Quand, en 2016, on avait découvert Dead Feathers par le biais d’un EP 4 titres (paru chez Hevisike records), on s’est dit qu’on tenait la formation capable de reprendre le flambeau de Blues Pills, qui venait de dangereusement changer de braquet avec l’album Lady in gold en délaissant le blues rock hippie pour quelque chose de plus… déroutant. Sauf que l’euphorie n’aura duré que le temps de cet EP car, depuis, silence radio (en tout cas sur galette car le groupe n’a cessé de tourner, en particulier avec Monster Magnet, Radio Moscow ou Kikagaku Moyo). Un silence rompu la semaine dernière avec la sortie de l’album All is lost, paru cette fois-ci par Ripple Music qui vient tout juste d’enrôler le quintette originaire de Chicago.
Et dès les premières mesures d’At the edge, le titre d’ouverture, on est comme happé dans une bulle sensorielle, entouré d’une brume vaporeuse épaisse et douce à la fois, sans doute grâce au chant habité de Marissa Allen. La batterie se fait discrète et la guitare tisse des arpèges d’une grande beauté avant que tout ne s’accélère et que le quintette ne se mette en action et révèle toute l’étendue de son talent. A la fois psychédélique, désertique et spatiale, la musique proposée vous envoûte, vous transporte et vous téléporte directement au beau milieu du quartier Haight-Ashbury, épicentre du summer in love. Vous croisez le regard de Grace Slick et de la grande Janis, qui doivent se dire que la relève est assurée et de fort belle manière. With me est la continuité directe d’At the edge, avec incantations chamaniques, batterie tellurique et guitare planante. Puis Cordova achève de vous convaincre : oui, Dead Feathers est un grand groupe et oui, All is lost est une merveille de psychédélisme vaporeux.
Cela, c’était avant l’entrée de Horse and sands qui, s’il continue sur la lancée des 3 premiers titres, muscle le propos par le biais d’une gratte enfin évocatrice qui a trouvé le chemin des amplis. Les oreilles et les poils se dressent, le pied bouge en cadence et la tête ondule d’avant en arrière. Voilà, on y est, voici LE single de l’album, tout du moins celui qui, à l’écoute de ce simple titre, invitera les plus réfractaires au genre à se pencher sur le cas de Dead Feathers. Le titre éponyme qui suit est lui aussi une pépite du genre, un sensationnel mid-tempo magnifié par l’angélique organe de Marissa qui, décidément, est en grande forme. Darling sight calme quelque peu le jeu avant un extraordinaire Smoking gun offrant sept minutes d’orgasme auditif enfumé et hautement addictif.
All is lost termine notre voyage avec Night child (un titre absent du vinyle… bah oui, plutôt que de proposer un double LP, on a préféré enlever 2 titres…) qui, avec Not ours to own (une sacrée tuerie par ailleurs…), conclue admirablement cet album. Et nos oreilles, encore toutes tremblantes et frissonnantes de plaisir, peuvent retourner à la grisaille de cette déprimante période de fin de vacances. Bref, vous l’aurez compris, All is lost est LE disque de cette rentrée 2019 et sans aucun doute (en tout cas pour ma part c’est une évidence) l’une des meilleures galettes de cette année. Allez, j’y retourne !
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