Abandonnons un instant la fuzz déchaînée et les mélodies saturées pour tendre l’oreille à Daxma. Ce groupe originaire d’Oakland en Californie vient de sortir un EP chez Blues Funeral Recordings * qui mérite une écoute attentive. Après un premier album intitulé The Head Wich Becomes the Skull édité en 2016 et constitué de six morceaux, le quintet américain revient cette fois avec Ruins upon Ruins. Une production minimaliste de seulement deux pistes, comme s’il fallait encore prouver que ce n’est pas le nombre qui compte.
La première se nomme « Minima Moralia », morceau de presque quinze minutes qui nous invite à l’exploration intellectuelle, au questionnement. Drapée d’un doom aux angles arrondis, cette hypnotique mélodie nous plonge au travers des multiples couches dont dispose la musique. D’abord lente et incantatoire sans verser dans l’occulte, elle se fait peu à peu douce et enjôleuse, aussi délicate que le violon qui lui donne vie. Ici pas besoin de pousser la voix pour Jessica ni pour les deux autres chanteurs du groupe. Les notes vaporeuses de guitare mêlées à l’intensité mélancolique du violon donnent toute sa richesse et son caractère immersif à « Minima Moralia ». Ce « chant » se voit porté par les vagues capricieuses d’une section rythmique qui, en la personne de Kelly, Thomas et Forrest, effectue un travail remarquable, quoiqu’un tantinet trop discret.
Cette fausse timidité apporte à Daxma une nonchalance qui habille leur musique d’un far morne, cafardeux. Ce qui se ressent dès les premières notes de « Landslide », reprise morose du célèbre classique de Fleetwood Mac, avoisinant pour sa part les onze minutes. Ce dernier illustre tout le bien qu’une influence post metal / doom peut avoir sur un tel morceau. Pour l’occasion, Jessica troque le violon pour le micro, et d’une voix distante, presque neurasthénique, récite les paroles comme un pessimiste appel à l’aide.
Pour ce quintet amateur de longs morceaux (rappelons que leur première sortie : The Nowhere of Sangri-la pèse quand même 32 minutes), l’objectif n’est pas plus d’empêtrer dans la langueur, que d’inviter à ressentir les émotions évoquées. Toujours avec douceur.
Un crédo pour Daxma qui, du début à la fin, semble inviter qui le voudra à l’insurrection sociale. Une révolution par la délicatesse, dont les mélodies ne peuvent blesser que les âmes déjà sourdes.
* Note : cet EP fait partie de la série de disques sous souscription Postwax.
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