A une poignée de jours près deux ans après la sortie de A Pound of Flesh, le trio de Washington D.C, Borracho remet le couvert avec Blurring The Lines Of Reality. La promesse d’une galette stoner pas trop diluée, classique sans être lassante et galvanisante as well pourrait bien être confirmée ne serait-ce que parce que le groupe confirme sa présence sur Kozmik Artifactz, promoteur bien connu du style sus-décrit.
Avec son intro entre lignes orientales et spiritualisme indien ça fleure bon l’exotisme et ce sur trois titres consécutifs. Mais l’astuce se retrouverait vite éventée s’il s’agissait d’en faire un thème pour tout l’album, qu’à cela ne tienne, le Borracho revient à chaque titre en quelques minutes dans ses boots graisseuses avec le chant délicieusement malsain et dégoulinant de Steve Fisher qui se glisse entre deux saillies bien velues.
Du pur stoner cousu main, phrases courtes, coups de boutoirs soniques pour un album qui ressemble d’entrée de jeu à un EP en version extended, c’est à dire, une ouverture par un triptyque “Architects of Chaos I”; II et III pour 20 minutes de kiff et trois titres en complément “Loaded”; “This Great War” et “Burning Goddess” afin d’atteindre la jauge du LP (bien qu’un seul “Burning The Goddess” de 13’24 y aurait suffi!).
Du gras donc mais pas que! Le titre “Architect of Chaos III” aurait pu être une piste éponyme puisque ce sont ses paroles qui donnent le titre de l’album, il place la conclusion du triptyque d’ouverture dans une ambiance subtile. On y trouve une basse continue saupoudrée de cymbales élégantes où la gratte égrène ses notes toujours dans la plus pure des sonorités stoner pour mieux s’enjailler à mi-parcours d’un solo heavy stimulant avec son jeu de questions/réponses. Saluons au passage la production léchée de l’objet : Blurring The Lines Of Reality est tout de même plus subtil que du saindoux pur, mais il montre quand même les muscles et les variations stylistiques au sein des morceaux ne détonnant pas. Elle reste cohérente jusqu’au replet “Burning The Goddess” final qui soulève la poussière du désert et chauffe comme le soleil de midi. De la cowbell, du vibraslap, de la disto, rien que de belles sonorités traditionnelles qui propulsent la piste de bout en bout et concluent parfaitement l’album.
Au final Borracho continue sur sa lancée avec un album fait de bon gros stoner à l’américaine, ça met le pied dedans, fonçant cheveux au vent et moteur hurlant vers un potentiel soleil couchant en prenant quand même le temps d’un arrêt du côté de la subtilité. Le groupe réalise une belle confirmation de sa place dans le domaine du desert rock classique s’imposant un rythme de sortie de ses productions suffisamment espacées pour ne pas détourner son public de ses compositions par lassitude.
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