Bleeding Eyes – Gammy


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La très prolixe scène italienne à vu sortir fin 2014, le cinquième album de Bleeding Eyes. Voilà 13 ans maintenant que ces vieux grognards du sludge s’appliquent à recouvrir de boue leur botte de pays. « Gammy » est leur 5ème album et fait montre d’une maîtrise toute particulière du genre, nous proposant la photographie aérienne et planante d’un paysage souillé de poisse, englué et tourmenté.

On sait depuis l’antiquité que les Italiens sont des bâtisseurs hors-pairs, de géniaux architectes. Bleeding Eyes ne déroge pas à la règle ouvrant son opus par « La Chiave », la clef. Ce morceau synthétise l’esprit de l’album, des lignes aériennes de guitares couvrant une assise grasse et lourde, ouvrant la porte d’un univers personnel et marqué. « Gammy » est la Daumus aurea des transalpins. Un album parfaitement construit, reflétant la folie de ses géniteurs à l’instar de la demeure de Néron. Mais Bleeding Eyes n’assèche pas les marais pour construire son palais. Non, il ancre ses fondations dans la boue terrienne. « Amaro Tez » ou « Lacrime Flume Sangre Dolore » déversent leur sludge efficace, soutenus par une voix scandée en italien, filant une rouste directe à l’écoute, migrant ses riffs dans le sud de l’Amérique.

« A fistfull of dynamite » syncrétise les influences du groupe est fait naître une nouvelle facette, plus stoner, plus limpide dans les riffs et les mélodies (très System of a Downesque dans le chant sur celle-là). Mis à part « Gammy » les compos ne dépassent jamais les 6 minutes, ce qui permet d’éviter des redites et de ne pas se perdre en route. La galette est parcourue et piquée d’effets éthérés, de lignes réverbérées, de morceaux plus aériens, « Full Fledged » par exemple, qui permettent de surélever l’ensemble, de donner de l’esprit à la musique très corporelle du combo. Ces instants de respiration offrent un contrepoint salutaire aux morceaux plus dégueulasses, les rendant encore plus sales et caca (oui c’est possible).

L’alternance du chant italien/anglais est intéressant car il offre une palette plurielle d’émotions à chaque instant de l’album. Du prédicateur méditerranéen inquiétant et dictatorial, au chœur anglais tout en mélodie, tout y passe, reste cohérent et lie bien l’ensemble. Le mixage et la production sont cohérents et offrent un écrin sur mesure à la musique de Bleeding Eyes qui, au final, ne souffre peut-être, que de son artwork. Le front plissé, les yeux inquiétant d’un mec chelou tout frippé, semblant scruter une femme Casper devant sa cabane en bois, tout ceci semble étrangement adolescent pour représenter la musique foutrement adulte des italiens. Bref.

« Gammy » est une bonne surprise. Moins monolithique qu’il n’y paraît, transcendant le genre, l’album se découvre au fil des écoutes, laissant apparaître des titres bien composés et la patte toute personnelle de Bleeding Eyes. Son sludge psychédélique fait mouche, larguant des ptits bouts de buvard au LSD dans les marécages de Crowbar et Weedeater. Un bon moment d’écoute, un édifice efficace étalant sont architecture de ses origines latines à ses influences ricaines. A écouter avec des bottes en caoutchouc.

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