Colour Haze – To The Highest Gods We Know


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Précurseur allemand d’un certain style de psychédélisme, dont les lourdeurs métalliques et les relents krautrock en ont fait un candidat crédible à la cause stoner, Colour Haze tisse album après album une discographie mêlant fils de soie et laine de cachemire. Seulement, à force de tricoter, le travail d’orfèvre de l’artisan bavarois a fini par accoucher d’une discographie décousue.
Il y a en effet deux façons de voir la carrière de Colour Haze : la première consiste à relever l’audace, applaudir l’intelligence des influences et célébrer la longévité de carrière tandis que la seconde constate que le groupe a essaimé d’onirisme délicat ses opus « All » et « Periscope », touché au sublime avec « Tempel », et s’est pas mal payé notre gueule depuis. L’ambitieux « She Said » en 2012 avait été salué comme un retour en grâce des maîtres de la ritournelle psyché, balayant par là même cette irrépressible impression d’ennui, métaphore sonore d’un dimanche après-midi pluvieux chez mamie Huguette.
A l’heure de la publication de leur 12ème opus, « To The Highest Gods We Know », il y a de nouveau deux façons d’apprécier l’offrande : la première consiste à rendre grâce au subtil mélange de touches orientalisantes dans une musique définitivement européenne, de s’extasier sur le caractère audacieux du morceau titre, des notes de guitares disséminées avec classe, pendant soyeux des incantations délicates de Stefan Koglek. A cet instant, il apparaîtra nécessaire de se plonger dans le vocable du religieux pour exprimer l’admiration suscitée par les munichois. L’autre façon de voir les choses consiste à dénoncer le peu d’intérêt de l’album, de rire des guitares hispanisantes et des relents babas cools de l’opus, rappelant que ces obsessions de hippies existent depuis les Beatles ou même Django Reinhardt avec, soyons sérieux, incomparablement plus de panache. Colour Haze se la joue même terriblement prétentieux sur le morceau éponyme, pièce de 12 minutes dépouillées, trahie par le révélateur de l’acoustique. « Call » en revanche est plutôt un bon morceau, mais il ne pèse pas lourd face au reste, compilation de feulements de Koglek et de bricolages psyché se donnant des allures d’exploration des genres.
 
Loin de la maîtrise implacable dont le groupe a su fait preuve en matière de ritournelles mélodiques et d’explosions de saturations colorées, Colour Haze préfère poursuivre son rôle d’aventurier de l’émotion perdue. Certains crieront au génie, d’autres à l’arnaque. La vérité se situe sûrement entre les deux. Il appartient à ceux que ça intéresse de placer le curseur.
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