Tout droit venu de Manchester, Boss Keloid a sorti son premier album en 2013, The Calming Influence Of Teeth, survolé par l’influence d’un Mastodon dans ce qu’il a de plus groovy et de progressif. Sans s’être vraiment éloigné de ce chemin, les anglais se sont accordés quelques petits détours sur des sentiers un peu plus paumés. À la fin de leur randonnée, ils nous sont revenus avec des ampoules aux pieds et surtout Herb Your Enthusiasm, leur nouvel album sorti cette année chez Black Bow Records.
En plus d’avoir les mêmes initiales, Boss Keloid partage avec le géant du burger la même générosité calorique. Et d’emblée, le premier titre « Lung Mountain » devrait vous en persuader : ça balance du riff à t’en décrocher la mâchoire et c’est puissant comme un moteur 14 cylindres. Pas étonnant, lorsque l’on sait que l’album a été enregistré au Skyhammer Studio par Chris Fielding, producteur, bassiste de Conan, et homme multifonctions dans le domaine du gras, n’étant pas à son premier coup d’essai. Le chanteur Alex Hurst (d’ailleurs rejoint ici par Jon Davis de Conan) accompagne le tout d’une voix profonde, grave et caverneuse. On pense ici à du Crowbar en plein essor. Convaincu ? Nous aussi.
Fidèle à ses influences, Boss Keloid aime aussi surprendre en intégrant divers changements de tempo et autres passages inattendus, comme sur « Harleem Struggle », ne laissant pas vraiment de repos à l’auditeur.
Mais la vraie originalité de l’album réside dans l’utilisation régulière d’un effet transformant la guitare de Paul Swarbrick en un espèce d’orgue de barbarie suranné, ronflant et vacillant. Son timbre vieillot nous plonge comme spectateur d’un spectacle burlesque dans un cirque déglingué, avec quelques bêtes de foires çà et là. Dans un premier temps surprenant, on adhère rapidement à cet instrument non identifié, dont l’utilisation est toujours intelligente et jamais excessive. Quasiment tous les morceaux pourraient être cité en exemple, mais on peut vous donner en vrac « Axis Of Green », « Lung Valley » ou encore « Elegant Odyssey », pour les plus savoureux d’entre eux.
« Hot Priest », le dixième et dernier morceau (le plus long également), se permet de donner le dernier coup de marteau sur le clou du psychédélisme colorant l’album du début à la fin, avec une wah-wah enflammée et toujours ce fameux orgue de la quatrième dimension.
Dans un genre où les vraies nouveautés ne sont pas monnaie courante, Boss Keloid réussit à combiner des sonorités improbables et déconcertantes à des influences classiques, et cela s’avère vite séduisant. On pourrait même déplorer certains passages finalement bien trop ordinaires au regard d’autres carrément plus originaux. Mais ce serait chercher la petite bête, car quoiqu’il en soit, Herb Your Enthusiasm place directement Boss Keloid dans la catégorie « Procol Harum du Sludge », avec pour seul concurrent eux-mêmes.
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