Dot Legacy – To The Others


TO THE OTHERS - COVER

Après sept ans de carrière, un premier album aussi lunaire qu’ébouriffant (sorti il y a un peu plus de deux ans) et des prestations scéniques sur-amphétaminées aux quatre coins du continent et ailleurs (en solo ou en premières parties prestigieuses), on est plutôt enthousiastes de retrouver notre quatuor OVNI parigot. Inquiets aussi : qu’est-ce qu’ils vont encore nous sortir ? Vont-ils rentrer dans le droit chemin et nous pondre un album plus accessible, plus « direct » que son prédécesseur halluciné et hallucinant ?

Et bien non… mais on les aime quand même ! On les aime avant tout parce qu’ils sont fidèles à eux-mêmes et intègres, mais aussi parce qu’ils ne prennent pas leurs auditeurs pour des lanternes. Ce que propose Dot Legacy est toujours aussi barré, mais jamais gratuit ni stérile. Leur musique en appelle à l’intelligence de l’auditeur, mais n’oublie jamais de flatter ses sens reptiliens ; l’intuitif et le primitif comme courroie de transmission d’un cortex cérébral poussé dans ses retranchements. Pour autant, attention, pas de méprise : ce n’est pas parce que les musicos sont intelligents et doués qu’ils pondent du jus de cervelle étriqué et imperméable. Les gars sont dans le plaisir, pas la prise de tête. Leur principal outil dans cette démarche de destructuration massive tient dans leur travail de composition. Et du coup, côté compos, il y en a pour tout le monde : certains titres sont redoutablement efficaces dès les premières écoutes, à l’image du furieux “211” (sorte de glaviot fuzzé aux sonorités Truckfighters survolté) qui annonce des moments de joie dans le pit, ou encore le très marquant “Story of Fame” qui traîne ses riffs tour à tour sablonneux et fuzzés en enrobage de plans mélodiques quasi pop. En revanche, il faudra quelques écoutes complémentaires pour commencer à s’imprégner des autres petites perles que sont les infectieux “Pioneer”, “Dakota” ou encore “Horizon”… et encore ! Pour tout dire, on a l’impression à chaque écoute de n’avoir jamais fait complètement le tour : des sons différents, des plans inédits, des propositions surprenantes apparaissent petit à petit, toujours bien vues, comme des petites évidences. Chœurs, effets sur la voix, piano (“Pioneer”), sons de gratte travaillés, licks de guitare atypiques, arpèges venus de nulle part (“5314”), vocaux presque rappés (tendance Beastie Boys sur “5314” ou “Horizon”) ou scandés (mode “tribal” sur “5314” encore), etc, etc, etc… Avec des titres oscillant en moyenne entre 4 et 5 minutes, le groupe ne tombe toutefois jamais dans le confortable piège des titres prog-péteux à rallonge. Bref, la juste dose de barré, sans verser dans la prise de tête. Notons aussi que chaque titre se distingue clairement de ses congénères, si bien que les huit morceaux de l’album couvrent un vaste spectre musical sans que jamais l’on ne puisse identifier la moindre répétition.

Complètement impossible à décrire dans un semblant de synthèse, To The Others développe tellement de sonorités, tant de genres musicaux, que la première approche peut en être perturbante. Pour autant, sa richesse se dévoile un peu plus à chaque écoute, et l’auditeur curieux se trouvera vite conquis par la passion et le talent de nos quatre déglingos. Mieux travaillé encore que leur premier album To The Others annonce aussi des prestations live de haute volée, le véritable terrain de jeu de Dot Legacy.

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