Le déferlement Postwax continue ! Pour rappel, cette année le label Blues Funeral a lancé un dispositif un peu atypique, proposant une série de disques (vinyl oriented) d’artistes gravitant autour de la sphère stoner, généralement des EP, de matériel inédit. L’ensemble devrait sortir sur 2019, et ce disque rentre donc dans ce contexte. Frost en l’occurrence est un plutôt « gros » EP de 5 titres, pour 26 minutes. Il est proposé par ce groupe suédois au sobriquet scandaleusement imprononçable, dont on vous a parlé il y a quelques mois à l’occasion de la sortie de leur premier album.
Dans le cadre Postwax, les initiatives de chaque groupe diffèrent : certains jouent le contre-pied (Elder et son disque « décalé » et expérimental, cf notre chronique il y a quelques mois), d’autres montent des projets spécifiques (on vous parle bientôt de Big Scenic Nowhere)… Dans le cas de ce Frost, on est globalement dans la continuité, musicalement. Le quintette confirme son orientation finalement de plus en plus éloignée d’un son stoner, penchant vers un axe plus rock/metal/dark, plus proche de ses velléités (ils ont un peu été vendus à tort comme « ex-Dozer » alors que l’influence du groupe culte n’apparait nulle part, et n’a jamais été revendiquée par le groupe lui-même).
Le chant de la vocaliste Lea est toujours le principal élément distinctif du groupe, avec des lignes vocales claires et posées, jamais poussées dans leurs retranchements.
Petite évolution néanmoins : finis les titres chantés en suédois, place à l’anglais sur tous les titres cette fois.
Côté compos, peu de surprises là non plus, on retrouve vraiment les différentes nuances déjà identifiées dans le premier long du groupe. « When we fall » propose un riff un peu travaillé qui fait penser aux structures des récents QOTSA (pas vraiment nos préférées, mais une orientation significative du groupe). « All things break » est lui aussi un mid-tempo, qui repose pour sa part sur un lick de guitare aux relents folk et sur un refrain mélodique assez prenant. « In the Dark » est une belle démonstration de leur talent à composer des titres dark bien efficaces, avec en particulier une mélodie vocale sur le couplet intéressante et un accompagnement musical catchy. « Human habits » tire sur le versant musical un peu « pompeux » du groupe, plus grandiloquent, avec de gros arrangements et des chœurs bien chargés pour porter ce gros mid-tempo… Et enfin « Past in Haze » clôt l’album avec des éléments très intéressants : le couplet développe une ambiance ouatée à souhait, comme son titre le laisse imaginer (bien emmené par la basse de Rockner), tandis que le refrain nous ramène à des considérations plus traditionnelles. Ce titre assez long (plus de 7min) devient un peu plus intéressant sur la deuxième moitié, mais ne réussit pas toutefois à atteindre ce l’on aurait pu l’espérer, à savoir un titre plus ambitieux voire épique.
Clairement, de par sa nature même, ce disque ne bouleversera pas la planète stoner en 2019, d’une part par son détachement affirmé du style qui nous intéresse, et d’autre part parce que cet EP, dans la continuité de la production précédente du groupe, n’apporte finalement pas beaucoup plus d’eau au moulin. Qualitativement au niveau de leur album précédent, ces cinq titres s’inscrivent dans sa stricte continuité stylistique. Du coup, point de surprise ou de révélation à l’horizon. Un bon disque, dans un genre qui n’intéressera qu’une part de notre lectorat.
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