Forcément avec un nom pareil, on imagine de la filiation violente mâtinée de traîtrise et de poignard vengeur. Ce Brutus-là, petit fils adoptif de Black Sabbath et de Blue Cheer, fait plutôt dans l’hommage et la partition appliquée. Ça suinte les 70s par toutes les mécaniques des guitares.
Le quintet scandinave dans “Behind The Mountains” nous balance un rock typé, efficace, qui dès les premières notes et harmonies vocales de “The Witches Remains” nous emmène à Birmingham en 1968. C’est sombre, lourd, ça bourdonne velu. Mais les poilus savent aussi se faire groovy et les morceaux suivant, “Personal Riot” et “Big Fat Boogie” sauront dénuquer le plus gonflé des culturistes. Du riff efficace sur de la rythmique binaire, du solo rocaille et de la basse précise, du son taillé pour le live et la bière.
Là où réside l’intérêt de cet album, c’est quand Brutus ralentit, quand il tape dans le mid-tempo, quand le blues envahit les entrelacs des guitares, que la section rythmique fait sonner la mélancolie. “Blue pills” est un de ces morceaux où le groupe prend le temps de nous en coller une derrière l’oreille. Et “Reflections” en est le merveilleux représentant. Quatre notes fortes, lentes et marquées annoncent la couleur. Brutus ne fait pas dans la ballade sirupeuse mais dans l’introspection, dans la mélodie lancinante. « and she lost her mind ». Le chant plus posé que sur les autres titres invite à l’écoute. Oui définitivement un blues, mais un blues bâtard qui en son centre bascule dans une course effrénée où le groupe accélère comme s’il avait le diable aux trousses. Ca joue vite, ça joue foutrement juste, on exulte à l’idée de prendre cette claque en live. Uppercut. Le titre re-bascule dans le mid-tempo, on reprend son souffle. Le crunch de la guitare, les nappes d’orgues subtiles, à nouveau, Brutus décélère et nous laisse pantois après ces 7 minutes incendiaires. Je comprends ce que ressentent les personnages sur la pochette de l’album. Et pour le coup, de noter le réel intérêt de l’artwork et la corrélation avec la musique du groupe.
L’album se termine sur “Can’t Help Wondering Why”. 9 titres, 45 minutes. Pas plus, pas moins, pas besoin.
“Behind the Mountains” est un album concis et honnête, la production y est propre, le mixage précis laissant la place à toutes les composantes du groupe. L’addition d’orgue et d’harmonica se fait avec parcimonie et juste ce qu’il faut pour enrichir des morceaux comme “Crystal Parrot”. Brutus ne révolutionne pas le genre mais participe intelligemment, à l’instar de Kadavar, à son renouveau et fait preuve d’une véritable originalité quand il prend le temps de développer ses idées.
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