La triplette de frenchies expatriés à Londres nous avait gratifié d’un premier effort (chroniqué dans cette gazette virtuelle) en 2012 et nous en avions pensé le plus grand bien. Après quelques tournées, les réfugiés – bienvenus – en Grande-Bretagne nous livrèrent Shaman l’an passé. Ce deux titres dématérialisé est toujours disponible en téléchargement sans délier bourse (sauf si vous désirez passer par le site marchand de la pomme) pour ceux que ça intéresse et qui auraient loupé cet épisode. Le trio nous déballe aujourd’hui le grand jeu avec le long format Before The Shore qui sort ce printemps.
Ce fameux long format, longtemps attendu, débarque en grande pompe (voir le point vinyle plus bas) sur le label HeviSike. Produit par le groupe ainsi que JB Pilon, les sept titres de cet opus mature tapent dans un registre stoner apaisé tirant parfois sur le doom classieux d’une manière fort agréable. Les rythmiques, assurées par Max Ternebring (le petit dernier à avoir rejoint l’aventure) à la basse et Zacharie Mizzi à la batterie, abattent leur boulot tels des métronomes et laissent pas mal de champ au frontman du trio Romain Daut. Le type en charge des guitares et des parties vocales profite plutôt bien de cet espace à sa pleine et entière disposition pour placer des petits soli bien sentis et surtout mettre à profit ses compétences de vocalistes. Ca change de certaines formations estampillées stoner qu’on imagine presque tirer au sort lequel des membres se collera derrière le micro. Les aptitudes au chant du garçon s’avèrent un élément central des compos de ces citoyens de la Grande Europe et lui permettent de varier les styles tout en restant pertinent. J’en vois sourciller dans l’assistance et je les rassure : Bright Curse ne fait pas que dans la vocalise. Loin s’en faut.
Bright Curse pratique un savant mélange de doom à l’américaine (pas un truc visqueux et glauque pour bourrin donc) et de jams psychédéliques tournant parfois à quelques encablures du blues. Certains titres, comme “Northern Sky” nous rabibochent avec les compos calmes en flirtant avec l’héritage de Deep Purple. La présence d’un orgue sur ce titre renforce d’ailleurs ce rendu et la montée en puissance qui intervient au milieu du morceau vient saisir l’auditeur avant une redescente tout en douceur ponctuée en version feu de camp avec guitare acoustique. D’autres, comme “Lady Freedom” – qui est une excellente entrée en matière pour ouvrir l’album – sont nettement plus pugnaces avec des riffs aussi simples qu’efficace. Un petit je-ne-sais-quoi sympathique me rappelle agréablement Dozer sur ce titre furieux qui s’annonce comme étant une véritable boucherie en live.
Ma préférence va clairement à “Walking in a Graveyard (Bloody Witch)” qui, une fois passée l’intro groovie, est une compo lourde juste comme il faut pour les inconditionnels des deux premiers Kadavar. Très représentative de ce disque, cette plage a le curseur juste bien placé entre lourdeur overdrivée et jam psyché. Une livraison d’excellente facture qui devrait aider ce groupe à se retrouver en première division du stoner européen : une place qu’ils méritent amplement !
Point Vinyle :
C’est compliqué : une édition ambassador (pas celui qui distribue des chocolats) en crystal clear limitée à 50 copies doté d’un artwork différent numéroté à la mimine avec un médiator et une photo retro du trio, 50 copies du même tonneau sans extra et 200 copies bone white ; chacune de ces trois éditions étant accompagnée d’une version CD pour les gens modernes.
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