Le quatuor de Virginie Occidentale est de retour sur Metal Blade pour une deuxième livraison sur ce major de son savant mélange de doom à l’américaine et de rock psychédélique. San Francisco, sa maison bleue et sa grandeur du temps des hippies semble bien loin – tant en distance kilométrique qu’en espace temps – et pourtant c’est en plein trip babacool que nous emmènent ces Etasuniens restés bloqués sur des sonorités d’il y a un demi siècle.
Les aficionados de plans barrés sludgisants gravitant autour de l’épicentre des marécages de Louisiane et les fans des thrashers de la Bay Area peuvent retourner à leurs occupations du moment ; la magie de Brimstone Coven est plus en lien avec celle de Saint Vitus qu’avec celle de Slayer ! Les lascars originaires de Wheeling (ça ne s’invente pas) n’auraient pas dépareillé sur la bande-son d’un vieux film ricain traitant de rêves de liberté sur deux roues avec leurs accords de guitares rythmiques plaqués à grands renforts de chorus ou autres reverbs servant de piste d’atterrissage à des voix superposées façon cœurs.
Ça transpire le patchouli, les fleurs multicolores, la paix, l’amour fou et les calmants de Marie-Jeanne à chaque mesure. C’est un brin axé, aussi, sur les superstitions (qui a parlé de sorcellerie) si chères aux seventies et à sa recherche d’une autre spiritualité que celle institutionnalisée dans ce pays, jusqu’à être imprimée sur les billets verts. C’est un peu normal pour une région où a été observé le fameux homme-papillon alors que naissait le mouvement hippie aux USA. Charles et sa famille de grands malades ont par ailleurs incarné cet esprit des années septante à leur manière et, question années de l’amour libre et sabbat, d’autres sont déjà passés par là et s’en sont plutôt bien sorti jadis, voire plus récemment avec des formations comme Orchid qui pratiquent néanmoins un style plus lugubre que la bande du comté de Marshall (ça aussi ça ne s’invente pas).
Allumez les chandelles ou les bâtonnets d’encens, faites chauffer la pipe à flotte, enfilez vos pattes d’eph, dégainez votre haut préféré à col pelle à tartes, accrochez vos couvertures batik aux murs et envoyez le diamant dans le sillon de ce double lp – aussi dispo en virtuel et cd pour les gens modernes – pour vous taper une bon délire certifié plusieurs fois vintage. L’ombre du Zeppelin planant sur des titres comme « The Plague » ou « Slow Death » ainsi que l’esprit du sombre Sabbath sur « Upon The Mountain » ou « The Seers » vous ramèneront dans un passé aux charmes envoûtants. Envoûtant comme « Forsaken », un titre de plus de cinq minutes – dans la moyenne de l’album – à peine overdrivé dans la veine de « I Want You » que les quatre pâles types de Liverpool ont sorti de la route d’Abbey à la fin des années soixante. L’intervention de plusieurs vocalistes qui s’entassent – ou se succèdent – alliée aux soli dégoulinants est imparable. Envoûtant aussi comme « Black Unicorn » à qui va ma préférence : la plus concise des plages avec moins de trois minutes au chrono officiel et un riff poutrement efficace qui se distancie un peu des neuf autres titres de cette sortie par son urgence plus en lien avec le néo-psyché en vogue actuellement sans toutefois tourner le dos à la flavour seventies de l’œuvre accouchée par ces quatre rockers en noir aux allures de disciples de Lavey. Back to the real roots et merci les gars de m’avoir offert ce bain de jouvence !
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire