En tout juste plus de dix ans d’existence Conan a su s’imposer comme l’une des formations les plus prolifiques de la scène doom/sludge mondiale grâce à des albums de grande qualité et d’incessantes tournées. Défendant au fil de ses productions un univers artistique unique qui mêle imagerie guerrière, morceaux aux tempi lents, chant hurlé et son extrêmement massif, le groupe originaire de Liverpool, ajoute aujourd’hui à sa discographie un quatrième album studio, Existential Void Guardian, qui paraît chez Napalm Records.
Le point fort de la musique des Anglais n’a jamais résidé dans sa complexité mais dans la cohérence et le jusqu’au boutisme absolus de chacun de ses aspects. C’est dans cette optique que s’ouvrent les hostilités avec “Prosper On The Path” qui a tout de l’archétype du morceau de Conan: le son est tellurique, les riffs sont monolithiques et, renforcés par l’arrivée du chant de Davies, instaurent immédiatement l’ambiance guerrière caractéristique de la musique des Liverpuldiens.
Habitués des épopées flirtant avec la dizaine de minutes, les Anglais ne nous proposent, sur Existential Void Guardian aucune piste n’excédant les 7 minutes (mention spéciale au grindesque tourbillon de blast “Paincantation” et ses 55 secondes!). De même, si le groupe a construit sa notoriété sur la base de morceaux down-tempo, on note sur cet album, à l’image de ce qu’il est possible d’observer sur Revengeance (“Throne of Fire”, “Revengeance”), la présence de plusieurs pistes aux tempi plus rapides (“Eye To Eye To Eye”, “Paincantation”, “Volt Thrower”). Cela a pour effet, par le biais du positionnement clairsemé desdits morceaux, de faire alterner les rythmiques entre les morceaux de l’album ce qui rend l’écoute globale plus riche et variée.
Moins attendus sur ce terrain là, Jon Davies et sa bande nous servent sur cet album plusieurs pistes aux refrains plus accrocheurs que de coutume avec le puissant “Eye To Eye To Eye”, le coup de poing “Void Guardian” et le très épais “Amidst The Infinite”, pierre angulaire de l’album, mené par un chant à deux voix des plus saillants et qui se termine sur un riff doomissime qui laisse présager la lourdeur des derniers titres de la galette.
Enfin, “Vexxagon” et “Eternal Silent Legend” officient dans un registre proche de celui auquel le groupe nous avait habitué sur l’ensemble de sa discographie (et notamment sur ses premiers albums). Les tempi y sont très lents et les morceaux semblent avoir été placés en fin d’album pour asséner un coup de grâce à l’auditeur. Cependant, ces compositions durent moins de 7 minutes, signe que les Anglais choisissent de privilégier, comme sur l’ensemble du disque, l’efficacité et prennent moins leur temps pour développer leurs titres avec un certain empressement.
Vous l’avez compris, sur Existential Void Guardian, Conan développe sa formule en faisant cohabiter les évolutions artistiques entrevues sur Revengeance et les nombreux points forts de ses albums précédents. Le groupe maîtrise sa formule mieux que jamais et a le bon sens de faire varier ses créations davantage qu’à l’accoutumée pour parvenir à reléguer au second plan l’aspect redondant de sa musique. Sans dénaturer aucunement leur projet artistique, Jon Davis et sa bande ajoutent ainsi du relief à leur propos, enrichissant par la même occasion les (ré)écoutes, captant mieux que jamais l’attention de l’auditeur et nous proposent ce qui pourrait être leur tout meilleur album tout en s’affirmant définitivement comme l’un des poids lourds de la scène.
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