Les Demonic Death Judge nous viennent de Finlande, un pays scandinave qui, en qualité de pourvoyeur de combos stoner de qualité, vit dans l’ombrage écrasant de la Suède. Un constat sans discussion possible, même, qui ne s’explique pas sur des critères démographiques, géographiques… Toujours est-il que dans ce biotope apparemment peu propice à l’émergence de groupes de qualité, des combos tenaces, par un truchement tout darwinien, à force d’abnégation, parviennent à faire connaître leur musique… et à exploser deux ou trois mâchoires au passage !
Musicalement, DDJ est un peu le mélange de ce qui se fait de mieux en Suède et en Norvège… Dit autrement, on pourrait penser à l’enfant (forcément) illégitime qu’auraient engendré Dozer et Kvelertak ! Oui, présenté comme ça, ça fait bizarre… Et pourtant : à la puissance et à la musicalité du quatuor suédois s’allie au sein de DDJ les vocalises beuglées gutturales emblématiques du combo Norvégien ! En première approche en effet, DDJ propose un socle instrumental très stoner (assez large dans son éventail d’ailleurs) mais, un peu comme Kvelertak, leur chanteur Jaakko Heinonen semble cracher ses boyaux au moindre couplet ! Ce chant plutôt emblématique du sludge (voire du gros metal extrême, osons le dire…) associé ici à des lignes musicales particulièrement accessibles ajoute tout le piquant et l’originalité de ce groupe. Attention toutefois : ceux qui ne peuvent pas supporter Kvelertak précisément pour leur chanteur auront du mal à supporter Demonic Death Judge. Mais pour les autres, les écoutes successives de Skygods devraient revêtir le plus grand intérêt.
Globalement on est quand même dans un segment musical assez nerveux, même si les titres les plus agressifs (voir le terrible “Skygods”, entre doom et sludge) peuvent côtoyer des titres musicalement plus accessibles (le très Kyussien “Salomontaari”, bel exemple de dichotomie assez perturbante entre la base instrumentale et les vocaux râpeux). D’autres titres ressortent du lot, comme “Knee High” très proche de la première paire d’albums de Down, “Nemesis”, un titre instrumental (avec de lointains échos vocaux quand même…) complètement planant et prenant, un exercice aussi bien assumé que maîtrisé, ou encore le torturé “Pilgrimage”, dont les dix minutes éprouvantes clôturent ce disque de fort belle manière.
Ce Skygods est un disque qui ne laissera en tous les cas personne indifférent. A ce titre déjà, il mérite d’y porter une oreille attentive et – dans un contexte où l’originalité n’est pas si courante – bienveillante. Au-delà de la simple curiosité ensuite, se découvrent au fil des écoutes des compositions complexes, bien exécutées, rêches à l’oreille mais accrocheuses, pour quiconque saura apprécier (ou accepter) l’association de ce chant atypique à ces lignes instrumentales fort bien gaulées. Quoi qu’il en soit, ce disque est le parfait parpaing à jeter à la gueule de ceux qui se plaignent bêtement sans arrêt qu’il n’y aurait rien de neuf et d’original à se mettre sous la dent dans le monde du stoner. On prédit à ce groupe, s’il parvient à sortir un peu de ses contrées, un potentiel en live qui fait déjà peur…
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