Crowbar est de ces nombreux groupes qui ont, depuis une dizaine d’années vécu dans l’ombre du géant Down, partageant le temps – et l’inspiration – de son guitariste Kirk Windstein (puis de Patrick Bruders, nouveau bassiste du supergroupe de NOLA). Déjà responsable de sept opus studio notables entre 1991 et 2001 et dépositaire d’un sludge/harcore où la pesanteur des riffs est élevé au rang d’art, le combo s’est même permit d’atteindre le sublime le temps d’Odd Fellows Rest en 1998.
Mais à l’instar de la carrière de Corrosion of Conformity ou EyeHateGod, celle des petits princes du riffing US a pâti dans les années 2000 du retour de l’ogre Down au premier plan. Qui se souvient vraiment de Lifesblood For The Downtrodden, publié en 2005 pourtant seul témoin discographique du combo lors de cette longue décennie de disette ? Pas grand monde. Heureusement aujourd’hui Windstein a prit conscience qu’il avait tout à gagner à faire vivre – et tourner – un maximum ce projet qui lui doit tout. Sever The Wicked Hand, paru en 2011 lui a remit en bouche le goût de sa parfaite mixture de hardcore et de sludge. Exit Down pour le natif de Middlesex (oui Middlesex) tandis que Patrick Bruders (vu aussi dans Goatwhore et EyeHateGod) a, lui, prit la décision inverse et s’est vu remplacé par Jeff Golden. Crowbar fête en 2014 ses 25 ans avec la publication de Symmetry In Black, élégamment habillé de noir – anniversaire oblige. Lorsqu’il s’agit de parler d’un nouvel album de Crowbar, cela revient à mon sens à l’étalonner vis à vis d’Odd Fellows Rest, unité de mesure absolue parue au milieu du suffocant été 1998. Insurpassable tant ses qualités de mélancolie mélodique et de puissance dans la lenteur, le chef d’œuvre du combo était un tournant du son Crowbar, une parfaite synthèse de ce qui fait de ce groupe un composant unique de la scène heavy US. Et Sever The Wicked Hand par bien des aspects m’a procuré à sa sortie des frissons équivalents à ceux ressenti à la découverte du masterpiece susmentionné. Faisant suite à ces glorieux antécédents, Symmetry In Black se révèle un poil moins fédérateur, moins passionnant. Pourtant le duo de composition Windstein/Brunson n’a rien perdu de son efficacité et apprendre qu’une bonne moitié des paroles ont été écrit par le vieux briscard barbu en collaboration avec sa femme et plutôt touchant. Reste que les quelques grosses raisons de s’enthousiasmer (« Walk With Knowledge Wisely », « Symmetry In White », « Reflection Of Deceit » ou la respiration « Amaranthine ») ne suffisent pas à élever cet album pourtant fort agréable au panthéon de ce que les artificiers de la Nouvelle Orleans ont produit de mieux lors des 25 années qui ont composé leur brillante carrière. Mais l’album semble par bien des aspects faire la synthèse de tout ce qu’à représenté Crowbar durant sa frustrante carrière, revenant sur le versant hardcore de ses débuts avec « Symbolic Suicide », que Windstein dédicace à Peter Steele, eu égard de l’influence que le bonhomme a eu sur la scène heavy mondiale (il expliquera en interview que la découverte d’une cassette des premières démos de Carnivore, groupe pré-Type O Negative de Steele aura été pour beaucoup dans les choix d’orientation musicales pris par Windstein et Bower à la toute fin des années 80). Quelques autres morceaux plus dispensables (« Ageless Decay », « Teach The Blind To See ») font également le pont entre les périodes et semblent donner un sens de synthèse à cet opus anniversaire pas forcement appelé à faire date dans l’histoire du groupe. La fin poussive de l’opus confirme alors cette sensation d’honnête travail manquant d’un supplément d’âme.
S’il ne faut alors juger Symmetry In Black que par la joie que son écoute procure, il est indéniable que nous sommes en présence ici d’un brûlot tout a fait valable même si, et c’est là un très joli défaut, chaque note de cet opus me donne envie de me replonger dans ce voyage magnifique qu’est l’écoute d’Odd Fellows Rest. La malédiction des groupes qui ont un jouer eu l’honneur de toucher au sublime.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire