To Burn peut en lasser certains, la richesse de composition d’Atomic Vulture tient en éveil. Une certitude acquise lors de l’écoute du récent EP sorti il y a quelques mois et nommé Stone oh the Fifth Sun. Premier constat, la quatre cordes change de propriétaire et tombe désormais entre les mains non moins talentueuses de Kris Hoornaert. Deuxième surprise, la présence d’une voix sur « Rain ». Non qu’il s’agisse ici d’une double casquette artistique de la part d’un des membres du trio mais bien d’une participation extérieure ; celle d’Henk Vanhee, chanteur de Cowboys & Aliens.
Au-delà de ces changements, le groupe conserve sa substance. Bien qu’il semble évoluer davantage vers le space rock et le psyché plutôt que de s’enfermer dans les carcans confortables des riffs accrocheurs ; sauf peut-être pour « Earthquake » qui se rapproche des premiers amours dévastateurs du groupe. Et encore. « Water » de son côté évoque du Somali Yacht Club dans son écriture comme dans son style subtil, tandis que « Wind » concilie à merveille les hauteurs astrales du psyché avec des abysses sans fonds de lourdeur comme pourrait le faire REZN.
Encore une étape de transition donc pour le groupe, qui s’essaie à la nouveauté afin d’en saisir et de s’en approprier le meilleur. Nul doute qu’à l’issue de leurs tournées, lorsque les trois gaillards retourneront bûcher en studio, il en résultera un album liant toutes les qualités passées avec les apprentissages acquis sur le chemin. En attendant, ne manquez pas de découvrir ce qu’Atomic Vulture qualifient eux-mêmes, et à juste titre, d’« Instrumental psychedelic kick-ass stoner band ».
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